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Croire en la science est-ce une forme de religiosité ?

Publié le 15/09/2011

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Si certains aspects du religieux sont présents en art, l’art a de notables points communs avec la science, notamment l’idée de création et d’imagination. Si le savant allemand Albert Einstein est universellement connu pour sa célèbre grimace à la langue tirée, il l’est tout autant par sa contribution gigantesque à l’évolution de la physique cosmique et astronomique. Mais ce qu’on sait moins, c’est sa contribution à la pensée philosophique de la science. Dans son essai l’Evolution des idées en physique, il dit, en parlant du maximum de la connaissance que l’esprit puisse atteindre : « il [l’homme] pourra appeler cette limite idéale la vérité objective. «

« formes de religions, ou de religiosité ? Cette religiosité est d’ailleurs présente dans d’autres domaines : l’art parexemple.

C’est l’idée de mysticisme et de sacré qui est notable, dans le théâtre et particulièrement dans la poésie.En effet, avec l’arrivée des poètes mystiques et du symbolisme, l’idée de sacré imprègne les œuvres de générationsde poètes, comme Mallarmé ou plus tard Claudel.Si certains aspects du religieux sont présents en art, l’art a de notables points communs avec la science,notamment l’idée de création et d’imagination.

Si le savant allemand Albert Einstein est universellement connu poursa célèbre grimace à la langue tirée, il l’est tout autant par sa contribution gigantesque à l’évolution de la physiquecosmique et astronomique.

Mais ce qu’on sait moins, c’est sa contribution à la pensée philosophique de la science.Dans son essai l’Evolution des idées en physique, il dit, en parlant du maximum de la connaissance que l’esprit puisseatteindre : « il [l’homme] pourra appeler cette limite idéale la vérité objective.

» Il montre une facette peu communedans l’idée doxatique de l’idée de chercheur : par l’emploi du mot « idéal », il montre que la vérité objective n’estplus une donnée rédhibitoire mais un idéal moins accessible à la vue de la complexité de l’avancée de la science.Mais ce n’est là qu’un point secondaire.

Il développe aussi l’idée que le scientifique n’est pas seulement celui quicalcule, mais aussi celui qui invente, qui crée.

La rigueur démonstrative ne suffirait pas, il faudrait faire preuved’imagination.

Mais, Einstein en convient, il ne s’agit pas là d’imagination comme fantaisie de l’esprit, mais commeinvention du fonctionnement du monde réel.

Il montre cela en prenant l’exemple d’une montre fermée, référence àDescartes et à Newton.

Il est impossible d’ouvrir la montre.

Donc, la seule manière de comprendre le fonctionnementde l’objet, c’est d’en imaginer le mécanisme.

Il montre ainsi l’importance de l’imagination dans le travail scientifique.Cette invention doit être tout de même soumissive à la démonstration scientifique de la validité de sa théorie.

Ainsi,celui qui « croit en la science » n’a plus un aspect uniquement théorico-scientiste, mais aussi celui d’un être douéd’imagination et donc la créativité est indispensable au travail.Cet aspect créatif de la science a cela de religieux dans son sens originel, du latin religere : relier ; entend que lacapacité d’imaginaire est un caractère commun à toute l’humanité, comme le dit Saint-John Perse, dans le Discoursau banquet : « Mais du savant comme du poète c’est la pensée désintéressée et créative que l’on entend honorerici.

Qu’ici du moins qu’ils ne soient plus considérés comme des frères ennemis.

Car l’interrogation est la même qu’ilstiennent sur un même abîme et seuls leurs modes d’investigation diffèrent.

» Nous voulons montrer par là que lereligieux ou le scientifique ont parfois le même point commun c’est qu’ils prétendent seul avoir la vérité.

Si l’onconsidère l’idée Einstein de vérité objective comme idéaliste, on peut tout de même s’accorder sur quelque chosec’est que la science est à la recherche « ce qui est vrai ».

C’est l’idée de quête de la vérité, de recherche qui lui estpropre : on parle bien « chercheur en science ».

Il s’agit là d’une caractéristique commune avec la philosophie ou lajustice, qui sont – pour utiliser une expression proustienne – à la recherche de la vérité : la philosophie par l’étudede ce qui a été pensé et la justice avec l’enquête de ce qui s’est produit.

Les deux ont le même but : la recherchede « ce qui est vrai ».

La forme de religion dans la science ne serait-elle pas le scientisme, qui est presque‘‘marxistiquement’’ une dictature de la science, qui considère que seule la science peut avoir des réponses et queseule la science peut atteindre la vérité ? Mais ce serait alors nier toutes les autres formes de quêtes spirituelles etde sagesse qui ont fait leur preuve, à commencer par la philosophie, l’art ou la méditation.

Il est un autre argumentnotable : dans l’Evolution créatrice, Bergson explique que la science ne peut pas être considérée comme uneréférence absolue, en tant qu’elle ne saisit que ce que l’intelligence peut saisir.

La science n’a aucun accès àl’esprit, qui selon lui n’est compréhensible que par intuition, c’est-à-dire une connaissance de l’esprit par l’espritdirectement, ou, comme le dit Bergson p.

234 de l’Evolution créatrice : « sympathie par laquelle on se transporte àl'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et d'inexprimable ».

À cause de son désir de distanciationobjective, il ne peut saisir que l’« extérieur », et non l’« intérieur » : si on considère comme Aristote que l’âme est cequi crée la vie, et si la science ne peut expliquer l’âme, alors la science ne peut expliquer la vie.

Le scientifique ou lepenseur matérialiste, comme Hobbes ou Diderot, nient donc l’âme et l’esprit, puisqu’ils ne peuvent pas l’expliquer parla science.

Il faut tout de même à nuancer le propos de celui qui dirait : « par la science, je ne peux expliquer nil’âme ni l’esprit.

Donc, si je ne peux les saisir par la science, seul mode de connaissance objectif, c’est qu’ilsn’existent pas.

Je dis donc que l’âme n’existe pas et que l’esprit non plus.

» Le philosophe disciple du matérialisme nepourra pas nier qu’il lui faudra tout de même retourner à l’esprit, en tant qu’il est au centre de la quêtephilosophique. Epineux, en effet.

Comme nous avons pu le constater, la question est loin d’être résolue ici, et le sujet est loind’être clos.

Mais, au-delà de tout clivage entre les querelles de clochers et d’éprouvettes, au-delà de la science etde la religion, qui ont pour but commun la vérité, ne pourrait-on pas envisager une autre forme de quête quipasserait par la spiritualité de la religion et par la rigueur de la science ? Dans la tentation de Démocrite, MichelOnfray dit : « la philosophie, c’est le mur de Berlin abattu, c’est la réunification entre science et religion […] » Laphilosophie elle-même ne pourrait elle pas assurer ce rôle, elle qui a pour essence le principe de quête, de chemin,d’itinéraire ? Elle qui recouvre à son origine la spiritualité et la quête de vérité, et dans sa pratique le principe dedémonstration, de raisonnement et de rigueur de la science ? Ne serait-elle pas le liant entre ces deux liquides,souvent hétérogènes et miscibles que sont religieux et scientifique ?.... »

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