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CICÉRON, Des Lois: EXPLICATION DE TEXTE

Publié le 04/07/2015

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Expliquer le texte suivant :

Ce qu'il y a de plus insensé, c'est de croire que tout ce qui est réglé par les institutions ou les lois des peuples est juste. Quoi ! même les lois des tyrans ? Si les Trente' avaient voulu imposer aux Athéniens des lois, et si tous les Athéniens avaient aimé ces lois dictées par des tyrans, devrait-on les tenir pour justes ? [...] Le seul droit est celui qui sert de lien à la société, et une seule loi l'institue cette loi qui établit selon la droite raison des obli¬gations et des interdictions. Qu'elle soit écrite ou non, celui qui l'ignore est injuste. Mais si la justice est l'obéissance aux lois écrites et aux institutions des peuples et si, comme le disent ceux qui le soutiennent, l'utilité est la mesure de toutes choses, il méprisera et enfreindra les lois, celui qui croira y voir son avantage. Ainsi plus de justice, s'il n'y a pas une nature pour la fonder ; si c'est sur l'utilité qu'on la fonde, une autre utilité la renverse. Si donc le droit ne repose pas sur la nature, toutes les vertus disparaissent.

CICÉRON, Des Lois

Cicéron affirme dans ce texte une lecture critique du positivisme jun-, lique, qui se manque pas de vigueur. En montrant les limites des lois insti-sutionnelles, il invite 'a. une réflexion sur la légitimité elle-même, qui peut 'aistifier des phénomènes comme la désobéissance civile. Sans doute cette expression ne se trouve-t-elle pas dans son texte, mais on peut supposer que J'exemple d'Antigone est présent dans son esprit, et que le conflit qu'il illustre a toujours valeur de modèle lorsqu'on entend opposer les lois de la société à celles qui sont antérieures à toute organisation sociale et se réfèrent aussi bien à une justice qu'à une humanité plus essentielles.

La notion de légitimité renvoie aux idées d'équité, de bien-fondé perma­nent, de justice réelle et non arbitraire, toutes valeurs que l'on estime généra­lement supérieures à celles des lois seulement positives. Le strict légalisme est dangereux, comme le suggère le début du texte : c'est lui qui, par exemple, autorise les pires conduites sous prétexte que toute loi doit être scrupuleuse­ment respectée (ainsi, le pouvoir totalitaire peut exiger n'importe quoi de ses sujets légalistes, puisqu'ils ont pour eux la pseudo-bonne conscience de: celui qui respecte la loi). Au contraire, celui qui s'interroge sur la légitimité d'un système confronte les valeurs de celui-ci à des valeurs qu'il tient pour supé­rieures, et juge les premières au nom des secondes ; il n'obéira pas passive­ment, et choisira éventuellement de défendre la justice plutôt que de respecter les lois, puisqu'il jugera celles-ci injustes.

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