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Dans quelle mesure le désir d'etre heureux nous empêche t-il de l'etre ?

Publié le 21/08/2005

Extrait du document

DÉSIR (lat. de-siderare, regretter l'absence d'un astre -sidus)

Désirer, c'est tendre consciemment vers ce que l'on aimerait posséder. Le désir est conscience d'un manque. Comme conscience, il est le propre de l'homme dans la mesure où seul celui-ci est capable de représentations intellectuelles (l'animal a des besoins»). « Le désir est l'idée d'un bien que l'on ne possède pas mais que l'on espère posséder » (Malebranche). Comme manque, il est aussi spécifiquement humain dans la mesure où ne manque jamais que ce qu'on a le souvenir d'avoir possédé et le regret d'avoir perdu. Le désir se définit donc paradoxalement comme nostalgie, en son essence insatisfait; impossible espoir de retrouver ce qui appartient à un passé révolu. Le désir, en définitive, se nourrit du fantasme de ressusciter le bonheur enfui : il est une impuissante révolte contre l'irréversible.

HEUREUX / HEUREUSE: Qui jouit du bonheur, qui est durablement content de son sort.

Analyse du sujet :

  • Désir : Ambiguïté du désir. Associé à l’idée de la possession, de l’acquisition, de la réalisation de quelque chose que l’on sait ou que l’on pense être bon pour soi. Cependant, il est accompagné d’un manque, d’une souffrance. Il est l’expression de la volonté d’accéder à un état autre que le sien, l’impulsion qui pousse toujours et encore l’homme vers quelque chose de nouveau. Ainsi, le désir est lié à l’insatisfaction, même si son but premier est le plaisir, le contentement et le bonheur. Le désir ne peut jamais être assouvi totalement car il ne cesse de se renouveler et de ce fait il est illimité.

 

  • Etre heureux : condition de l’état de bonheur. Le bonheur est une notion difficile à définir parce que divers éléments peuvent entrer en contradiction et il peut être approché de plusieurs façons. C’est avant toute une aspiration commune à tous, (« Tous les hommes recherchent le bonheur même ceux qui vont se pendre «, Pascal) le but ultime de toute vie humaine, une fin en soi. Mais par ailleurs, le mot « bonheur « signifie « bon heur « dérivé du latin augurium qui signifie « augure «, « chance «. De par cet aspect sémantique, le bonheur est aussi quelque chose d’inattendu et de précaire, qui ne peut être maîtrisé parce qu’il dépend de conditions extérieures à notre volonté. Ainsi, le bonheur concentre deux aspects opposés, d’une part il est ce vers quoi l’on tend, d’autre part, il ne dépend pas de notre volonté et survient par hasard. Par opposition au plaisir et à la joie, le bonheur est défini comme durable. Enfin, le « contenu « du bonheur, ce qui le crée est aussi problématique. S’agit-il du bien moral ou de l’assouvissement des désirs ?

  • Empêcher : faire obstacle, rendre impossible.

 

  • Dans quelle mesure : jusqu’où, à quel point.

Problématique :

Ce sujet porte sur les liens entre le désir et le bonheur ainsi que sur leur différence de nature. D’emblée, le désir du bonheur est présenté comme un obstacle à la réalisation effective du bonheur. On se donne pour objectif de déterminer jusqu’à quel point cet affirmation est vraie.

C’est donc le problème du désir et de la possibilité de sa réalisation qui est ici mis en relief. Pourquoi le fait de désirer quelque chose rend impossible la réalisation de ce désir, la concrétisation de cette chose ? L’objet du désir n’est-il pas toujours de l’ordre de l’inaccessible ? Désirons nous ce qu’il est en notre pouvoir d’acquérir ou bien notre désir dépasse t-il cette dimension pour s’inscrire dans celle de l’impossible ? Par ailleurs, même s’il est évident que l’on souhaite réaliser ses désirs, ceux-ci sont-ils toujours réalisables effectivement ? Au-delà de l’objet sur lequel il se porte, la nature du désir n’est-elle pas de rester désirante ? L’objet du désir ne se déplace t-il pas à l’infini ?

Or, le bonheur se caractérise pas un état de satisfaction durable qui s’oppose au mouvement et à la fugacité du désir.

Face à ce constat, jusqu’où le désir du bonheur s’avère t-il handicapant dans le fait d’être heureux ?

 

« capable de se procurer ce genre de denrées, même si elles sont difficiles à recueillir, mais comme ses récipientssont percés et fêlés, il serait forcé de les remplir sans cesse, jour et nuit, en s'infligeant les plus péniblespeines.

Alors, regarde bien, si ces deux hommes représentent chacun une manière de vivre, de laquelle desdeux dis-tu qu'elle est la plus heureuse ? Est-ce la vie de l'homme déréglé ou celle de l'homme tempérant ? Ente racontant cela, est-ce que je te convaincs d'admettre que la vie tempérante vaut mieux que la viedéréglée ? […] Gorgias : Tu ne me convaincs pas, Socrate.

Car l'homme dont tu parles, celui qui a fait le plein en lui- même et en ses tonneaux, n'a plus aucun plaisir, il a exactement le type d'existence dont je parlais tout àl'heure : il vit comme une pierre.

