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Descartes, Discours de la méthode, troisième partie.

Publié le 19/03/2015

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La forêt sans repère

Ma seconde maxime était d'être le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais, et de ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses, lorsque je m'y serais une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées. Imi­tant en ceci les voyageurs qui, se trouvant égarés en quelque forêt, ne doivent pas errer en tournoyant, tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, ni encore moins s'arrêter en une place, mais marcher toujours le plus droit qu'ils peuvent vers un même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons, encore que ce n'ait peut-être été au commencement que le hasard seul qui les ait déterminés à le choisir : car, par ce moyen, s'ils ne vont justement où ils désirent, ils arriveront au moins à la fin quelque part, où vraisemblablement ils seront mieux que dans le milieu d'une forêt. Et ainsi, les actions de la vie ne souffrant aucun délai, c'est une vérité très certaine que lorsqu'il n'est pas en notre pouvoir de discerner les plus vraies opi­nions, nous devons suivre les plus probables ; et même, qu'encore que nous ne remarquions point davantage de probabilité aux unes qu'aux autres, nous devons néanmoins nous déterminer à quelques-unes, et les considérer après, non plus comme douteuses, en tant qu'elles se rapportent à la pratique, mais comme très vraies et très certaines, à cause que la raison qui nous y a fait déterminer se trouve telle.

 

Descartes, Discours de la méthode, troisième partie.

De la forêt sans repère, pure extériorité uniforme où un tronc est un tronc, où les feuilles qui jonchent le sol se ressem­blent toutes, il faudra bien sortir. Comme du labyrinthe, où Thésée tua le Minotaure. Mais nul ne détient d'emblée un fil d'Ariane. S'il faut quitter le territoire qu'occupe une forêt, il convient à l'évidence de progresser vers la lisière, coûte que coûte, et tout déplacement doit s'inscrire dans cette visée. Arriver « quelque part «, c'est en l'occurrence atteindre un tel but, et l'endroit où l'on sort enfin de la forêt importe moins que le fait d'en sortir. C'est la conscience rationnelle de cette priorité qui éclaire et guide, en définissant au sens propre la ligne de conduite.

 

La nature ne parle pas aux hommes leur langage et les reconduit à la seule possibilité qu'ils ont de s'orienter : se donner des repères en rendant consciente la position qu'ils occupent au regard des choses et des espaces. Le sujet perce­vant fait retour à soi comme source des directions et des dis­tances aussi simplement qu'il distingue sa main gauche et sa main droite, son dos et sa poitrine. Les points cardinaux peu­vent alors être identifiés à partir de la position du soleil dans le ciel et de l'orientation corporelle. Kant : « Si je vois le soleil au ciel et si je sais qu'il est maintenant midi, je puis trouver le sud, l'est, le nord et l'ouest ; mais à cet effet il m'est indispensable d'éprouver par rapport à moi-même le sentiment d'une différence ; je veux dire celle de droite et de la gauche « (Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?).

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