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Commentaire du texte de Merleau-Ponty: le marxisme

Publié le 28/02/2012

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merleau

« Si le marxisme, après avoir pris le pouvoir en Russie et s'être fait accepter par le tiers du peuple français, semble incapable aujourd'hui d'expliquer dans son détail l'histoire que nous vivons, si les facteurs de l'histoire qu'il avait dégagés sont aujourd'hui mêlés dans le tissu des événements à des facteurs nationaux et psychologiques qu'il considérait comme secondaires, et recouverts par eux, n'est-ce pas la preuve que rien n'est essentiel en histoire, que tout compte également, qu'aucune mise en perspective n'a de privilège, et n'est-ce pas au scepticisme que nous sommes conduits ? La politique ne doit-elle pas renoncer à se fonder sur une philosophie de l'histoire, et, prenant le monde comme il est, quels que soient nos vœux, définir ses fins et ses moyens d'après ce que les historiens autorisent ? Mais on ne se passe pas de mise en perspective ; nous sommes, que nous le voulions ou non, condamnés aux vœux, aux jugements de valeurs, et même à la philosophie de l'histoire. «

 

 

 

Il est question ici du statut épistémologique de l'histoire. En d'autres termes, l'histoire relève-t-elle du jugement de réalité ou bien du jugement de valeur? En effet, le marxisme comme science de la Révolution, dans son mouvement efficace d'abord puis en expansion, reste impuissant à rendre compte, dans les présupposés qu'il s'est donnés, de l'histoire, qui a succédé à ces succès premiers. Aussi comprend-t-on la défiance à l'encontre de sa prétention scientifique? D'une part, il n'a pu éliminer des analyses non scientifiques ; d'autre part, cet échec a fini par remettre en question la méthodologie marxiste des relations de la politique et de l'histoire au profit d'une histoire positive des faits, jamais véritablement séparée d'une vision philosophique et métaphysique. Aussi convient-il de s'interroger sur le statut objectif ou subjectif de cette science humaine qu'est l'histoire.

merleau

« les peuples pour lesquels l'évidence scientifique s'est vérifiée d'où l'espérance de désaliénation que le marxisme a pusoulever.

En effet, le marxisme est une philosophie théorique et pratique, une science de la révolution, un socialismescientifique qui sur la base de la théorie du mode de production, du capital, a énoncé et annoncé pour le réaliserl'effondrement de rapports structurels de la société capitaliste à leur maillon le plus faible.L'auteur marque aussi sa réserve.

L'intelligibilité théorique de l'histoire a-t-elle pu se poursuivre comme l'exigent les critèresd'universalité, de déduction et de prédiction propres à la toute science? La lecture du marxisme reste encore une'Interprétation globale peut-être rétrospective sans prospective de l'histoire.

En tout cas, le principe de déterminismeexplicatif propre à la rationalité scientifique achoppe.

En outre, les analyses concrètes, économiques, les abstractions quesont l'étude différentielle de l'état de la division du travail, des formes de propriété et de la situation de développement desforces productives qui vont constituer les éléments de la méthodologie du matérialisme dialectique et historique n'ont paséliminé les notions de la lecture traditionnelle de l'histoire.

En effet, les concepts de crise, de capital comme pouvoir socialgénéral, le capitalisme comme phénomène historique global, la transition, la détermination en dernière instance parl'économique jouxtent les notions de nation et de psychologie des peuples.

Il nous faut à côté de l'accumulation du capital oude la planification parler d'espace, d'hommes, d'âmes, d'état des techniques, d'idées historiques, de coutumes.

Telle est laconfiguration des rapports de force géopolitiques où les peuples et les hommes agissent et interagissent comme des acteursrationnels.

En d'autres termes, on ne déduit pas la réalité de la raison ou d'un modèle des sciences positives pour constituerl'histoire en objectivité de la connaissance.

Il y a rationalité, causalité mais aussi rapports aux valeurs, dirait Weber, pluralitéméthodologique, reprendrait Aron.En fait, l'histoire n'est pas dialectique obéissant à des lois du développement historique contradictoires.

