Comme, dans un État libre, tout homme qui est censé avoir une âme libre doit être gouverné par lui-même
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Montesquieu
« Textes commentés 47 Dans ce passage consacré au pouvoir législatif, Montesquieu pose le problème de la représentation qui, au xvme siècle, occupe une place fort importante dans le droit et la philosophie politiques. L'idée de représentation n'est pas, pour lui, concomitante, comme elle le sera chez les révolutionnaires français, de la reconnaissance de la souveraineté nationale. Mais elle repose sur deux idées fortes, l'une de nature psychologique, l'autre, de nature juridico politique. La psychologie politique guide d'abord l'analyse. Montesquieu a dit que « C'est une loi fondamentale de la démocratie que le peuple seul fasse des lois» (E.L., Il, 2). En cela s'exprime la« vertu» naturelle à ce régime. Mais outre les difficultés engendrées dans les États modernes par l'expansion territoriale et le développement démographique, la faiblesse psychologique du peuple (qui demeure souvent « le bas-peuple ») révèle de facto la nécessité de recourir à la médiation de représentants. En effet, le peuple a trop d'action ou trop peu ; il est incapable de prendre des résolutions actives ; il ne sait pas discuter des affaires publiques. En revanche, « il est admirable pour choisir ceux à qui il doit confier quelque partie de son autorité ». Par conséquent, les lois de suffrage sont fondées en nature. Passant du constat à la règle normative, Montesquieu déclare : « Le peuple qui a la souveraine puissance doit faire par lui-même tout ce qu'il peut bien faire ; et ce qu'il ne peut pas bien faire, il faut 1 qu'il le fasse par ses ministres ». Inscrit dans l'ordre des choses, le pouvoir de ·1 suffrage « est très à la portée » du peuple et celui-ci « ne doit entrer dans le gouvernement que pour choisir ses représentants». 1 Par conséquent, du point de vue juridique, la représentation est la procédure qui, grâce au peuple lui-même, endiguera la menace despotique. La Constitution anglaise enseigne que le Parlement, en tant qu'organe 1 représentatif voulant pour la nation entière, fait obstacle aux abus de pouvoir du Roi sans être asservi à la volonté populaire. Montesquieu condamne alors le « mandat impératif » dont le tort est double : il se calque sur la représentation de droit privé, occultant ainsi la spécificité de la vie publique ; et, en comportant pour chaque affaire des instructions particulières, il rend les débats parlementaires interminables. Enfin, pour des raisons de psychologie électorale, il est plus expédient et plus efficace que la représentation soit locale. »
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- Comme, dans un État libre, tout homme qui est censé avoir une âme libre doit être gouverné par lui-même, il faudrait que le peuple en corps (1) eût la puissance législative.
- Descartes, Les passions de l'âme, Pléiade, Gallimard, page 768. "Ainsi je crois que la vraie générosité, qui fait qu'un homme s'estime au plus haut point qu'il se peut légitimement estimer consiste seulement partie en ce qu'il connaît qu'il n'y a rien qui véritablement lui appartienne que cette libre disposition de ses volontés, ni pourquoi il doive être loué ou blâmé sinon pour se qu'il en use bien ou mal, et partie en ce qu'il sent en soi même une ferme et constante résolution d'en bien user c'est à dire de ne manquer jamais de volonté pour entreprendre et exécuter toutes les choses qu'il jugera être les meilleures; ce qui est suivre parfaitement la vertu.". Commentez cette citation.
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