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DESCARTES: Mens sana in corpore sano

Publié le 22/02/2012

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Sitôt que j'ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique, et que, commençant à les éprouver en diverses difficultés particulières, j'ai remarqué jusques où elles diffèrent des principes dont on s'est servi jusqu'à présent, j'ai cru que je ne pouvais les tenir cachées sans pécher grandement contre la loi qui nous oblige à procurer autant qu'il est en nous le bien général de tous les hommes. Car elles m'ont fait voir qu'il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu'au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, niais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie; car même l'esprit dépend si fort du tempérament et de la disposition des organes du corps, que, s'il est possible de trouver quelque moyen qui rende communément les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit le chercher. Discours de la méthode (1637) NRF, La Pléiade, p. 168-169, Sixième partie.
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« points de la méthode cartésienne que de considérer le métier comme exemple de démarche réglée et deconnaissance « distincte », cf.

Regulae, règle X). Si nous connaissions la nature dans ses procédures comme nous connaissons les métiers, les éléments environnants deviendraient autant de sources possibles d'utilité pour l'homme, qui serait de ce fait dans lemême rapport avec la nature qu'avec ces métiers que les artisans « maîtrisent » et qu'ils possèdent.

Celui quiconnaît le métier des artisans le maîtrise-t-il, le possède-t-il? On peut en douter, mais Descartes ne fait pascette réserve. 4.

Dans les limites de ce qui n'est pas même un projet, mais une simple extrapolation (nous pourrions...), Descartes examine enfin les avantages à attendre d'une orientation vers la connaissance de la nature.Ignorant en cette matière la Loi divine et les prophètes, il envisage en ce bas monde la fin d'une existencepénitentiaire vouée à un travail artificiellement rendu pénible par décret supérieur.

Si nous profitions d'uneconnaissance scientifique des forces composant l'environnement (airs, eaux...), ces « artifices » feraientbénéficier l'homme des usages auxquels elles sont propres (il ne s'agit pas de modifier la nature, mais d'enprofiter) mais sans aucune peine, ce qui ne va pas contre les lois de la nature ni l'intérêt du vivant, maiscontrarie seulement les Écritures dans le domaine séculier auquel Descartes a la prétention d'appliquer lesrésultats de ses pensées.

S'il y a scandale à le dire, ce n'est pas parce que, trois siècles et demi plus tard, une« politique » de développement technoscientifique pose des problèmes d'environnement; c'est, dès cetteépoque, à cause de la rivalité incontournable des philosophes et des prophètes pour définir le « bien commun». Mais Descartes ne s'arrête pas outre mesure à cette partie préliminaire de son extrapolation; il juge que,principalement aussi, en bénéficierait la conservation de la santé qui intéresse tout le monde, et conditionnetous les autres biens de cette vie.

Parmi ceux-ci, il compte l'esprit même, sa sagesse, son habileté, en unsiècle de folies meurtrières et de guerres civiles et religieuses qui abrègent la vie et altèrent la santé, maissurtout procèdent d'un esprit déjà altéré par les passions.

Science et technique contre passions réformatriceset folie superstitieuse, le programme philosophique de Descartes (un esprit sain dans un corps sain) sembleavoir gardé toute son actualité.. »

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