Comment perdre ses habitudes ?

« L IIABITLDE B.

Existe-t-il des conditions générales et des lois qui régissent la forma­ tion de ces diverses formes de l'habitude ? a) Nous remarquons d'abord ce fait d'expérience vulgaire résumé par le proverbe : fabricando fit {aber.

Ce n'est que peu à peu qu'on s'acclimate à certaines conditions atmos­ phériques.

~lithridate, dit-on, s'était immunisé en absorbant chaque jour une petite quantité de poison.

L'ivrogne et le fumeur n'ont contracté leur habitude invétérée qu'à la suite de plusieurs contacts avec la liqueur ou avec le narcotique.

Enfin, qui ne sait les longs et multiples exercices auxquels doivent avoir recours le nageur, le pianiste, aussi bien que lous ceux qui veulent entrai­ uer leur mémoire ou leur Yolonté dans un sens donné.

La première condition pour l'acquisition d'une habitude quelle qu'elle soit, c'est donc la répétition : prolongation ou retour fréquent de la sensa­ tion, qui s'émousse dans les accoutumances; -- renouvellement de l'ac le qui apporte le plaisir et crée peu à peu le besoin; - enfin et surtout exer­ cices nombreux, variés et gradués, nécessairés pour engendrer l'aptitude.

Car n 'impode quelle répétition ne suffit pas : le simple renouvellement ne peut par lui-même produire une acquisition : il semble même y avoir quelque contradiction entre les termes.

Tl fant donc une répétition méthodique et graduée et dont les actes sont convenablement espa·cés pour réaliser "l'intervalle optimum n : ainsi est.

assurée la maturation de l'habitude.

Et l'entraînement progressif de l'ac­ tivité vitale, en la fortifiant, lui permet : -c-- de supporter avec moins de peine des influences d'abord pénibles (ac­ ooutumance); - de ressentir moins de plaisir pour un acte semblable et d'en désirer un plus intense (besoin); - d'aborder plus facilement et aYCC plus de mécanisme ,sûr un acte plus ou moins difficile (aptitude).

Est-ce dès le premier acte que cette acquisition commence, comme le voulait Leibnitz? Peut-être, surtout pour l'accoutumance; mai~ il semble bien que pour créer 1 'aptitude une certaine prolongation et une certaine ~ntensité des actes soient indispensables pour imprimer la nouvelle direc­ tion à l 'activité.

b) Car, au filc!cnr externe de la répétition, il faut intimement unir un autre facteur, interne celui-là, et sans lequel tout autre est ~ans action : les dispositions intimes de l'être vivant, c'est-à-dire une certaine aptitude origincl!c de l'organisme physiolO'!!ique et psychique à s'orienter en tel st•n,:.

Cette aptitude positive ou au moins négative (absence de tenrlance oppo­ sée) explique comment certains individus contractent une habitude bien plus vite que d'autres ct presque au premier acte : l'organi~me est pré­ part'.

~t canalise les efforts de l'attention et de l'action : il y a là comme une sorte " rl'induct.ion psychique n.

dans laquelle l'intérêt joue aussi son rôle.

D'autres individus, au contraire, sont incapables de s'acclimater, cl'ap· prenrlre à jouer de tel ou tel instrument.

Répétition graduée ct aptitude vitale, tels semblent donc être les fac­ teurs essentiels de l'acquisition d'une habitude.. »