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COURS DE MORALE

Publié le 01/04/2012

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morale

Les morales du bien et les morales de l'intérêt conduisent l'homme à régler son action en fonction du monde, de la réalité extérieure; l'idée qu'une contrainte intérieure - l'obligation - pouvait s'appliquer à une certaine vision  des choses apparaît chez Descartes (l'entendement conçoit que deux et deux fassent quatre et la volonté affirme - ou nie - le rapport conçu); une morale de meneur telle que Corneille la met en scène est déjà une morale de l'obligation intérieure, du vouloir. Kant a élaboré une doctrine du devoir. qui sera étudiée en détail ci-dessous la moralité s'y définit non pas comme une contempfation du Bien, mais comme une attitude de conscience, une forme de l'action. Après Kant, la notion du devoir devient une notion centrale en morale....

morale

« 1171 .2- DE LA CONSCIENCE MORALE A LA VALEUR MORALE 1 qui fabrique un objet) et celle qui est une fin en elle ­ même.

Seule cette dernière portera le qualificatif de « morale », dans la mesure où l'on peut la comparer avec une certaine échelle des valeurs qui ne tienne pas compte de la réussite de l'action.

Précisons par un exemple : lorsque Beethov en a écrit la 5• Symphonie , il a obéi à plusieurs impératifs : - respecter les règles générales de l'acoustique (par exemple ne pas imposer à un son d'ê tre trop faible, ou d 'être impossible à r eproduire par un instru­ ment de musique) : Si tu veux écrire une œuvre musi­ cale pour orc hestre , tiens compte des possibilités des violons, des cors, des altos , etc.

L 'impératif est cond i­ tionné par une hypothèse (si tu veux ...

); c'est un impératif hypothét ique ; -accorder son œuvre avec une certaine conception du plaisir auditif et musical : l'impératif devient esthétique ; -créer parce que cette création était dans sa nature et qu'il lu i fallait agir ainsi pour se réaliser soi­ même, l'action devenant sa propre fin : c'est l'impér atif moral , qu'on appelle depuis Kant un impératif catégo ­ rique .

En résumé , le faire entraîne trois questions : « Com­ m ent faire pour que 7 » à laquelle répond la techniqu e: « Comment faire 7 » qui est de l'ordre de l'esthétiqu e, et « Que faire? » relevant du sujet moral qui est en nous .

b) Entre l'animal et le saint.

L'animal ignore cette division du moi qui préside à l'hésitation morale, il est tout entier dans son acte et ne connaît donc ni remords, ni repentir ; il en est de même du saint {du saint théorique, bien entendu) : nous concevons son action comme compacte , sans impatience ni hésitation.

Le propre de la conscience morale est au contraire d'être divisée et non spontanée, le moi y est à la fois le sujet de son action et le juge de cette action , qu'il approuve ou désapprouve .

La cons­ cience morale n 'est donc ni une connaissance du bien et du mal ni une obéissance passive à un système d'obligations extérieures , c'est à la fois l'énergie de quelque chose qui n'est pas encore et qui doit être, et l'exécution des actes qui conduisent à ce quelque chose.

On peut ici apprécier la distinction bergsonienne entre le stade de l'animjll dans les sociétés d'hymé­ noptères , qui obéit aveuglément à la pression de l'instinct (conscience fermée), le stade de la sainteté aspirée par le Bien (conscience ouverte) et le stade humain de la conscience qui s'ouvre.

C'est en termes phénoménologiques que la définition est la plus aisée (rappelons que la phénoménologie est une philosophie de l'intentionnalité) : la conscience morale est un mou­ vement vers, une intentionnalité mobile par opposition à une intentionnalité de jouissance (la conscience artis­ tique) ; cette ouverture sur la vie lui confère un carac ­ tère d 'actualité souligné par Le Senne dans son Traité de morale (1943) : Le nom ordinaire de cette actualité est la sincérité.

L'approbation (et la réprobation) perd son caractère quand le moi en fait le contenu d'une pensée considérée comme un fait théorique .

On cannait l'anecdote humoristique : Un capitaine s 'élançant d 'une tranchée vers l'ennemi, montre à ses soldats de le suivre; mais sans bouger ils crient : Bravo, capitaine/ Ces hommes, qui remplacent l'obéissance par l'applaudissement, opèrent une conversion de la conscience morale à la conscience esthétique ...

L'actualité de l'approbation et du blâme relie l'infi­ nité de la conscience intime à la totalité des choses présentes et possibles..

.

Derrière l'approbation s'opère une fermentation invisible qui catalyse positivement certaines actions, négativement d'autres.

Insensiblement l'approbation devient encourage ­ ment, l'encouragement courage, le courage, création objective.