Elle est synthèseprovisoire d'une série finie de points de vue, partielle.

La Révolution apparaît dans le marxisme orthodoxe comme unerupture nécessaire, alors que le bolchevisme peut apparaître comme succédant sans nécessité (dans un jeu de force) à l'échecde la modernisation.

Un événement historique est à interpréter dans des signes d'une pluralité de devenirs possibles.

Il n'y apas de moteur nécessaire.

Le risque de cette défétichisation peut néanmoins faire naître le pluralisme comme défaitisme dela connaissance, impuissance théorique des sciences humaines.

d'où le risque de scepticisme, de subjectivisme, derelativisme.

L'histoire n'y est plus apparemment entreprise raisonnée d'analyse.Une telle option mérite rectification.

Certes, il y a une subjectivité de l'historien mais l'histoire reste dans son expériencemultiple objective.

Il s'agit sur la base de l'érudition, du recoupement des réalités et des artefacts, en toute probitéintellectuelle, de reconstruire l'intelligibilité des événements.

Et si le modèle des sciences positives reste partiellement enusage, la conscience de soi, l'indétermination des mobiles, la mémoire historique voire la dimension philosophique etcontemplative de l'histoire n'invalide pas son statut de connaissance.

L'histoire n'est pas un exotisme.On peut risquer de revenir à une histoire positive des faits, voire positiviste.

Après la géométrie et la physique le marxismecomme marxisme orthodoxe a prétendu se définir comme un continent théorique nouveau dans le matérialisme dialectiqued'où le fantasme d'une unification de champs théoriques et pratiques de l'expérience historique dans une intelligibilitétotale des mécanismes historiques pour leur maîtrise prochaine.

Quand l'histoire devient histoire politique ou consciencepolitique, une philosophie critique doit la prendre en charge.

Il y a bien des décisions dans une conscience historique,progrès, des politiques historiques, des faits, de la connaissance, des intentions, des concepts, des disciplines, en fait unepluralité pour nous faite d'unités concrètes.

L'objectif y rencontre le subjectif.

la connaissance politique, les contraintes et lesressorts environnementaux, les actions significatives, la hiérarchie d'importance forment cette relation à l'histoire où ledéterminisme est partiel.

Dans cette géopolitique, il y a une sélection d'unités historiques et le surgissement de forcesréelles.

Dit autrement il y a une métaphysique de l'histoire à côté de l'analyse des politiques historiques.Pour Merleau-Ponty , l'histoire, à côté de la perception et de l'expression, forme le troisième champ de manifestation de laconscience humaine qu'il veut saisir par le projet phénoménologique dans son mode d'apparition, d'émergence, depossibilité et de réalisation.

On comprend alors que l'auteur voudra spéculer sur la tentative théorique du marxisme pouraussi en interroger les présupposés.

Il y a la visibilité des faits, il y a l'invisibilité des métaphysiques.

En fait, Merleau-Ponty procède à un véritable désaveu de la science.

Mais sa philosophie classique reste aussirigoureusement originale.

Il s'oppose à l'objectivisme chosiste en renonçant aussi aux grandes options philosophiques durationalisme ou d'empirisme.

Si le marxisme a un intérêt, c'est qu'il tente de penser les relations de l'homme à la nature etdes hommes entre eux.

Mais cette pensée est élucidation de l'expérience et non réification ou fétichisme.

La révolution achangé les conditionnements et il s'agit pour le philosophe de penser le sens de qu'ils font et ce qu'ils disent.

Voilà deséléments réels de la praxis.

D'ailleurs l'aliénation n'a pas été supprimée.

L'homme est historique et Marx n'est plus vrai ausens où il se croyait vrai.

En tout cas, Merleau-Ponty nous propose ici une lecture interrogatrice et questionnante du marxisme.

La science n'est pas unguide et une philosophie scientifique toujours un leurre.

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