S'il a fait le plein, il n'éprouve plus ni joie ni peine.

Au contraire, la vie deplaisirs est celle où on verse et reverse autant qu'on peut dans son tonneau ! » Platon , « Gorgias ». Pour Platon, le désir est le manque radical.

Il en retrace l'origine dans Le Banquet à travers la naissance d'Eros (désir, manque), fils de Pénia (pauvreté), sa mère, et Poros (richesse), son père.

Aussi, le désir est-ilconstamment partagé par sa double nature entre plénitude et dénuement.

Nature contradictoire.

Le désiraspire a être assouvi mais cet assouvissement cause sa mort. « Étant fils de Poros et de Pénia , l'Amour en a reçu certains caractères en partage.

D'abord il est toujourspauvre, et loin d'être délicat et beau comme on se l'imagine généralement, il est dur, sec, sans souliers,sans domicile, sans avoir jamais d'autre lit que la terre, sans couverture, il dort en plein air, près desportes et dans les rues ; il tient de sa mère, et l'indigence est son éternelle compagne.

D'un autre côté,suivant le naturel de son père, il est toujours à la piste de ce qui est beau et bon ; il est brave, résolu,ardent, excellent chasseur, artisan de ruses toujours nouvelles, amateur de science, plein de ressources,passant sa vie à philosopher, habile sorcier, magicien et sophiste.

Il n'est par nature ni immortel, ni mortel; mais dans la même journée, tantôt il est florissant et plein de vie, tant qu'il est dans l'abondance; tantôtil meurt, puis renaît, grâce au naturel qu'il tient de son père.

Ce qu'il acquiert lui échappe sans cesse, desorte qu'il n'est jamais ni dans l'indigence, ni dans l'opulence.

» PLATON. [Introduction] Loin de toute froide analyse du concept d'amour, Platon brosse dans ce texte un portrait vivant d'Éros, de l'Amourpersonnifié.

En le dépeignant comme le fils de la Pauvreté et de l'Expédient, il nous place au coeur même de l'amour,comme sentiment unissant des contraires.

L'amour n'a pas en effet de caractère un : sa nature semble insaisissable,incompréhensible.

Pour nous permettre de saisir cette difficulté propre à l'idée d'amour, Platon nous retrace safiliation, qu'il détaille ensuite avant d'en tirer les conséquences sur la nature de l'Amour. [I.

Présentation du mythe d'Éros.] Dans une première phrase, Platon donne à son texte la dimension d'un mythe.

L'amour est personnifié sous les traitsd'Éros, cette divinité grecque.

L'allégorie de l'amour commence ainsi par l'étude de sa généalogie.

On retrouve là l'undes thèmes principaux de toute la mythologie grecque : les figures légendaires nous sont connues par leur filiation.Nous sommes ce que notre hérédité a fait de nous.

Nous portons en nous les qualités ou les défauts de nos parents,et Éros, fils de deux parents aux vertus opposées, Poros, son père, l'Expédient, et Pénia, sa mère, la Pauvreté, enest un exemple significatif. [II.

Amour et pauvreté.] [1.

L'Amour manque de tout.]Aussitôt après avoir indiqué cette filiation, Platon passe à une analyse des qualités issues de la mère d'Éros.

L'Amourest dans le dénuement : Platon nous brosse son portrait comme celui d'un vagabond, d'un va-nu-pieds.

Aimer, c'esten effet être dans la pauvreté.

Lorsque j'aime, je ne possède en effet en un sens plus rien; car ce que j'aime, c'estautrui, c'est-à-dire ce qui ne m'appartient pas et ne saurait m'appartenir.

L'amour suppose la séparation radicaleentre l'amant et l'aimé.

Du coup, celui qui aime, quand bien même il serait comblé au plus haut point par l'objet deson amour, en reste toujours séparé.

Aimer, c'est, parce que justement on n'a plus d'intérêt que pour l'objet aimé,expérimenter la solitude, éprouver le dénuement, ressentir que l'on ne possède rien et que l'être aimé est encoreplus éloigné de nous que tout autre être.

L'amant ne se soucie plus de soi-même, se fait indigent par amour. [2.

L'Amour se satisfait de peu.]Cet état de dénuement n'est pas présenté par Platon comme une punition, un châtiment infligé à l'amant.

Aucontraire, l'amant néglige de son plein gré ce qu'il possédait avant d'avoir découvert ce qu'il aimait.

C'est de sonpropre chef que l'amour est démuni, et d'ailleurs il ne souffre pas de coucher à la dure, de mener une existencebesogneuse.

En apprenant que ce qu'il chérit au plus haut point est étranger à lui, il découvre en même temps querien de ce qu'il croyait lui importer ne compte en vérité pour lui.

Aimer m'apprend à reconnaître quels sont lesvéritables biens, que je ne possède jamais, et comment les autres biens ne sont que des biens contingents, derencontre.Ce tableau de l'Amour, Platon nous le trace comme allant à l'encontre de ce qu'on «imagine généralement».

En cesens, Platon dénonce toute vision «idéalisante» d'un Amour resplendissant pour nous replonger dans la dureexpérience de l'amour malheureux, soumis tout en entier à son objet, vagabond éternel errant à la recherche de cequ'il aime.. »

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