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Connait-on la vie ou bien connait-on le vivant ?

Publié le 30/03/2005

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Bien lire le sujet : il ne s'agit pas de faire le partage entre la vie (entendue en un sens très général et à préciser autant que possible) et le vivant (les êtres vivants, quels qu'ils soient), mais de nouer les relations entre la vie et le vivant qui rendent possible une connaissance des phénomènes vitaux.

I. La reconnaissance du vivant. 1. L'expérience du vivant. 2. L'organisation et le milieu. 3. La constitution d'une science : la biologie. II. Les difficultés de la biologie. 1. Finalité et mécanisme. 2. Le vitalisme. 3. Critique du vitalisme. III. La connaissance de la vie. 1. L'âme. 2. Le gène. 3. La vie comme invention.

« Dans le domaine naturel, on oublie parfois que les mécanismes physico-chimiques constatés sont au service d'unefin (le fonctionnement d'un organe par exemple).

La fonction du tout est la cause de l'existence et de l'agencementdes parties.

La médecine, d'ailleurs, ne peut faire l'économie de ce principe pour étudier un organe.La fonction visuelle est la cause finale de l'agencement des cellules dans l'oeil.

Le hasard n'explique rien.

Le déterminisme (qui dit que tout phénomène s'explique par une cause antécédente) n'est pas contradictoire avecla finalité.

Pris dans un ordre immanent qui les dirige, les mécanismes sont des moyens déterminés au service d'unefin.

Celle-ci n'est pas extérieure à l'être naturel, elle lui est interne ; elle est sa loi propre.

Par myopie, le scientifiqueréductionniste peut l'oublier– un peu comme s'il disait qu'un livre est dû à un « incroyable enchaînement aléatoire »de mouvements d'une machine à écrire ! S'en tenir aux causes motrices peut être utile pour la science, mais ne lui donne pas le droit de réduire l'être à lamatière désordonnée.

Inversement, oublier les causes motrices, c'est négliger la réalisation effective et rester dansl'abstrait.

Qu'est-ce qui produit la spécificité du vivant ? En quoi l'animal vivant est-il différent de la matière brute ? Aristotecroit pouvoir affirmer que c'est en raison de la présence de l'âme.

Si on ne tient pas compte de cette dernière,c'est-à-dire si l'on examine uniquement la forme extérieure d'un corps et sa structure, on en vient selon lui àconfondre un homme vivant et un homme mort, puisque leurs formes sont bien semblables.

Ainsi le naturaliste doit-ilconnaître la nature de l'âme, et, dans l'étude de la nature, il faut insister davantage sur l'âme que sur la matière.N'envisager que la matière, c'est ne voir que des effets sans cause, être comme un menuisier qui détaillerait sesgestes sans évoquer l'idée ou le projet qui dirige sa fabrication d'un lit. Descartes dans les Méditations métaphysiques montre que l'âme est ontologiquement distincte du corps.

Descartescritique par là même ceux qui, à l'instar d'Aristote, conçoivent l'âme comme un principe d'animation de la matièreinanimée ; l'âme avec Descartes devient pur esprit, pure pensée, qui, certes, est étroitement unie au corps, maisqui n'est plus forme du corps.

Le corps est désormais une machine sans âme, sans principe interne d'organisation,un automate très complexe qui se meut de lui-même sous l'effet de l'agencement de tubes, cordes, poulies, etc.Ainsi les animaux deviennent des "machines à plumes et à poils".

Dans le texte du manuel extrait des Passions del'âme Descartes compare le corps à une montre pour montrer que le corps vivant ne diffère pas ontologiquement ducorps mort.

Le corps qui vit est un corps qui se meut mécaniquement de lui-même.

Que le mécanisme soit rompu etla machine cesse de fonctionner tout comme les aiguilles d'une montre cessent d'avancer lorsque la montre se brisesur le sol.

La vie n'est pas une entité distincte.

Le corps vivant est une portion d'étendue en mouvement.

Onappelle mécanisme cette conception selon laquelle le corps vivant est une machine complexe.

Pour Descartes, lamachine est constituée de cordes et de poulies, pour la science contemporaine la machine est constituée despropriétés physico-chimiques de la matière. "Nous devons croire que toute la chaleur et tous les mouvements qui sonten nous, en tant qu'ils ne déclenchent point de la pensée, n'appartiennentqu'au corps.Au moyen de quoi nous éviterons une erreur très considérable en laquelleplusieurs sont tombés, en sorte que j'estime qu'elle est la première causequi a empêché qu'on n'ait pu bien expliquer jusques ici les passions et lesautres choses qui appartiennent à l'âme.

Elle consiste en ce que, voyantque tous les corps morts sont privés de chaleur et ensuite de mouvement,on s'est imaginé que c'était l'absence de l'âme qui faisait cesser cesmouvements et cette chaleur.

Et ainsi on a cru sans raison que notrechaleur naturelle et tous les mouvements de nos corps dépendent del'âme, au lieu qu'on devait penser au contraire que l'âme ne s'absente,lorsqu'on meurt, qu'à cause que cette chaleur cesse, et que les organesqui servent à mouvoir le corps se corrompent.Afin donc que nous évitions cette erreur, considérons que la mort n'arrivejamais par la faute de l'âme, mais seulement parce que quelqu'une desprincipales parties du corps se corrompt; et jugeons que le corps d'unhomme vivant diffère autant de celui d'un homme mort que fait unemontre, ou autre automate (c'est-à-dire autre machine qui se meut de soi-même), lorsqu'elle est montée et qu'elle a en soi le principe corporel desmouvements pour lesquels elle est instituée, avec tout ce qui est requispour son action, et la même montre, ou autre machine, lorsqu'elle estrompue et que le principe de son mouvement cesse d'agir."Descartes, Les Passions de l'âme (1649), Articles 4 à 6, Bibliothèque de la Pléiade, Éd.

Gallimard, 1953,pp.

696-697. 2.

Le vitalisme.. »

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