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COMMENTAIRE DE TOCQUEVILLE: « L'idée des droits n'est autre chose que l'idée de la vertu introduite dans le monde politique.» (La démocratie en Amérique)

Publié le 11/05/2012

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tocqueville

Dans ce texte extrait de La Démocratie en Amérique, le philosophe Tocqueville s'interroge principalement sur la politique et la morale, plus particulièrement sur le statut du droit dans les sociétés humaines. Il mène sa thèse par une expression assez simple mais cependant très ambigüe et conceptuelle, tout en appuyant celle-ci par un exemple : celui de l'enfant qui apprend la notion de propriété. Il va donc, dans un premier temps, observer la façon dont le droit se base aisément par le même fonctionnement que celui de la notion de vertu sur l'individu, pour pouvoir construire une société qui n'est pas simplement immense « chaos «. Il étudie donc la transposition du phénomène qui permet à l'Homme de « s'élever au dessus de lui même « par la vertu, dans l'action des droits envers l'ensemble des Hommes dans la société. Puis, il analyse la façon dont l'Homme peut comprendre cette action positive et en déduit rapidement que c'est l'expérience qui lui montrera qu'il a en réalité tout intérêt de respecter les droits d'autrui. La vertu sera alors remplacée par l'intérêt, et lorsque l'intérêt prendra de l'avance, cela sera du rôle des droits de faire en sorte que cet intérêt soit le plus respectueusement possible celui de la volonté et la liberté de tous.

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« droits.

Les droits seraient donc à priori le r ésult at d'une transposition de la vertu mais à l' é chelle d'une soci été enti ère, par les lois qui nous poussent à agir de telle sorte que nous nous élevons au dessus de nous m ême, bien souvent à l'encontre de notre libert é particuliè re.

Bien sur, le droit repré senté par nos lois n'est pas toujours en ad équation avec les lois morales, mais Tocqueville parle bien ici de l'id ée du droit, et dans cette id ée, son fonctionnement ne devrait se baser sur rien d'autre que sur la vertu de moralit é.

Les lois ne seraient alo rs point entrave car l'Homme, en choisissant les lois qu'il voudrait s'imposer, comprendrait leurs finalit és morales.

Le philosophe se demande alors comment les droits r éussissent -ils à nous élever à ê tre de « grands hommes » . Lorsqu'il écrit « C'est avec l'id ée des droits que les hommes ont d éfini ce qu' étaient la licence et la tyrannie » , il soulè ve alors deux mod èles diff érents ; deux mod èles à é viter pour vivre moralement, qu ‘il nomme assez commun ément licence et tyrannie.

La licence, du latin licentia (permission) n ’est pas sans rappeler l' état de nature de l'Homme.

Pour se faire au mieux une vision de cet état, il faudrait - comme l'a fait Rousseau - imaginer un Homme d épourvu de toute sociabilit é.

Ainsi, dans l' é tat de nature, l'homme ne trouverait q u'une fin à sa vie : celle de r épondre à ses d ésirs sans qu'il n'y rencontre aucun obstacle à sa volont é individuelle.

Et pour cela, tout lui serait permis, sa libert é particuliè re serait à son sens complè te puisqu'il n'aurait ni chef, ni maitre, ni souver ain pour l'empêcher d'agir comme il l'entend.

Dans ce sens, si un homme a faim, rien ne l'emp êche de r écolter toutes les pommes d'un arbre ; cela peut d'ailleurs tout d'abord lui paraitre une id ée plaisante et attrayante.

Cependant, le probl ème r éside dans le fait que si cet arbre est le seul arbre sur lequel des pommes sont apparues et si un autre Homme a lui aussi faim, convoitant ainsi ces m êmes pommes, rien ne l'emp êche de les manger avant le premier.

Ainsi, un des deux Hommes perd forc ément sa libert é dans la libert é de l‘ autre, et le monde ne serait plus que conflit dans un é tat de guerre chaotique : la libert é individuelle du « moi » mettrait forc ément en p éril celle de « l'autre ».

Et cela peut être le cas m ême dans un Etat tel que nous le connaisson s aujourd'hui, du moment que l'Homme licencieux refuse toute loi.

Ici, le manque de respect du droit condamne l ’homme à l’ « arrogance » .

Si elle peut bien souvent y mener, cette licence est à ne pas confondre toutefois avec la tyrannie : le tyran soumet au trui à son propre pouvoir, à ses lois, que cela soit de gr ès ou de force.

Il suppose que, car la nature a fait des hommes forts et des hommes faibles, les forts sont pr édispos és à gouverner les faibles.

Telle est la loi de la nature, la loi naturelle que C alliclès, personnage et tyran du Gorgias de Platon, n ’h ésite pas à pr ôner afin de soumettre sa volont é illimit ée de plaisirs illimit és au d étriment de la simple volont é de ceux qu ’il gouverne.

On peut assimiler finalement les deux termes en cela que la ty rannie est la licence d ’un seul, tout comme la licence est la tyrannie de tous.

Dans ces deux syst èmes, qualifié s bien souvent d' « inhumains » et pressentis toujours comme des menace, le droit n'apparait pas comme élé vateur de soit, au contraire.

En effet, les droits apparaissent alors comme le moyen d ’être « ind épendant sans arrogance et soumis sans bassesse », en somme de ne subir ni les m éfaits accord és à la licence, ni ceux à la tyrannie.

Pour Tocqueville, la violence du tyran n ’est pas la solution, car il se « plie et s’ abaisse ».

En effet, le tyran, en tant qu'homme licencieux, s ’abaisse à la simple satisfaction de ses d ésirs, se plie devant sa simple condition d'homme naturel.

Il est contraint par une finalit é qui n'est pas la sienne, qu'il ne s'est mê me pas donné : il en est par consé quent l’esclave sans m ême en avoir conscience.

Il n'a absolument plus rien de sa sp écificit é d'Homme libre.

Et pourtant ! L ’homme qui accepte d ’être command é peut parfois retirer bien des avantages de sa soumission.

Bien s ûr, il devra se refuser à certains d ésirs et à leur satisfaction, bien sû r ce ne sera pas tâche « facile » et bien s ûr il se verra contraint, mais seulement pour un temps.

A terme, il se montrera bien plus libre, car en choisissant de ne pas se r éduire à sa simple animalit é o ù il ne pourrait pas choisir ses fins, en respectant les d ésirs des autres autant que les sien, il s'assure que plus tard, les autres en feront de m ême pour lui.

L'analyse de Tocqueville rappelle ici celle de Rousseau et de son cont rat social : en « reconnaissant en son semblable » le droit. »

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