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Désir et besoin

Publié le 13/01/2004

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Il met à mort à sa guise, prend les femmes de son choix, achète ce qu'il veut. Ses désirs sont des ordres, son plaisir fait la loi. Parce qu'aucune contrainte ne pèse sur lui, parce qu'il fait tout ce qui lui plaît, il nous paraît tout-puissant et libre. Est-il vraiment le plus libre des hommes ?1. LA LIBERTÉ DU BON PLAISIRA - Affirmer sa propre nature* Tout homme recherche le bonheur dans sa vie. La liberté de faire ce qui lui plaît, c'est le pouvoir d'imposer la réalisation de son bonheur contre tout, contre tous, car celui qui triomphe de tous les obstacles, c'est celui qui n'a pas d'autre loi que celle qu'il s'est lui-même donnée.* C'est aussi la force de suivre son plaisir : semblable, dit Platon dans le Gorgias, au tonneau percé qu'on veut remplir, le désir n'est jamais satisfait, et chercher à remplir ce tonneau est la tâche la plus éprouvante qui soit. Être libre, c'est donc avoir la force de suivre les exigences que notre propre nature nous impose.* La puissance d'être libre, c'est en somme la puissance d'être soi-même.

Le besoin caractérise l'état de l'organisme lorsqu'il est privé de ce qui assure son fonctionnement : on distingue le besoin vital - boire et manger -, qui concerne la conservation de l'individu, et le besoin sexuel, qui assure la survie de l'espèce. S'ajoutent à ces besoins physiologiques les besoins dits « artificiels «, créés par la société. Dans les deux cas, le besoin trouve son assouvissement dans un objet qui lui préexiste et le complète. Il en va autrement du désir : il n'a pas d'objet qui lui soit par avance assigné. Quand je désire être heureux, suis-je capable de définir précisément ce que j'attends ? L'objet du désir est indéterminé.

« Socrate : Mais, tout de même la vie dont tu parles, c'est une vie terrible ![…] En effet, regarde bien si ce que tu veux dire, quand tu parles de ces genres de vie, une vie d'ordre et une vie de dérèglement, ne ressemble pasà la situation suivante.

Suppose qu'il y ait deux hommes qui possèdent, chacun, un grand nombre de tonneaux.

Lestonneaux de l'un sont sains, remplis de vin, de miel, de lait, et cet homme a encore bien d'autres tonneaux, remplisde toutes sortes de choses.

Chaque tonneau est donc plein de ces denrées liquides qui sont rares, difficiles àrecueillir et qu'on obtient qu'au terme de maints travaux pénibles.

Mais, au moins, une fois que cet homme a remplises tonneaux, il n'a plus à y reverser quoi que ce soit ni à s'occuper d'eux ; au contraire, quand il pense à sestonneaux, il est tranquille.

L'autre homme, quant à lui, serait aussi capable de se procurer ce genre de denrées,même si elles sont difficiles à recueillir, mais comme ses récipients sont percés et fêlés, il serait forcé de les remplirsans cesse, jour et nuit, en s'infligeant les plus pénibles peines.

Alors, regarde bien, si ces deux hommesreprésentent chacun une manière de vivre, de laquelle des deux dis-tu qu'elle est la plus heureuse ? Est-ce la vie del'homme déréglé ou celle de l'homme tempérant ? En te racontant cela, est-ce que je te convaincs d'admettre quela vie tempérante vaut mieux que la vie déréglée ? […] Gorgias : Tu ne me convaincs pas, Socrate.

Car l'homme dont tu parles, celui qui a fait le plein en lui-même et en ses tonneaux, n'a plus aucun plaisir, il a exactement le type d'existence dont je parlais tout à l'heure : il vit commeune pierre.

S'il a fait le plein, il n'éprouve plus ni joie ni peine.

Au contraire, la vie de plaisirs est celle où on verse etreverse autant qu'on peut dans son tonneau ! » Platon , « Gorgias ». • La puissance d'être libre, c'est en somme la puissance d'être soi-même.

En cherchant toujours à réduire l'écartentre ce que l'on veut et ce que l'on a, en réalisant toujours ce qui nous vient du plus intime de notre être, nousréalisons notre être.

Être libre, c'est s'affirmer soi-même. B - Triompher des obstacles. • Dans une société humaine, des contraintes pèsent sur nous.

Notre liberté, dit-on, s'arrête là où commence celledes autres.

Si nous voulons donc être tout à fait libre, il faut devenir tyran : il faut nier la liberté des autres, pourlaisser s'étendre absolument la sienne.

La liberté du bon plaisir porte en soi le projet politique de la tyrannie, ou lecaprice d'un seul est la loi de tous les autres. • Le tyran peut mettre à mort qui il veut ; mais il aura beau lancer la pierre en l'air, toujours elle retombera contresa volonté.

Si être libre, c'est pouvoir faire tout ce que l'on veut, alors nécessairement la liberté humaine a desbornes ; car les lois de la nature n'ont que faire de notre bon plaisir. • Affirmer sa propre nature, c'est nier tout ce qui va contre elle ; mais tout ce qui va contre elle ne peut être nié.La liberté du bon plaisir est par nature illimitée, ou elle n'est pas , il suffit d'un obstacle infranchissable, et l'hommelibre a trouvé son maître : un autre homme, l'âge, la mort.. »

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