Devoir de Philosophie

De la notion du moi ; — caractères distinctifs de cette notion ; — son importance en psychologie et en morale.

Publié le 31/05/2011

Extrait du document

morale

Exorde. — Après avoir étudié, en psychologie, les faits de conscience et les facultés que ces faits supposent, on veut étudier le principe auquel nous rapportons ces faits et ces opérations, comme nous rapportons aux corps les qualités que nos sens perçoivent. Ce principe est l'âme, à laquelle nous donnons le nom de moi quand elle a conscience d'elle-même et de ses diverses manières d'être, quand elle Connaît ses propres opérations et qu'elle peut les diriger avec intention et réflexion vers un but déterminé. Quand l'âne est arrivée à cet état réfléchi de développement, non seulement elle sent, pense ,et veut, mais encore elle sait qu'elle sent, qu'elle pense et qu'elle veut. Il y a des moments dans la vie où l'âme ne se connaît pas encore, telle est la première enfance; il y en a d'autres où elle ne se connaît plus, ce qui arrive dans la folie, dans la léthargie, dans le sommeil profond; elle n'est pas alors le moi qui n'existe que par la conscience et la volonté. En outre, si c'est au moi que nous rapportons les sensations, les idées, les résolutions dont notre âme en le théâtre, il ne faut pas le regarder seulement comme la collection de ces phénomènes; c'est un principe auquel ils appartiennent, comme un corps est une substance à laquelle appartiennent certaines qualités et modalités.

morale

« d'identité, cette propriété est à son tour la base, la condition de la mémoire, qui est impossible sans elle, quisuppose un lien entre le moi du passé et le moi de l'heure présente; je ne pourrais pas me souvenir de ce qu'unautre aurait senti, pensé ou voulu.

Quand je me rappelle tel fait dont j'ai été autrefois le témoin, quand je compteles mois et les années qui se sont écoulés depuis cette époque éloignée , j'ai la conscience d'être le même hommequi ai vu jadis et qui me souviens aujourd'hui.

« Si deux personnes se sont succédé dans l'âme, de la première à laseconde époque, étrangères l'une à l'autre, il sera impossible à celle-ci de retrouver, de se rappeler les idées decelle-là.

Puisque la notion de l'identité personnelle est, comme on le voit, la condition de la mémoire, on comprendfacilement quelle est son importance en psychologie.

« La mémoire est nécessaire pour toutes les opérations del'esprit, a dit Pascal avec raison; que serait en effet l'intelligence si les idées à peine acquises s'effaçaient aussitôtet disparaissaient sans laisser aucune trace? nous ne pourrions ni penser, ni juger, ni surtout raisonner.

La mémoireest en outre la condition de l'expérience et du progrès; car c'est le souvenir du passé qui nous sert de leçon pour laprévision des événements futurs.

C'est le trésor où l'esprit puise sans cesse, et l'on a pu dire que la science n'étaitqu'un souvenir : Scire est recordari.La notion de l'identité a aussi une grande importance en morale, parce que cet attribut du moi est la garantie de laresponsabilité.

En effet,, je ne puis être responsable que des actes voulus ou conseillés par moi, je ne saurais l'êtreà aucun degré des actes voulus par autrui.

Si je rougis à soixante ans d'une vilaine action commise à vingt ans, siau contraire le souvenir d'une bonne action qui a honoré ma jeunesse vient me charmer au déclin de la vie, c'estque je me sens la même personne; ce blâme que je m'adresse ou cette satisfaction que j'éprouve s'expliqueseulement par la permanence, par la continuité de la même existence.Troisième partie.

— Enfin le moi a un autre attribut, l'activité intelligente et libre; l'homme agit le sachant et levoulant, c'est une force qui a conscience, « vis sui conscia ».

Il a la libre disposition de ses actes, il peut diriger et ildirige sa conduite comme il lui plait et vers la fin qui lui agrée.

La liberté a donc une place considérable dans lapsychologie et dans notre vie morale ; par elle l'homme se sépare de tous les êtres créés et se fait le centre d'unmonde à part, du monde moral, opposé au monde matériel que domine la fatalité.

On s'explique dès lors pourquoi lapsychologie analyse avec tant de soin le phénomène de la résolution volontaire, pourquoi elle énumère avec tant decomplaisance tous les faits qui peuvent servir à la démonstration du libre arbitre et à la réfutation du fatalisme ,admettant l'influence des passions, des habitudes, du tempérament, des circonstances extérieures sur l'activitéhumaine , mais démontrant que cette influence ne détruit pas la liberté.

— Cette notion du libre arbitre a aussi enmorale une grande importance.

En effet , la morale ne peut imposer de devoirs qu'à un être , qui non seulement lescomprenne, mais qui puisse conformer sa conduite à la règle imposée .

L'animal , n'étant pas libre, n'a pas de devoir,et aussi n'a-t-il pas de droits; l'homme seul a des droits parce qu'il a des devoirs, seul il a pu être appelé un êtresacré, « Homo res sacra ».

Que la liberté disparaisse et il ne saura plus y.

avoir ni mérite ni démérite, lesrécompenses seront ridicules et les châtiments seront odieux; la société humaine se dissoudra parce qu'elle ne peutsubsister que fondée sur des devoirs réciproques et appuyée sur les sanctions des lois; l'homme disparaîtra avecelle, puisque sa constitution physique, intellectuelle et morale lui fait une nécessité de la vie sociale. Résumé.

— Ainsi le moi, c'est-à-dire la personne humaine ayant conscience d'elle-même, a trois caractèresessentiels, l'unité, l'identité et l'activité, qui le distinguent des corps, du non-moi.

Cette notion du moi et de sescaractères a pour la psychologie et la morale une importance considérable : 1° en psychologie, la sensibilité supposeun centre commun des sensations et des sentiments, les opérations de la pensée ne peuvent s'effectuer que dansun sujet indivisible et seraient impossibles si le principe pensant était composé de parties; la volonté ne peutégalement appartenir qu'à une force simple, qu'à une seule et même personne; en outre, l'identité est la conditionde la mémoire , c'est-à-dire d'une faculté sans laquelle la vie intellectuelle ne peut se comprendre; enfin, la libertéest le principe même de la personnalité humaine et son attribut distinctif; — 2° en morale, l'identité est la garantiede la responsabilité et la liberté en est la conditon.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles