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Commentaire de texte Condorcet : Sciences humaines et sciences physiques

Publié le 23/12/2012

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condorcet

 

Ces sciences, presque créées de nos jours, dont l’objet est l’homme même, dont le but direct est le bonheur de l’homme, n’auront pas une marche moins sûre que celle des sciences physiques ; et cette idée si douce, que nos neveux nous surpasseront en sagesse comme en lumières, n’est plus une illusion.

     En méditant sur la nature des sciences morales, on ne peut en effet s’empêcher de voir qu’appuyées comme les sciences physiques sur l’observation des faits, elles doivent suivre la même méthode, acquérir une langue également exacte et précise, atteindre au même degré de certitude. Tout serait égal entre elles pour un être qui, étranger à notre espèce, étudierait la société humaine, comme nous étudions celle des castors ou des abeilles. Mais ici, l’observateur fait partie lui-même de la société qu’il observe, et la vérité ne peut avoir que des juges, ou prévenus, ou séduits.

     La marche des sciences morales sera donc plus lente que celle des sciences physiques, et nous ne devons pas être étonnés si les principes sur lesquels elles sont établies ont besoin de forcer, pour ainsi dire, les esprits à les recevoir.

 

 

I)                 Explication

 

Les sciences dites « humaines « ont-elles un avenir aussi sûr que celui des sciences de la matière ? Selon Nicolas de Condorcet, toutes deux sont très similaires et connaîtront un développement tout aussi certain et bénéfique.

Dans cet extrait de son discours de réception à l’Académie Française, Condorcet commence par donner une définition des sciences humaines (l1), puis expose sa thèse jusqu’à la ligne 4. Il argumente ensuite de la ligne 5à la ligne 8 en s’appuyant sur l’analogie avec les sciences physiques, pour enfin nuancer son propos en soulignant ce qui fait la singularité des sciences humaines.

 

Condorcet définit les sciences humaines comme des sciences ayant pour objet « l’homme même «, en cela qu’elles portent sur l’ensemble de ses actions, ses organisations, ses rapports. Leurs objets d’étude sont donc les divers aspects de la réalité humaine, tant au niveau de l’individu qu’au niveau collectif.

 

condorcet

« En outre, les éléments apportés par les sciences humaines amènent l’Homme à réfléchir sur sa propre conduite, et à évoluer.

En admettant que les sciences physiques servent à perfectionner la technique, n’est -il pas également naturel que les sciences humai nes exercent la même action sur les motifs qui dirigent nos sentiments et nos actions ? Ainsi, l’application de la rationalité dans la vie sociale pourrait nous amener à améliorer nos mœurs.

Tel était le projet de « physique sociale » : la sociologie d’Auguste Comte.

Il est, de plus, un autre aspect à considérer dans cette relation entre sciences humaines et bonheur.

Aristote disait : »il n’y a de science que du général ».

En effet, étudier l’Homme, c’est reconnaitre en chaque être humain une même nature humaine.

L’histoire nous attribue des racines communes , à l’instar de l’ ethnologie, qui par exemple en étudiant les communautés primitives soulignent des aspects culturels communs aux sociétés occidentales.

Ne pouvons -nous donc pas envisager ainsi que les s ciences humaines apaisent les relations entre les Hommes, dans la mesure où chacun a la possibilité de se reconnaître en autrui ? A une échelle plus large, les sciences humaines pourraient également avoir une influence bénéfique en politique, en aidant l’E tat à mieux gérer la population et à perfectionner les lois.

En effet l’idée d’une origine et d’une nature commune de l’Homme garantit la liberté et l’égalité de tous dans un Etat de droit.

Les sciences humaines apporteraient donc une amélioration à l’Homm e.

Elles sont sources de progrès, un progrès cher à Condorcet.

Il semble en effet croire en la perfectibilité infinie de l’Homme, comme il le montre par la phrase « nos neveux nous surpasseront » Il est vrai qu’il suffit de jeter un regard en arrière pour voir à quel point l’Homme a fait du chemin.

Le progrès est donc à son avis inéluctable, bénéfique (« l’idée si douce ») , et l’apport des sciences humaines est aussi important que celui des sciences physiques.

Si les évolutions de ces deux domain es sont se lon Condorcet comparables (l2), c’est parce qu’elles présentent de grandes similitudes.

Il ne ferait aucun doute que les sciences humaines peuvent prétendre à la même scientificité que les sciences dites »dures ».

Il est envisageable que cette scientificit é découle d’une authentique volonté scientifiqu e.

Le scientifique, dans ce domaine, doit ainsi prendre la science au sérieux en l’intégrant avec toutes ses règles de rigueur et d’exactitude dans une act ivité de recherche.

Ce raisonnement logique et la rati onalité constituent déjà, pour ainsi dire, une base de scientificité.

De plus, en considérant l’Homme comme un objet d’étude distinct, observable, mesurable, les sciences humaines peuvent se dire, comme l’affirme Condorcet, fondées sur « l’observation des faits » (ligne6) de la même manière que le physicien qui mesure des grandeurs physiques (température, longueur…).

La vérification des hypothèses théoriques par l’expérimentation, à la base de toute démarche scientifique, serait donc à la portée des science s humaines.

Certaines démarches expérimentales ressemblent fortement à celles des sciences de la matière : c’est le cas en psychologie.

On peut par exemple citer l’expérience d’Asch, qui montre qu’influencé, l’Homme peut donner des réponses particulièrement irrationnelles , ou la célèbre expérience de Milgram qui évalue le degré d’obéissance d’un individu devant une autorité qu’il juge légitime, notamment lorsque la soumission induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet.

Pour d’autres sciences humaines, les modalités d’expérience sont différentes.

Elles sont essentiellement basées sur des études quantitatives et sur l’analyse statistique qui offrent des moyens de suppléer efficacement à l’expérience traditionnelle et à garantir la sci entificité de l’approche.

De plus, comme la précédente évocation des statistiques le laisse entendre, la ligne de démarcation entre les sciences dites « dures » et celles dites « molles » est d’autant plus floues que les deux sont étroitement liées.

Les s ciences humaines s’appuient en effet sur les sciences dures.. »

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