DÉSORDRES ET «RAISON DES EFFETS» CHEZ PASCAL

« Au XVIIe siècle, certains libertins prétendent suivre ces doctrines, mais parfois, et c'est le cas des épicuriens, en lesavilissant, en recherchant les plaisirs les plus grossiers. Or, n'est-il pas curieux de constater que chacune de ces « sectes » a recherché la réponse dans chacun des trois «ordres » ? Les épicuriens dans la chair, les sceptiques dans l'esprit, les stoïciens dans la sagesse. Mais les épicuriens n'ont pas su s'élever au-dessus de l'ordre le plus bas ; ils ont cédé à la concupiscence de lachair. Les sceptiques ont cédé à la curiosité et ils ont été pris à leur jeu; ils n'ont pas voulu reconnaître la grandeur de laraison qui pourtant est réelle ; dans la pratique, leur attitude est celle des « habiles ». Les stoïciens auraient peut-être trouvé la vérité, si leur doctrine, qui prétend atteindre la sagesse, n'était viciée parl'orgueil, autre concupiscence.

Ils méprisent le vulgaire, incapable de pratiquer la plus haute vertu; et par là, il leurmanque cette humilité sans laquelle il est impossible d'accéder à l'ordre supérieur.

Ils croient bien à l'existence d'unDieu, mais ils rejettent Jésus-Christ et se font dieux eux-mêmes. Dans ces conditions nous pouvons reprocher à ces trois écoles de philosophes une vision des choses insuffisante,car chacune ne considère qu'un seul des trois plans pour mettre en évidence ou bien la misère de l'homme(épicuriens et sceptiques) ou bien sa grandeur (stoïciens).

D'autre part, cette vision est ou trop courte (sceptiques)ou faussée (stoïciens).

Or l'homme est à la fois misère et grandeur, et seul pourra le satisfaire le système qui luiproposera une explication tenant compte de tous les éléments.. »