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Dépendre de quelqu'un est ce être aliéné?

Publié le 25/03/2005

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II.                Dépendance et aliénation : sommes-nous toujours soi-même, sans forcément dépendre d'autrui ? L'aliénation de soi ne se situe pas nécessairement dans le fait de dépendre de quelqu'un. Mais le regard d'autrui me renvoie à moi-même : l'épisode sartrien de la honte, par exemple. Je fais une grimace dans une vitrine, par exemple dans la rue des Trois Cailloux à Amiens, et là je croise le regard d'un autre que moi : tout à coup la honte m'envahit, mes joues rougissent...Le regard d'autrui m'interpelle, tel un coup de fouet, pour me remettre dans le droit chemin, pour nous renvoyer à nous-même. Même si on ne dépend pas d'autrui, il nous interpelle, malgré tout et m'aliène : je ne suis jamais, ou peu moi-même lorsque autrui est sur mon passage. Son regard me renvoie à moi-même : il est ce qui m'interpelle, me juge...et m'aliène. Je deviens étranger à moi-même : je ne suis plus moi, je me forge un rôle et offre une façade. La dépendance envers quelqu'un de soi n'est qu'une forme d'aliénation particulière : celle d'un autrui en face de moi. Autrui constitue la limite à mon action : si toute action s'effectue sans autrui, elle ne peut s'exécuter qu'au détriment d'autrui.

Dépendance et aliénation : deux manières de vivre, et la relation avec l’autre (dépendance) et la relation avec soi (aliénation).

Dépendre de quelqu’un d’autre que soi, en tant que je délègue une partie de mes obligations, de mes nécessités à un autre, est-ce le signe d’une aliénation de soi, que je deviens étranger à moi-même ? Est-ce que dépendre d’autrui modifie-t-il mon comportement ?

« d'autrui ? L'aliénation de soi ne se situe pas nécessairement dans le fait de dépendre de quelqu'un.

Mais le regard d'autrui merenvoie à moi-même : l'épisode sartrien de la honte, par exemple.

Je fais une grimace dans une vitrine, par exempledans la rue des Trois Cailloux à Amiens, et là je croise le regard d'un autre que moi : tout à coup la honte m'envahit,mes joues rougissent…Le regard d'autrui m'interpelle, tel un coup de fouet, pour me remettre dans le droit chemin,pour nous renvoyer à nous-même.

Même si on ne dépend pas d'autrui, il nous interpelle, malgré tout et m'aliène : jene suis jamais, ou peu moi-même lorsque autrui est sur mon passage.

Son regard me renvoie à moi-même : il est cequi m'interpelle, me juge…et m'aliène.

Je deviens étranger à moi-même : je ne suis plus moi, je me forge un rôle etoffre une façade.

Sartre dira: « Ma chute originelle, c'est l'existence de l'autre » Sur la question d'autrui, Sartre souligne que seul Hegel s'est vraiment intéressé à l'Autre, en tant qu'il est celui par lequel ma conscience devient conscience de soi.

Son mérite est d'avoir montréque, dans mon être essentiel, je dépends d'autrui.

Autrement dit, loin que l'on doive opposer monêtre pour moi-même à mon être pour autrui, « l'être-pour-autrui apparaît comme une condition nécessaire de mon être pour moi-même » : « L'intuition géniale de Hegel est de me faire dépendre de l'autre en mon être.

Je suis, dit-il, un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre. » Mais Hegel n'a réussi que sur le plan de la connaissance : « Le grand ressort de la lutte des consciences, c'est l'effort de chacune pour transformer sa certitude de soi en vérité. » Il reste donc à passer au niveau de l'existence effective et concrète d'autrui.

Aussi Sartre récupère-t-il le sens hégélien de la dialectique du maître et de l'esclave, mais en l'appliquant à des rapports concretsd'existence : regard, amour, désir, sexualité, caresse.

L'autre différence, c'est que si, pour Hegel , le conflit n'est qu'un moment, Sartre semble y voir le fondement constitutif de la relation à autrui. On connaît la formule fameuse : « L'enfer, c'est les autres ».

