Conserver le passé est-ce le seul but de l'histoire?
Publié le 19/01/2005
                             
                        
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                                «
                                                                                                                            mise à jour de cette logique que le poète effectue, alors que le chroniqueur est astreint à décrire les hasards et lesinterférences qui peuvent perturber cette cohérence.
Par exemple, 	Sophocle	 décrira dans « 	Antigone	 » non pas le caractère des héros, 	Antigone	 et 	Créon	, mais ce que	leurs types de convictions les amèneront à faire.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le souci politique de 	Créon	 le poussera à interdire à celui des	frères d'	Antigone	 qui  s'est  battu  contre  la ville  d'être  enterré,  et à accorder  une sépulture  à l'autre.
                                                            
                                                                                
                                                                     La piété	religieuse et  familiale d'Antigone la conduit  à juger tyrannique et injuste l'édit de 	Créon	.
                                                            
                                                                                
                                                                    La pièce décrit alors la	logique  d'un affrontement  inévitable.
                                                            
                                                                                
                                                                    La force d'une telle  œuvre (et aussi  bien d'	Œdipe	) provient du  fait que le	lecteur  y reconnaît  des schèmes,  une logique  à l'œuvre  dans d'autres  situations,  et que  cette  reconnaissancepermet une meilleure compréhension de la réalité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Si l'on préfère, la fiction, la mise en intrigue, épure l'histoire réelleou supposée telle de ses scories contingentes, pour en dévoiler la pure logique.Par suite, si la conception de l'histoire qui est celle d'	Aristote	 s'éloigne considérablement de la nôtre, il en va de	prime abord de même pour sa conception de l'art.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'intérêt premier de l'œuvre ne vient pas de l'étude psychologiquedes caractères, de l'étude des personnages.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'unité de l'œuvre provient de ce qu'elle représente l'unité d'une action.« L'unité de l'œuvre ne vient pas, comme certains le croient, de ce qu'elle a un héros unique.
                                                            
                                                                                
                                                                    Car il se produit dansla vie d'un individu unique un nombre élevé, voire infini, d'événements dont certains ne forment en rien une unité.	 »	Il s'agit donc d'étudier une situation : la fiction st l'organisation cohérente de la logique d'une action, action dot ondoit concevoir  la naissance,  le développement  et le dénouement.
                                                            
                                                                                
                                                                     C'est au travers  de ce déroulement  que semanifestera le caractère  des héros.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ainsi le destin  exemplaire d'	Œdipe	 n'est-il pas dévoilé dans une seule pièce.	Tandis qu' »	Œdipe Roi	 »  représente la quête de soi d'	Œdipe	 , « 	Œdipe à Colone	 » prendra à charge l'apaisement	d'Œdipe	.
                                                            
                                                                                
                                                                    Deux actions : deux pièces.	Platon 	voulait chasser les  poètes de la citée idéale.
                                                            
                                                                                
                                                                     Les poètes,  selon lui, pratiquent  un art du  mensonge,  de	l'illusion.
                                                            
                                                                                
                                                                    Imitant l'action des autres, ils incarnent un savoir qu'ils ne possèdent pas.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'imitation d'action était pourPlaton	 l'indice du mensonge et de la duperie.
                                                            
                                                                                
                                                                    A l'inverse, 	Aristote	, attentif à la procédure même de la construction	poétique, décèle dans  l'imitation, dans  la représentation,  une épuration du réel.
                                                            
                                                                                
                                                                    La fiction,  l'imitation consiste  àorganiser en un tout cohérent la nécessité d'une action, elle délivre une intelligence du réel en débarrassant lesactes de leur poids de contingence.
                                                            
                                                                                
                                                                    Elle permet ainsi au spectateur ou au lecteur un plaisir intellectuel, celui de lareconnaissance.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est le plaisir d'identifier, au travers de l'intrigue fictive, une pluralité d'actions réelles.Parlant des images, 	Aristote	 précise qu'en regardant une imitation d'une chose réelle, « 	on apprend à connaître 	».	C'est-à-dire que l'on identifie la forme du modèle, de e qui est représenté, mais en dehors de la matière de l'objet.(La peinture d'une pipe n'est pas en écume.) La représentation, l'imitation, nous élève donc toujours du particulier,du contingent, de la matière, jusqu'au général, à la forme, à l'intelligence.Or, ce plaisir intellectuel de la reconnaissance, de l'identification, explique en partie que l'on puisse prendre plaisir àvoir représenter fictivement des choses qui nous feraient horreur dans la vie.Aristote	 prétend  que la représentation  opère une « 	catharsis 	», une  épuration  des passions.
                                                            
