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Comment comprenez-vous cette pensée de Merleau-Ponty : « Le philosophe a inséparablement le goût de l’évidence et le sens de l’ambiguïté. »

Publié le 03/01/2020

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de l’étincelle, et ensuite croît d’elle-même » (Lettre VII, 341 d). Mais que le philosophe doive aussi posséder inséparablement, pour être vraiment philosophe, le sens de l’ambiguïté, voilà qui certes a de quoi étonner. Nous devons donc nous étonner devant la phrase de Merleau-Ponty, c’est-à-dire, selon Platon (cf. Théétète, 155 d), commencer à philosopher. Si l’évidence et l’ambiguïté peuvent être pensées de façon inséparable, c’est qu’il ne s’agit pas de n’importe quelle évidence ou de n’importe quelle ambiguïté. Nous devons ainsi nous efforcer de préciser «les sens de ces deux notions.

Si la notion d’évidence est déjà présente chez Platon par exemple, ce n’est qu’avec Descartes qu’elle définit à proprement parler la vérité. Nous nous demanderons donc si l’évidence dont parle Merleau-Ponty est la même que l’évidence cartésienne. Pour Descartes, qui s’oppose à la scolastique, la vérité est dans son fond évidence. Alors que les philosophes de l’École se perdaient dans un discours inconsistant qui provenait d’un respect mécanique des formes et des règles d’une logique aristotélicienne totalement sclérosée, Descartes recommande le recours à l’évidence. Tel est bien le premier des quatre préceptes de la méthode de Descartes puisqu’il s’agit « de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment être telle » (Discours de la Méthode, deuxième partie). Dans cette perspective les mathématiques fournissent un exemple privilégié d’évidence. C’est d’ailleurs « à cause de la certitude et de l’évidence de leurs raisons » que Descartes se plaisait aux mathématiques. Est-ce à dire que l’évidence cartésienne n’est autre que l’évidence mathématique ? Non, car pour Descartes l’évidence mathématique a encore besoin, d’une certaine façon, de l’imagination. L’évidence métaphysique dont l’exemple est le cogito est supérieure à l’évidence mathématique. Avec le cogito qui nous est révélé par la conscience de l’impossibilité du doute, Descartes met au jour le type même de l’évidence dont on ne peut pas douter, autrement dit, de l’évidence apo-dictique. Cette évidence est chez lui en connexion étroite avec la simplicité : plus une idée est simple, plus elle est évidente. Est évidente pour Descartes une idée claire et

tique de l’intuitionnisme consiste dans le refus d’utiliser le principe du tiers exclu. Très précisément, l’intuitionnisme considère que ce principe n’est pas universellement valide. Rappelons que ce principe, tiré de la logique classique, s’énonce comme suit : p v i p : il faut lire : p ou non-p. Nous pouvons constater qu’en obligeant les mathématiciens formalistes à faire preuve d’une plus grande rigueur critique, les intuitionnistes,' dont le chef de file est le néerlandais Jan Brouwer, firent faire de grands progrès aux théories formalistes et' à la. voie axiomatique. Nous voici semble-t-il bien loin de la phrase de Merleau-Ponty. Et pourtant ce long détour était nécessaire si l’on veut saisir le sens particulier que Merleau-Ponty donne au mot évidence. ', x

C’est plus à l’évidence husserlienne qu’à l’évidence cartésienne que pense Merleau-Ponty quand il écrit que le philosophe a le « goût de l’évidence ». L’évidence au sens de Husserl n’est ni la simple évidence psychologique, ni l’évidence métaphysique de Descartes. L’évidence psycho-' logique n’est que sentiment. « Ces prétendus sentiments d’évidence ...sont simplement des sentiments forgés à coup de théories » (Idées I, p. 71). Or ce qu’il faut faire, c’est au contraire s’en tenir aux phénomènes, et non sauter pour ainsi dire par-dessus. Quant à Dieu qui garantissait l’évidence métaphysique de Descartes, 

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« LA · CONNAISSANCE LECTURES CONSEILLÉES 79 'I .

'On iira bien sûr en premier lieu le texte gloge de la Philosophie.

Le volume de la collection cc idées >> (Gallimard) qui porte ce titre contient en outre des essais qui, se trouvent par ailleurs ·dans Signes.

Pour ce qui est de l'évidence chez Descartes, les élèves ont le choix entre les Règles pour la Direction de l' Esprit, le Discours de la Méthode, les Méditations ou les Principes de la Philosophie (surtout les parties 1 et 2).

Le texte de Leibniz intitulé: Nouveaux Essais sui: l'Entendement humain (1) {collection Garnier-Flammarion) contient de.précieuses ·remarques, en particulier au Livre IV.

Nous.

suggérons aux can­ didats et aux candidates l'exercice suivant : lire d'abord les deux premières parties des Principes · de la Philosophie de Descartes, puis les Remarques .sur la partie générale des Principes de Descartes (Animadversiones in partem gereralem Principiorum Cartesiano­ rum) de Leibniz.

On trouvera ce dernier texte dans les Opuscules philosophiques choisis chez Vrin.

En procédant ainsi,, on se rend , ·compte de ce qui sépare ileibniz de Descartes.

· La notio,:., d'évidence tient une place très importante dans la ·phénoménologie dii Husserl (cf.

par exemple les Recherches logi­ ·ques, Idées l, les Méditations.

cartésiennes ou Logique formelle, Logique transcendantale).

Ces livres ét.ant d'un accès très difficile, ·on pourra commencer par lire Husserl de Daniel Christoff chez :Seghers.

C'est un petit livre très bien fait.

· Lorsqu'il écrit que le propre du philosophe est d;avoir '. »

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