Ce thème est développé sur un plan plus philosophique dans « L'être & le néant ».

Parodiant la sentence biblique et reprenant l'idée hégélienne selon laquelle « chaque conscience poursuit la mort de l'autre ».

Sartre y affirme : « S'il y a un Autre, quel qu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisseautrement sur moi que par le pur surgissement de son être, j'ai un dehors, une nature ; ma chuteoriginelle, c'est l'existence de l'autre… » J'existe d'abord, je suis jeté dans le monde, et ensuite seulement je me définis peu à peu, par meschoix et par mes actes.

Je deviens « ceci ou cela ».

Mais cette définition reste toujours ouverte.

Je suis donc fondamentalement libre « projet », invention perpétuelle de mon avenir.

Et je suis celui qui ne peut pas être objet pour moi-même, celui qui ne peut même pas concevoir pour soi l'existence sous forme d'objet : « Ceci non à cause d'un manque de recul ou d'une prévention intellectuelle ou d'une limite imposée à ma connaissance, mais parce que l'objectivité réclame une négation explicite : l'objet, c'est ce que je me faisne pas être… » Or je suis, moi, celui que je me fais être.

Et c'est précisément parce que je ne suis que pure subjectivité et liberté, que le simple surgissementd'autrui est une violence fondamentale.

Peu importe qu'il m'aime, me haïsse ou soit indifférent à mon égard.

Il est là, je le vois et je découvre que jene suis plus centre du monde, sujet absolu.

Il me voit, et avec son regard s'opère une métamorphose dans mon être profond : je me vois parce qu'ilme voit, je m'appréhende comme objet devant une transcendance et une liberté. Si chaque conscience est une liberté qui rêve d'être absolu, elle ne peut que chercher à transformer la liberté del'autre en chose passive.

Sartre illustre d'abord ce conflit à travers l'expérience du regard.

Qu'est-ce qui, en effet, me dévoile l'existence d'autrui, sinon le regard ? Si je regarde autrui, ce dernier me regarde aussi.

C'est la raisonpour laquelle Sartre envisage les deux moments. Dans un premier moment, je vois autrui.

Imaginons : « Je suis dans un jardin public.

Non loin de moi, voici une pelouse et, le long de cette pelouse, des chaises. » Situation paisible.

Le décor est neutre, la trame est inexistante : « Un homme passe près des chaises.

Je vois cet homme… » Finie la quiétude ! Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne le saisis pas seulement comme un objet, mais aussi et en même temps comme unhomme.

Si je pouvais penser qu'il n'est rien d'autre qu'un objet, un automate, par exemple, je le saisirais « comme étant « à côté » des chaises, à 2,20 m de la pelouse, comme exerçant une certaine pression sur le sol, etc. ».

Autrement dit ce ne serait pour moi qu'un objet comme les autres, qui s'ajouterait aux autres : « Cela signifie que je pourrais le faire disparaître sans que les relations des autres objets entre eux soient notablement modifiées.

En un mot, aucune relation neuve n'apparaîtrait par lui entre ces choses de mon univers… » Le saisir comme homme, qu'est-ce que cela signifie, sinon saisir une « relation non additive » des objets à lui, une nouvelle organisation des choses de mon univers autour de cet objet privilégié ? Autrement dit, avec l'apparitiond'autrui dans mon champ de vision, une spatialité se déploie qui n'est pas ma spatialité, un autre centre du mondeapparaît et du même coup un autre sens du monde.

Les relations que j'appréhendais entre les objets de mon universse désintègrent : « L'apparition d'autrui dans le monde correspond donc à un glissement figé de tout l'univers, à une décentration du monde qui mine par en dessous la centralisation que j'opère dans le même temps. » Cette décentration du monde fait de moi un sujet glissant.

La désagrégation « gagne de proche en proche » tout mon univers.

Autrui tend à me « voler le monde ».

Si autrui n'existait que sur le mode d' « être-vu-par-moi », je pourrais, en m'efforçant de le saisir seulement comme objet, le réintégrer dans ma propre vision du monde.

Maisautrui me voit.

J'existe sur le mode d' « être-vu-par-autrui ».. »

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