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CONJURER LA PEUR ... le besoin d'expliquer l'inexplicable et de dissiper la peur. Georges Simenon

Publié le 28/03/2015

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simenon

Alain («Propos« du 22.7.1908) pensait que la société

était née de la peur. «Je crois que la Société est fille de la

peur et non de la faim. « Les hommes, selon lui, sans

défense durant leur sommeil, auraient commencé à s'organiser

pour dormir. Ils se dispersaient pour chercher leur

nourriture, mais la nuit les rassemblait. «Le matin, ils sentaient

la faim et devenaient anarchistes. Mais le soir, ils

sentaient la fatigue et la peur, et ils aimaient les lois. «

Simenon aurait certainement adhéré à cette thèse, mais il

pousse encore les choses plus loin. L'art, dans son

ensemble, qu'il soit envisagé du point de vue du producteur

ou du consommateur, lui apparaît comme un moyen de faire

face à cette peur. Il s'agit toujours, comme aux temps primitifs,

de se serrer les coudes et d'apaiser les dieux.

simenon

« 0 .

Conjurer la peur I 59 au même besoin : le besoin d'expliquer l'inexplicable et de dissiper la peur.» ....

La frayeur d'Ève à l'idée que le soleil pourrait ne pas revenir n'est pas un simple trait d'humour.

Georges Sime­ non a ressenti très fortement cette crainte dans son enfance et il a observé le même type de réaction chez ses propres enfants.

Cependant, bien sûr, envisageant l'histoire de l'humanité, il sait que cette peur a pu prendre des formes très différentes selon les époques : peur des divinités que l'on va amadouer par des sacrifices, peur des animaux beau­ coup plus forts que l'homme, peur de ses semblables, peur de l'au-delà, de la souffrance, de la mort ou de la dégrada­ tion physique (p.

19) : «Je crois, je sens, que le premier sentiment de l'animal humain, comme celui des autres animaux, celui qui per­ siste avec le plus de force, qui engendre peut-être tous les autres, est la peur.» En face de cette peur diffuse et multiple, lire et écrire appa­ raissent comme une manière de se rassurer.

Ou en tout cas de faire baisser la tension en cessant de subir: «Toute œuvre littéraire, toute œuvre d'art, n'est-elle pas, en défini­ tive, l'expression d'une généreuse révolte?» Envisageant son propre cas, Simenon affirme que cette explication convient parfaitement.

Il précise cependant que le fait d'écrire n'a pas correspondu chez lui à un choix déli­ béré.

Il a toujours eu le sentiment d'être poussé par le des­ tin, de subir sa vocation plutôt que de l'avoir choisie:. »

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