La morale plonge ses racines dans l'affectivité; le sentiment psychologique devient moral lorsqu'il est l'objet , implicitement, d'une louange ou d'un blâme et, ainsi, source d'énergie pour l'action : un échec pro­ voque un sentiment naturel de regret qui devient moral quand il se transforme en remords (l'échec est ma faute) ou en repentir (je vais effacer cette faute par une réussite).

Les moralistes ont proposé , tour à tour, comme sentiment moral par excellence : l'amour, le respect, le courage (considéré comme équivalent, sur le plan de l'action, de la curiosité sur le plan · de la connaissance), etc.

D'autre part, la conscience · morale comprend des éléments intellectuels : les idées ou concepts moraux, qui font l'objet de jugements de valeur, et des éléments purement volontaires, comme l'intention et la volonté morale.

B - La valeur morale (le Bien).

Au cours de l'histoire, il y a eu un certain progrès moral qui comprend notamment la spécification de la moralité : la conscience morale se distingue succes­ sivement de la conscience religieuse, de la conscience sociale, etc.

Autrement dit, la valeur morale, au début confondue avec d'a utres val eurs , se sépare d'e lles .

Le problème se pose donc de savo ir comment s'effectue cette séparation , c'est -à- dire en quoi consistent les caractères spécifiques de la valeur morale.

a) Universalité de la valeur morale.

• Valeur morale et valeurs de moyens .

Les valeurs de moyens sont relatives à d'a utres valeurs préalablem ent établies ; il en est ainsi des valeurs éco­ nomiques , techniques , utilitaires.

La valeur morale nous apparaît au contraire comme devant être bonne en soi et non par rapport à quelque chose : l'utilitarisme est , philosophiquement , inconcevable ; il n 'e st à la limite qu'une doctrine sociale.

• Valeur morale et valeurs subjectives .

La valeur morale nous appara ît en out re comme devant être i nconditionnée.

Ici elle se sépare des valeurs de plaisir et de bonheur .

Ces valeurs, certes, sont des absolus par rapport aux objets qu'elfes visent : mais elles ne peuvent être pensé es qu'à part ir d 'un ensemble de tendances personnelles , de l'histoire du sujet (à moins qu 'on ne considère que le bonheur et le plaisir sont la sanction de la réalisation de la valeur morale : mais c 'est alors repousser encore le problème).

On peut donc dire que la valeur morale est à la fois absolue et inconditionnée.

Mais ces deux caractères ne sont pas spécifiques : ils sont partagés par la valeur­ vérité et la valeur esthétique.

b) Valeur morale et valeur-vérité.

Il faudrait se garder , pour chercher en quoi la valeur morale se sépare de la valeur-vérité , d'opposer les facultés auxquelles s'adressent le Bie n et le Vrai, comme l'action et l'intelligence : en effet toute valeur vise l'action et le Vrai n'est une valeur que parce qu'il s'impose à l'esprit comme la norme de sa propre acti­ vité pour parvenir à la réalité.

La spécification doit ici reposer sur l'opposition entre l'action intellectuelle et l'action morale.

• Opposition par rapport au temps .

L'activité intellectuelle est tournée vers le passé, vers ce qui est dé]à; c'est une compréhension et son processus va de l'extérieur vers l'intérieur , du monde vers le moi.

Au contraire la valeur morale ne prend son sens que dans la pensée du futur ; elle n'a de signification que si elle est à faire ; son processus est celui d'une extériorisation du moi vers le monde.

D'une autre façon, on peut dire que la vérité s 'impose et que la valeur morale se propose .

Ce qui se propose , dans l'action morale , c'est le futur, qui se présente à notre conscience comme indéterminé , comme possible, tandis que le présent et le passé s'imposent irrémédiablement.

C'est en ce sens que l'on dit très souvent que la valeur morale est celle d'une proversion, tandis que la valeur intellectuelle est une rétroversion .

• L'obligation morale.

·Ce caractère explique l'aspect particulier de l'obligation morale par opposi ­ tion à l'obligation logique ou à la nécessité : ce n'est ni l'obligation d'un désir ni celle de la soumission à un ordre extérieur .

La valeur morale se subordonne à nous ; certes elle nous oblige , mais elle nous révèle ainsi son caractère menacé et précaire.

C'est une valeur dont l'essence ne dépend peut-être pas de nous, mais dont la réalisation , dont l'existence dépend de nous : alors que, si nous ne reconnaissons pas la vérité, ce sera notre tort , si nous ne sommes pas moraux, c'est la moralité qui se perdra.

C'est en ce sens qu'on peut dire que la valeur morale est une valeur d;appel .

Mais la valeur morale ne dépend pas seulement de nous dans sa réalisation concrète, elle dépend aussi de nous en tant que valeur : le Bien doit être voulu pour être le Bien; s'il n 'est pas voulu par nous, il n'est plus le Bien et c'est pourquoi lorsqu 'il est pensé comme émanant d'une volonté autre que la nôtre, il cesse immédiatement d'être une valeur-pour-nous.

Pour être considérée comme valeur, la valeur morale doit être posée par nous .

D 'une autre façon, on peut dire que la valeur morale est l'accord de notre volonté avec un ordre de droit qui émane d'elle-même mais qui n'est pas elle.

C'est ce rapport particulier qu'on appelle l'autonomie de la conscience .

C'est au nom de cette autonomie que la valeur morale doit être sans cesse créée : tout acte moral est un acte révolutionnaire .

c) Valeur morale et valeur esthétique.

• Rôle affectif du Beau .

Le Beau s'oppose au Bien par son aspect affectif : c'est un ordre agréable qui nous attire et nous console , tandis que la valeur morale est située par-delà l'affectivité.

Cependant la valeur esthétique a pu être confondue avec la valeur morale , chez les Grecs par exemple, où il y a primat de l'objet par rapport au sujet .

La valeur y est première par rapport au vouloir du sujet agissant, et le Bien nous attire, dans la philosophie platonicienne, de la même manière que le Beau.

Mais il peut se trouver des œuvres produisant une émotion spécifiquement esthétique et n 'ayant pas de valeur morale (une œuvre d'a rt publici­ taire par exemple) .

Dans la pensée moderne , le Bien est pensé non pas dans l'attrait mais dans l'obligation .

• Objectivité du Beau .

Le Beau est une valeur qui apparaît du côté de l'objet , alors que le Bien appa­ raît du côté du sujet : la valeur morale est liée à un acte dans la mesure où cet acte est considéré lui-même comme émanant du sujet .

En outre l'object ivité de la valeur esthétique se sépare de celle du Vrai (qui est abstrait et peut résider en une pure relation) : la beauté doit toujours s'incarner dans une image (l'œuvre d'art) .

Le Bien, aussi, n'a de sens que lorsqu 'il s'incarne , mais cette incarnation doit se faire dans le futur et n'est pas liée à une image : si l'on veut, on peut dire que la valeur morale est une fin transcendante, tandis que la valeur esthétique est une fin immanente.

• Fictivité du Beau.

Il serait d'autre part super­ ficiel de considérer le Beau comme étant le Bien une fois fait , en raison de ce que l'action morale accomplie apparaît comme une « belle action ».

En effet, le Beau a une valeur de jeu; faire de l'art, c'est en · un sens rêver ; la valeur esthétique se place sur le plan de la fiction et du mensonge.

Voir esthétiquement une chose, c'est cesser de voir la chose en tant que chose pour y voir autre chose : la vision esthétique n'est pas une perception , mais une imagination.

Ainsi le Beau est fictif , il est étranger au monde, à la limite il est étrange et par là il s'oppose à la valeur morale qui est orientée vers le réel vécu : la valeur esthétique a pour support l'apparence , le Bien a pour support le réel.

d) Conclusion : l'unité des valeurs.

La· valeur morale semble donc en un sens condi­ tionner toutes les autres : c'est la valeur de l'action qui se réalise .

Mais l'on peut aussi dire que tout se réalise : c'est ainsi que l'on peut affirmer que le devoir du savant envers la valeur morale est de trouver le Vrai, le devoir de l'artiste de créer le Beau.

Est-ce à dire que le Bien est à la source de tout 7 Nous ne le ·pensons pas , car la valeur morale commande à la forme des actes , mais non pas à leur contenu .

On peut tout au plus avancer qu'elle est le principe de hiérarchisation des autres valeurs, mais elle n'en peut être la source , puisque lèur contenu ne peut se retrouver en elle, en raison de sa spécificité propre.

Elle se subordonne en outre à la valeur-vérité, car le Bien ne peut être suivi que s'il est vrai.

C 'est ainsi qu'on peut poser le problème de l'unité des valeurs .

Les valeurs se pénètrent et se commandent les unes les autres.

La vérité nous dit que la valeur unique est fondée dans un esprit universel qui surpasse le nôtre; par le Beau notre conscience recherche l'union de cet esprit et du nôtre , mais c'est un rêve : mon esprit n'est pas l'Esprit ; je dois m'y soumettre , la vérité est dure, et l'âme ne réagit que dans la mesure où mon esprit croit être l'Esprit .

Pour revenir dans le réel, la conscience devient efficace, elle se pense comme sujet et elle s'identifie avec l'Esprit.

C'est par cela que la valeur morale semble nous dépasser et sortir de nous ­ même : par la morale nous faisons nous-même le monde.

En résumé, retenons cette définition : la valeur morale est la synthèse d'un ordre et d'une volonté agissante , elle est valeur d'effort, d'effort révolutionnaire.

17 2 - LES SYSTÈMES E>E MORALE 172.1 - TABLEAU DES SYSTÈMES MORAUX Nous avons présenté dans le tableau qui suit , les principaux systèmes de morale, en les classant d'après leurs fondements .. »

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