                                                                        
                                                                     La question  est	d'importance, dans la mesure où elle est un réponse à 	Platon	, mais aussi parce que toute notre tradition théâtrale	est traversée par le problème de la moralité du théâtrale et de l'œuvre d'art.
                                                            
                                                                                
                                                                    Là où 	Platon	 affirmait que le plaisir pris	au spectacle flatte en nous ce qu'il y a de plus bas, nous fait partager ces passions que sot la pitié et la frayeur, etnous pousse à sympathiser avec des actions immorales, 	Aristote	 répond par la théorie de la « 	catharsis 	».	            « 	Il faut agencer l'histoire de telle façon qu'en apprenant les faits on frissonne et qu'on ait de la pitié	devant les événements.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est bien ce que l'on éprouverait en apprenant l'histoire d'Œdipe.	 »	La représentation substitue le plaisir à la peine que sot naturellement  pitié et terreur.
                                                            
                                                                                
                                                                    Car ce n'est pas devant lesévénements réels que l'on  frisonne, mais devant une représentation déjà épurée, par  u regard cette fois pourvud'intelligence.
                                                            
                                                                                
                                                                    Si nous aimons les peintures des choses horribles, c'est qu'on y contemple les « 	formes	 » et 	« qu'en	les regardant on apprend à connaître.	 »	La proximité de l'art et de  la philosophie provient de  deux éléments.
                                                            
                                                                                
                                                                    D'une part  le processus même de la	création consiste à délivrer l'intelligence d'une action.
                                                            
                                                                                
                                                                    D'autre part cette intelligence engendre une épuration despassions nocives.
                                                            
                                                                                
                                                                    Si l'époque moderne nous a appris à voir dans l'histoire tout autre chose qu'un récit servile desévénements, 	Aristote	 nous aura enseigné la haute valeur intellectuelle de l'art, qui consiste à nous éclairer sur une	action en mettant à jour ce qu'elle a  de général.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le théâtre et le  roman moderne nous ont appris  que la leçond'Aristote	 valait aussi pour les caractères.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ne parle-t-on pas de « 	tartufferie	 » et de « 	bovarisme	 ».	 	III.	             	Les faits historiques sont-ils donnés ou construits ?	 Rousseau, dans 	l'Emile	,  explique que l'on ne peut pas affirmer que le seul intérêt de l'histoire est qu'elle conserve le	passé, car l'histoire change dans l'esprit de l'historien.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le même fait historique sera différent selon le point de vue oùl'on se place.
                                                            
                                                                                
                                                                    Rousseau explique bien que ce qui varie ce n'est pas l'issue d'une bataille, on ne peut pas réinventertotalement l'histoire, sinon l'on se trouve dans le cas du poète qui décrit les événements tels qu'ils auraient dû seproduire, ce que l'historien modifie selon ses préjugés, et ses affinités, ce sont les petits détails qui sont la raison dela victoire ou de la défaite.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais ces petits détails sont d'une grande importance car ils sont la cause, la raison del'événement : « et quelles leçons puis-je tirer d'un événement dont j'ignore la vraie cause ? ».
                                                            
                                                                                
                                                                    L'intérêt de l'histoiren'est donc pas uniquement de conserver le passé, mais aussi de l'expliquer, de tenter d'en donner les vraies causes.Dans l'Emile, Rousseau imagine l'éducation d'un enfant dont il se suppose le  précepteur depuis la prime jeunessejusqu'à l'âge d'homme.
                                                            
                                                                                
                                                                     Parmi certains  de ses  principes,  il suggère  la méfiance  à l'égard  des livres  qui ne nousapprennent rien sinon à parler de ce que nous ne connaissons pas.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les livres d'histoire ne dérogent pas à cetterègle selon Rousseau, ils présentent des faits qui ne sont que des interprétations subjectives de phénomènes dontla série et les causes nous échappent.
                                                            
                                                                                
                                                                    On les détermine seulement à partir de ouï-dire, d'impressions, de récits ettémoignages plus ou moins fiables, quand ce n'est pas tout simplement pour servir ce qui nous arrange le mieux.Alors, au lieu d'établir la vérité, on présente des conjectures qui falsifient la réalité, et Rousseau est extrêmement.
                                                                                                                    »
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