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Comment définir un esprit libre ?

Publié le 06/10/2011

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esprit

Lorsque Descartes conçoit la liberté de l’esprit comme s’acquérant dans la solitude, il semble oublier l’apport d’autrui à la construction de l’esprit critique. C’est toujours Kant qui, dans l’Anthropologie, expliquait que l’apport des parents pour la constitution de l’esprit critique du sujet est indispensable. Au-delà même, sans autrui, le développement des capacités intellectuelles de l’enfant est totalement impossible. Par exemple, si un enfant n’entend pas ses proches parler, il ne pourra pas apprendre à le faire. Or sans langage, il ne pourra pas développer sa pensée. Au-delà même, si autrui n’aide pas ce même sujet à développer son esprit critique en lui apprenant à remettre en cause certaines idées, il ne saura le faire seul. De ce fait, autrui est indispensable pour la liberté de l’esprit, et on ne peut décemment pas penser l’esprit comme totalement désengagé du monde et de la réalité.

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« donc légitimation.

On retrouve ici les arguments de Descartes.

Ensuite, il faut que cette pensée soit capable des'extraire, et de s'abstraire du réel, chose que pressentait Epictète.

Une pensée doit pouvoir prendre du recul sur laréalité, parfois même d'imaginer, de rêver, afin de revenir ensuite au réel.

Le troisième critère est la capacité de lapensée à varier ses idées et ses concepts.

Une pensée libre doit être capable de penser une multitude d'idées, carsi elle était cantonnée à une seule idée, elle ne serait pas libre, mais plutôt proche de l'obsession et du fanatisme.Ce critère se retrouve dans l'opinion publique, du fait des antécédents historiques de l'humanité.

Enfin, le derniercritère est la capacité de remise en cause.

La pensée doit être capable de se critiquer elle-même, afin de pointer cequi ne convient pas en elle-même.

C'est ce qu'énonce Hegel lorsqu'il traite du dédoublement de l'esprit.Subséquemment, un esprit libre serait un esprit sachant s'approprier les connaissances extérieures pour les fairesiennes, et donc ne pas accepter les opinons extérieures sans les reconsidérer attentivement, sachant égalementse dédoubler pour s'observer lui-même, et enfin un esprit obéissant à la loi morale qu'il s'est lui-même fixé.

Toutesces conditions restent néanmoins dans la pure théorie.

Elles n'incluent pas la dimension d'une existence plongéedans le monde, dans la matérialité, dans la réalité.

Cette réalité contraint l'homme à agir, et lui interdit doncl'optique d'une liberté purement théorique et déconnectée du réel.

Mais peut-on penser objectivement un esprit libretotalement désengagé du réel ? L'esprit est-il réellement dissociable de la matière ? La définition la plus pure de l'esprit, énoncée en introduction, ne devrait pas tolérer un tel questionnement.

En effet,l'esprit est le principe opposé à la matière, et la liberté de celui-ci n'a en apparence aucun rapport avec la réalitédans laquelle vit l'homme.

Des philosophes de tout temps ont pensé de cette manière.

Comme nous l'avons dit plushaut, Epictète dans son Manuel, établit une distinction claire entre les choses qui dépendent, ou ne dépendent pasde nous.

Ce faisant, il avait différencié le domaine de la pensée, qui était un domaine de liberté, et le domaine del'action, nécessairement lieu de contrainte.

On peut expliquer cela par le fait que l'action est soumise auxcontraintes extérieures, naturelles ou humaines.

De ce fait, nous ne somme pas libre de tous nos mouvement et detoutes nos actions.

Pour Epictète, l'esprit était le seul lieu de liberté que puisse revendiquer l'homme.

Cependant, ladéfinition de l'esprit libre élaborée auparavant ne comprenait pas seulement la vision du philosophe romain.On retrouve de la même manière chez Descartes une différenciation nette entre esprit et matière.

En effet, ne seretire-t-il pas de la société afin de pouvoir s'adonner à ses méditations sans perturbation extérieure ? Pour lui, laliberté de l'esprit s'acquiert dans la solitude.

Le monde extérieur, et autrui, ne sont que des éléments perturbateursqui nous empêchent de nous plonger en nous, et d'analyser nos connaissances en toute objectivité.

Que ce soitdans notre enfance, avec nos parents, ou plus tard, avec toutes les opinions que nous assène la vie quotidienne, laréalité sociale de l'homme l'empêche d'acquérir une réelle liberté de pensée.

