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Désir et imagination

Publié le 13/01/2004

Extrait du document

q       Est-ce donc uniquement par nécessité ou par calcul que cette communauté se maintient ? Ce n'est sans doute pas par un sentiment altruiste a priori que les hommes vivent ensemble ; mais une fois organisée en société, leur vie acquiert une dimension spécifique, parce qu'elle doit permettre justement plus que la survie : une vie de  famille peut suffire à la survie, mais la vie sociale permet d'autres relations, donc de réaliser une autre dimension de l'humanité.B ~ La civilité : moyen ou fin ?q       En effet, une fois réalisée, une société n'est pas un simple agrégat d'individus : elle les inscrit dans une perspective qui n'est pas seulement de survie immédiate, mais d'échanges, de réseaux d'activités ; l'individu acquiert un sens social, où ce qu'il est est aussi déterminé par ce qu'il fait. C'est alors dans la sphère sociale que peut se déployer la moralité des actions, et que la question de la justice apparaît.q       Un lien social n'est donc pas seulement le réseau des rapports entre individus et des dépendances déterminées par une constitution, un régime de pouvoir. L'identité de chacun s'y constitue.  Cette communauté peut alors devenir une fin en elle-même, quand ce lien est l'intérêt général : si tous ont besoin de tous les autres, alors tous ont pour objectif le maintien en vie de la communauté. Ce lien entre citoyens devrait alors même pouvoir ressembler à l'amitié, selon Aristote.2.

« q L'individu est donc un produit du social.

Mais au sein des rapports de forces économiques, l'individu qui est seulement utilisé comme force de travail est aliéné, rendu étranger à sonhumanité.

Il n'a alors en réalité d'autre choix que d'être exploité (commeune marchandise) pour survivre, c'est là le paradoxe que Marx critique. Les analyses de Marx concernant la généralisation des échanges dans la société capitaliste, et l'emprise croissante des catégories marchandes surla vie sociale, ont mis en évidence les mécanismes fondamentaux qui fontque « les rapports entre les choses » tendent de plus en plus à régler, àdominer « les rapports entre les hommes ».

Ce phénomène, que Marx?analyse dans un passage célèbre intitulé « le caractère fétiche de lamarchandise » (Le Capital, livre l) tient au fait que la production etl'échange, réglés par les finalités du profit capitaliste et non par lasatisfaction harmonieuse des besoins fondamentaux de la société, sontperçus comme un monde étranger, extérieur à chaque travailleur, etexerçant sur lui une contrainte dont il ne peut comprendre la significationqu'en élucidant les conditions de son exploitation, c'est-à-dire les rapportssociaux de production qui régissent toute l'activité sociale.

Mais le plussouvent, le monde des apparences, renforcé par le langage et lesconditionnements idéologiques, occulte totalement le fonctionnement réelde l'exploitation capitaliste.

Le capital et l'argent semblent doués d'une viepropre, autonome.

L'argent « fait des petits » (il peut même « travailler »)tandis que le réinvestissement des profits vient grossir le capital qui, ainsi,semble s'accroître de lui-même.

Avec le salaire aux pièces ou au temps passé, le travailleur peut même avoirl'illusion que l'intégralité du travail fourni est rétribuée, puisqu'il touche une somme « proportionnelle » à la tâcheou au temps passé.

Le discours des économistes qui gèrent le système, des technocrates et des comptables,vient renforcer cette illusion et la systématiser.

Pourtant, un examen un peu attentif et idéologiquementhonnête de -la sphère des échanges et de celle de la production doit conduire à une constatation, que l'on peutrésumer schématiquement ainsi : si, dans la sphère des échanges, et au terme d'un processus de productiondéterminé, apparaît du « profit » (c'est-à-dire une somme d'argent excédentaire par rapport à la sommeinitialement investie), c'est bien que de nouvelles valeurs ont été produites, et qu'elles n'ont pas reçu, dansl'acte d'achat de la force de travail, une contrepartie en argent.

Comme le note Marx, si le détenteur descapitaux et des moyens de production payait à sa valeur la totalité du travail fourni, il ne pourrait réaliser deprofit : celui-ci, travesti en « bénéfice », n'est pas autre chose que la forme prise par la plus-value, c'est-à-direla différence entre la valeur de la force de travail achetée pour un temps déterminé et la valeur des produitseffectivement fabriqués pendant ce temps.

Mais le « contrat de travail » et toutes ses stipulations juridiquesoccultent un tel mécanisme et suscitent de surcroît l'illusion que le patron et l'ouvrier contractent librement etdéfinissent en commun les conditions de l'embauche, alors que les conditions d'existence de chacun, ladistribution des richesses, l'état du marché du travail, etc., rendent totalement illusoire et mystifiante cette «égalité juridique ».

Pour être saisie dans sa signification réelle, la forme apparente de l'échange doit être référéeaux conditions concrètes dans lesquelles se trouvent effectivement les hommes et les classes socialesauxquelles ils appartiennent. B ~ Liens symboliques, liens réels. q Le lien social n'est pas réductible à la seule utilité, pas plus qu'on ne peut le comprendre comme symbiose totale.

Il est fait autant de liens réels, matériels que de liens symboliques ou virtuels : relations de pouvoir, jeuxet enjeux de désirs, de représentations de la société par elle-même. q S'il y a coïncidence entre le développement de l'essence de l'homme et l'essence de la société, si les hommesse transforment avec et en transformant la société, cette coïncidence est le produit de l'histoire : elle restedonc toujours à construire.. »

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