Connaître la vie

« • Démarche Possible : Partir de l'étonnement que provoque la distinction des deux termes du sujet et approfondir ce qui la justifie.

On peut s'étonner au premier abord de la distinction proposée par l'énoncé puisque la vie est le caractère des êtres vivants et que ce qui fait un vivant, c'est la vie ! Pourtant quand on considère ce qu'est connaître au sens des sciences, la distinction se justifie.

En effet la connaissance scientifique porte sur un objet d'observation et d'expé­ rimentation.

Du coup il apparaît clairement que la vie comme prin­ cipe immanent aux êtres vivants ne peut être objet de science puis­ qu'elle échappe à l'observation.

La notion de vie est purement spécu­ lative, et bien qu'elle nous paraisse nécessaire pour différencier ce qui est vivant des êtres inanimés, elle n'explique pas plus que la "vertu dormitive" n'explique les effets de l'opium.

Aux yeux de la science, elle n'est qu'un mot creux qui sert de masque à notre ignorance.

Approfondir les exigences de la connaissance scientifique pour tirer les conséquences.

La science cherche à découvrir la structure d'un être et les lois de son fonctionnement.

Or, s'appliquant à un être vivant, n'est-elle pas contrainte d'aborder son étude comme sur une mécanique ? Décou­ vrir la structure d'un être suppose en effet de le décomposer en ses différents éléments pour en comprendre ensuite la synthèse, comme on démonte une machine pour en comprendre les rouages.

Repérer les lois qui expliquent le développement et le fonctionnement du vi­ vant suppose qu'on y décèle les mécanismes physiques et chimiques qui y sont à l'œuvre.

Autrement dit la science se désintéresse de la question "pourquoi" l'herbe pousse-t-elle ? pour ne retenir que les mécanismes capables d'expliquer "comment" elle pousse.

Or à laques­ tion "pourquoi ?'', on répondrait volontiers : parce qu'il y a en elle la vie; à la question "comment?" ou "par quels processus?", la science répond par des mécanismes.

Telles sont les exigences de l'esprit scien­ tifique, qui laissent comprendre pourquoi la "vie" ne peut être objet de connaissance.

On voit aussi, à partir de ces exigences, comment une conception mécaniste du vivant favorisait la constitution de la biologie.

Qu'est-ce que le mécanisme en biologie ? C'est la conception selon laquelle tous les processus du monde vivant sont réductibles à des 81. »