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COURNOT: Histoire et evenement

Publié le 24/03/2005

Extrait du document

cournot
S'il n'y a pas d'histoire proprement dite, là où les événements dérivent nécessairement et régulièrement les uns des autres en vertu de lois constantes', il n'y a pas non plus d'histoire, dans le vrai sens du mot, pour une suite d'événements qui seraient sans aucune liaison entre eux. Ainsi les registres d'une loterie publique pourraient offrir une succession de coups singuliers, quelquefois piquants pour la curiosité, mais ne constitueraient pas une histoire : car les coups se succèdent sans s'enchaîner, sans que les premiers exercent aucune influence sur ceux qui les suivent, à peu près comme dans ces annales où les prêtres de l'Antiquité avaient soin de consigner' les monstruosités et les prodiges à mesure qu'ils venaient à leur connaissance. Tous ces événements merveilleux, sans liaison les uns avec les autres, ne peuvent former une histoire, dans le vrai sens du mot, quoiqu'ils se succèdent suivant un certain ordre chronologique. COURNOT

QUESTIONS    1. Énoncez l'idée centrale et la structure du texte.  2. Expliquez :  a. « car les coups se succèdent sans s'enchaîner, sans que les premiers exercent aucune influence sur ceux qui les suivent « ;  b. pourquoi « les registres d'une loterie publique « ne forment pas un récit.  3. En quoi l'histoire n'est-elle pas seulement une succession d'événements ?

Cournot ne réfléchit pas sur ce qu'est l'histoire des hommes, sur sa direction ou sa signification. Il ne fait pas davantage œuvre d'historien. Il tente de définir l'objet du savoir historique. Quel est le type de faits qui relève de la discipline historique ? Sur quoi porte exactement la connaissance historique par différence avec le savoir scientifique par exemple, ou encore avec le simple récit, qu'il soit véridique ou imaginaire ? Cournot soutient que ce n'est pas seulement de manière temporelle que se définit l'objet historique. L'histoire n'est pas la connaissance de ce qui s'est passé. Quel est son véritable objet ? Le texte ne le dit pas et l'essai invite à le deviner. On peut tâcher de le faire dès la présentation de la thèse du texte.

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« conjonction de plusieurs causes.

Mais lorsqu'il survient, il prend l'homme au dépourvu.

C'est même le cas d'unenaissance dans une famille, alors que l'enfanta été attendu pendant neuf mois ! Mais tout ce qui est imprévisiblen'est pas pour autant un événement.

Il semble donc qu'il faille ajouter un second critère de définition : l'événementdoit avoir des répercussions importantes, et marquer de son sceau le cours de l'histoire.

Mais de quelle histoire ? Enquoi la révolution bolchévique concerne-t-elle par exemple lavie actuelle d'un Tasmanien ? Si les critères de l'événement sont plus subjectifs qu'objectifs, alors on voit malcomment l'histoire pourrait uniquement consister en une succession d'événements.[2.

Les insuffisances de l'histoire événementielle]Les fondateurs de la « Nouvelle Histoire » l'ont montré : l'histoire événementielle est élitiste (c'est l'histoire des rois),politique (c'est l'histoire des batailles et des traités) et de « souffle court » (Braudel).

Elle privilégie despersonnalités et des faits au détriment de la structure qui les a portés et permet seule de les expliquer.

C'estpourquoi il faut élargir le domaine de l'histoire à la géographie ou encore aux mentalités, seules garantes de sonsens.C'est cette notion de sens qu'il faut interroger, afin de savoir dans quelle mesure l'événement est susceptible de laservir. [II.

L'histoire est source de sens pour l'homme] [1.

L'histoire est avant tout significative pour l'homme]Le sens désigne à la fois la signification et le but, la direction.

Considérer la trame des affaires humaines comme une« succession » d'événements, c'est déjà lui donner une direction.

Mais pour lui conférer une signification, il faut enoutre la finaliser, c'est-à-dire l'inscrire dans une progression qui s'assimile soit à un progrès, soit à une décadence.Car l'homme interprète toujours la simple succession.

Il y greffe du sens, son sens, qui rend l'histoire significativepour lui.

C'est sans doute l'intérêt du choix des événements historiques. [2.

La nécessaire illusion du sens de l'histoire]Que l'on considère cette idée de progrès de l'histoire comme illusoire, voire comme dangereuse, il demeure qu'ellerépond à un besoin de sens qui pourrait, peut-être, suffire à définir l'histoire.

Kant montre ainsi que le progrès moraldu genre humain est une idée régulatrice, c'est-à-dire une idée en laquelle il faut croire afin d'avoir la force detravailler à sa réalisation.

La véritable histoire est alors, peut-être, celle que construit la liberté de chacun. [Conclusion] L'histoire ne se réduit pas à une succession d'événements, si l'on entend par là la simple chronologie dépourvue desens intrinsèque et de liaison.

Car l'histoire est faite et racontée par des hommes, pour d'autres hommes.

Elle estdonc productrice de sens, de ce sens construit et légué aux autres par chaque liberté.

Dans cette optique, toutevie est événementielle.. »

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