Ses idées sont forcément conditionnéespar le monde extérieur, par son fonctionnement.

Ainsi, l'esprit est bien un domaine à part, qu'il faut éloigner de lamatérialité à laquelle il s'oppose.

En ce sens, Descartes se rapproche de la pensée d'Epictète.

On peut égalementretrouver cette même pensée chez des philosophes plus contemporains comme Hannah Arendt, avec cependantquelques modifications.Alors que chez Epictète et Descartes, l'esprit ne fait que s'opposer à la matière, Arendt va plus loin.

Pour elle,l'esprit et la pensée empêchent l'action.

Comme elle le dit dans son ouvrage Condition de l'homme moderne, « laprincipale caractéristique de la pensée et d'interrompre toute action ».

Ainsi, la pensée ne fait pas que s'opposer auréel, mais elle s'interpose et empêche l'évolution de l'homme dans le monde.

L'esprit pourrait alors être certes libre,mais en plus dominateur.

Ce ne serait pas le réel et le monde extérieur qui exercerait une influence sur l'esprit, maisbien l'esprit qui empêcherait l'homme d'être dans le réel.

Cependant, on retrouve plus loin dans le texte la phrase« Faire et vivre […] empêchent sans nul doute la pensée.

» De ce fait, la pensée ne maîtrise pas le réel au pointd'empêcher à l'homme d'agir et de penser en même temps, mais les deux sont impossibles en même temps.

L'hommene peut vivre et penser à la fois.

L'esprit ne serait donc pas libre, mais entravé temporellement par la nécessitéd'action.

Cependant, certains philosophes pensent au contraire que la liberté de l'esprit ne peut se traduireautrement que dans la pensée.Parmi eux se trouve l'existentialiste Jean-Paul Sartre, qui dans son ouvrage L'Existentialisme est un humanismeexpose sa vision de la liberté.

Pour lui, elle est pleine et entière dans l'action tout autant que dans l'esprit, si cen'est plus dans l'action.

En effet, la liberté n'est qu'action, elle n'est prouvée que par l'action.

La liberté dans lapensée n'est qu'une abstraction vaine.

Par la même, esprit et action se rejoignent, car on ne peut agir sansréfléchir, même un minimum.

De ce fait, on peut en déduire que, selon la vision de Sartre, la liberté de l'esprit n'esteffective que si l'action est libre.

Or pour lui, l'action est toujours libre car la liberté est dans le choix, et que l'on atoujours le choix.

L'homme est toujours responsable de ses choix, qu'il décide de choisir ou de ne pas choisir, il s'agittoujours d'un choix.

Même lorsqu'il s'ôte la liberté e choisir, c'est un choix, car il a choisit de ne plus pouvoir choisir.Ainsi, la liberté est toujours présente.

Or, si l'on ne peut dissocier l'esprit de l'action, cela veut dire que l'esprit esttoujours libre.

Mais cette liberté dans l'action peut également s'exercer dans d'autres domaines.C'est Kant, dans sa Critique de la faculté de juger, qui traite également de la liberté comme action, mais aussicomme réalisation.

On retrouve dans cet ouvrage la définition de l'art comme création.

Kant parle de l'artiste commed'un créateur, qui fait venir au monde des choses totalement nouvelles, des œuvres.

En créant une œuvre, l'artistese fait en quelque sorte l'égal de Dieu dans le sens ou il amène à la création.

Mais l'artiste est un humain, il a uneimagination limitée, qui ne peut concevoir que ce qu'elle a déjà vu.

De plus, il ne peut créer un nouveau matériau ouune couleur totalement différente.

Il ne peut que recombiner ce qui existe déjà.

Cependant, quand Kant définitl'artiste et son génie, il expose que l'artiste ne créé pas un objet totalement nouveau, mais bien des règles decréation.

En effet, l'artiste innove dans les règles qu'il met en place pour créer son œuvre d'art.

Ces règlesconsistent en fait aux contraintes qu'il s'impose lui-même afin de créer d'une manière ou d'une autre.

Or la libertés'exerce dans les limites que l'on se pose soi-même.

Obéir aux limites que l'on se fixe soi même, cela rejoint leprincipe d'autonomie de Kant, et c'est lorsque l'on n'obéit qu'à soi même que l'on est libre.

Ainsi, l'esprit de l'artistelui impose des limites qu'il respectera dans la production de son œuvre.

En obéissant à ces limites pendant lacréation, il sera complètement libre, et son œuvre sera un produit de cette liberté.

Mais l'œuvre ne se fait pas que. »

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