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La raison hors de ses gonds de B. PASCAL

Publié le 06/01/2020

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Pascal dépeint la défaite de la raison devant l'imagination. L'exigence rationnelle de stabilité et de cohérence est battue en brèche par l'imagination « cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours ». L'imagination peut surprendre la raison la plus sûre d'elle-même.

 

Cette superbe puissance ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et à la dominer, pour montrer combien elle peut en toutes choses, a établi en l’homme une seconde nature. [...] Elle fait croire, douter, nier la raison. Elle suspend les sens, elle les fait sentir. Elle a ses fous et ses sages. Et rien ne nous dépite davantage que de voir qu’elle remplit ses hôtes d’une satisfaction autrement pleine et entière que la raison. Les habiles par imagination se plaisent tout autrement à eux-mêmes que les prudents ne se peuvent raisonnablement plaire. [...]

 

Le plus grand philosophe du monde sur une planche plus large qu’il ne faut, s’il y a au-dessous un précipice, quoique sa raison le convainque de sa sûreté, son imagination prévaudra. Plusieurs n’en sauraient soutenir la pensée sans pâlir et suer.

 

Je ne veux pas rapporter tous ses effets ; qui ne sait que la vue des chats, des rats, l’écrasement d’un charbon, etc. emportent la raison hors de ses gonds. [...]

 

L’affection ou la haine changent la justice de face, et combien un avocat bien payé par avance trouve-t-il plus juste la cause qu’il plaide. [...] Plaisante raison qu’un vent manie à tous sens. [...] Car la raison a été obligée de céder, et la plus sage prend pour ses principes ceux que l’imagination des hommes a témérairement introduits en chaque lieu.

 

Blaise Pascal, Pensées, 44, © Éd. Lafuma, Éd. du Seuil, 1963, p. 504.

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« Pascal, la raison ne surmonte totalement l'imagination, mais le contraire est ordinaire>> (Pensées, 44).

« L'imagina­ tion dispose de tout » : elle produit, amplifie ou suspend les impressions immédiates, nous remplit de frayeur ou nous comble de plaisir.

La raison, au contraire, ne dispense ni l'un ni l'autre : « La raison a beau crier, elle ne peut mettre le prix aux choses».

Ainsi s'expliquent les réactions irrationnelles que présente si souvent le comportement humain : le vertige malgré l'assurance de ne pas tomber, la peur d'animaux inoffensifs pour l'homme, la perte de contrôle de soi en présence de certains bruits (écrasement d'un charbon, dit Pascal : nous parlerions plutôt du crisse­ ment de la craie ou des craquements d'articulations osseuses).

Les raisonnements pèsent bien peu dans de telles circonstances.

De cette manière, l'imagination rallume è tout moment « la guerre qui est entre les sens et la raison ».

Elle intro­ duit une disproportion entre les impressions des sens et leurs causes.

Mais Pascal ne se contente pas d'une critique de l'imagi­ nation.

Il en tire une sagesse pratique : « Qui voudrait ne suivre que la raison serait fou proùvé >}.

L'homme n'est que rarement conduit par la seule raison.

Notamment dans ses relations avec le pouvoir politique: « Il faudrait avoir une raison bien épurée pour regarder comme un autre homme le grand seigneur environné dans son superbe sérail' de quarante mille janissaires ».

Il faut donc compter avec les prestiges de l'imagination.

Et au besoin, savoir les utiliser.

Contre un rationalisme trop sûr de soi, Pascal prône un bon usage des puissances trompeuses de l'ima­ ·gination.. »

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