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Comment S'Explique Selon Vous L'Intérêt De La Lecture De Pascal Pour L'Homme D'Aujourd'Hui?

Publié le 28/01/2013

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la gloire et et la renommée, pour être valorisé socialement. Ceci, aux yeux de Pascal n'est que vanité:

«Métiers. / La douceur de la gloire et si grande qu'à quelque objet qu'on l'attache, même à la mort, on

l'aime« (fragment 34). La valorisation sociale est aujourd'hui très importante, et il semble que l'avenir des

enfants soit tout tracé: école primaire, collège, lycée, obtention de baccalauréat, études supérieures...

Tout est mis en oeuvre pour distraire, pour détourner les hommes de leur condition misérable. Panem et

circenses, voilà tout ce dont l'homme à besoin pour ne pas sentir son coeur «creux et plein d'ordures«.

Cela, Pascal l'avait bien saisi: «Divertissement. / On charge les hommes, dès l'enfance, du soin de leur

honneur, de leur bien, de leurs amis, et encore du bien et de l'honneur de leurs amis. On les accable

d'affaires, de l'apprentissage des langues et d'exercices, et on leur fait entendre qu'ils ne sauraient être

heureux sans que leur santé, leur honneur, leur fortune et celle de leurs amis soient en bon état, et qu'une

seule chose qui manque les rendrait malheureux. Ainsi on leur donne des charges et des affaires qui les

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« Inconstance, ennui, inquiétude», ou le 73: «Description de l'homme.

Dépendance, désir d'indépendance, besoins.» Le lecteur est rendu perplexe par la lecture de tels fragments et il est incité à méditer sur ces pensées.

Cependant, la réflexion, qui demande du temps, est rare dans notre société actuelle, où tout doit aller toujours plus vite pour créer un maximum de profit.

C'est ce qui rend la lecture des Pensées particulièrement intéressante: puisque nous sommes forcés à prendre du temps et à réfléchir, nous obtenons une perspective différente de la société.

Il s'opère alors une distanciation qui rend possible l'analyse.

L'analyse permet ensuite d'identifier les problèmes et parfois de les résoudre.

De là naitront des mouvement comme mai 68, où les slogans «on fait un pas de côté, on réfléchit» peuvent parfois rappeler certains fragments des Pensées... Lucien Goldmann, philosophe qui consacrât une partie de ses études à Blaise Pascal, déclare dans Le Dieu caché, qu'«il n'y a pour une oeuvre tragique, qu'une seule forme d'ordre valable, celui du fragment». Les fragments seraient donc indispensables pour ressentir profondément le tragique de l'oeuvre pascalienne.

En effet, les fragments reflètent la condition tragique de l'homme qui est d'errer perpétuellement à la recherche d'un bonheur, d'un juste milieu, de ce dont il a été démuni, puisque l'homme est un «roi dépossédé» (fragment 108).

Ces bribes de phrases flottantes sur le papier jauni par les âges, reflète le vagabondage incessant de l'homme dans l'univers.

Cette destinée tragique est encore accentuée par l'écriture paradoxale qu'adopte Pascal.

Nommons par exemple le fragment 121: «S'il se vante, je l'abaisse ; / s'il s'abaisse, je le vante / et le contredis toujours / jusqu'à ce qu'il comprenne / qu'il est un monstre incompréhensible.» Voilà en fait un des buts de Pascal: prouver à l'homme son incompréhensibilité.

Ainsi cette lecture qui au premier abord peut sembler ésotérique, désordonnée et confuse, devient source de méditation: elle incite à la réflexion sur notre société, et elle nous fait prendre conscience du tragique de notre condition. Bien que l'évocation de Dieu ait aujourd'hui perdu de sa puissance, la lecture du brouillon de l'Apologie de la religion chrétienne et d'autres oeuvres de Blaise Pascal a des intérêts thématiques très importants. L''écrivain brosse une «peinture de l'homme», représentant à la fois sa misère et sa grandeur.

La vision de la condition humaine qu'il propose est très pertinente, tout particulièrement aujourd'hui.

Après la seconde guerre mondiale et la découverte des camps de concentration, l'homme prend de plus en plus conscience des atrocités qu'il est capable de commettre à une telle échelle.

Après les premières bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki, l'angoisse nucléaire plane dans le monde, et comme le dit si bien Albert Camus, «la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie».

A présent, que nous sommes en train de prendre conscience du désastre écologique qui détruit notre planète, et en pleine crise économique, nous admettons mieux la précarité de notre condition, qui est celle d'une créature hybride, d'un «monstre incompréhensible».

En fait, il semble que Pascal ait eu une clairvoyance étonnante, vis à vis de la condition de l'homme, qu'il soit d'aujourd'hui ou du XVIIème siècle.

Dans les Pensées il parle déjà des problèmes en relation avec la propriété, thème que reprendront plus tard Rousseau et Proudhon: «Mien, Tien.

/ «Ce chien est à moi» disaient ces pauvres enfants.

«C'est là ma place au soleil.» Voilà le commencement et l'image de l'usurpation de toute la terre» (fragment 60). On pense alors à des mouvements actuels, tels que le mouvement anarchiste, qui se bat notamment contre la propriété.

Pascal évoque également les frontières, la division des hommes qui se regroupent dans des communautés, comme sources de conflits, de tueries, de guerres: «Pourquoi me tuez vous? - Et quoi! Ne demeurez vous pas de l'autre côté de l'eau? Mon ami, si vous demeuriez de ce côté je serais un assassin, et cela serait injuste de vous tuer de la sorte.

Mais puisque vous demeurez de l'autre côté je. »

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