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Devant une oeuvre d'art, peut-on dire : « à chacun son goût? » ?

Publié le 02/02/2004

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L'accepter, n'est-ce pas vouer l'art à l'insignifiance, en faire un amusement qui n'engage à rien ? L'analyse du sentiment esthétique et du jugement de goût par Kant nous montre les limites de ce relativisme. Tout d'abord, il existe bien un domaine où les goûts ne se discutent pas, c'est celui de l'agréable. Il ne convient pas de discuter une préférence personnelle, ni l'idée que chacun peut avoir de son propre intérêt. En revanche, le sentiment esthétique ne renvoie à aucun intérêt, il est affaire de contemplation. Cependant, la préférence subjective prend alors la forme d'un jugement : la chose est dite belle, comme s'il y avait un critère sûr de cette beauté, comme si l'on disposait d'un concept à quoi la rapporter ; en fait, le jugement esthétique appelle la reconnaissance d'autrui, alors même qu'il est l'expression d'un sentiment particulier; il requiert approbation comme s'il était rationnel. Sa prétention à l'universalité, en dépit de l'impossibilité de conclure une discussion, le distingue des préférences particulières et insignifiantes. En toute rigueur, on ne peut pas dire : à chacun son goût. B. Qu'en est-il cependant si, comme le fait Pierre Bourdieu, on remet en cause ce caractère désintéressé du jugement de goût, pour insister sur les déterminismes sociaux dont ils procèdent, sur les rapports de pouvoir que la fréquentation des oeuvres d'art permet à la fois d'affirmer et de dissimuler?

« manière pour les penseurs.

A vouloir déterminer théoriquement des canons de beauté, on s'aperçoit qu'on est vitetombé dans un combat où chacun persiste à défendre sa conception, et c'est par là même, à savoir à travers cesdivergences d'opinions, que se renouvelle encore la question du beau.

I.

Le beau n'est pas le vrai… a.

La Grèce antique comptait déjà beaucoup d'artistes, de peintres, de sculpteurs, de rapsodes (personnes qui récitaient des épopées d'Homère).

Aux yeux de Platon , l'artiste n'est qu'un imitateur qui fourvoie le public en lui offrant de la beauté illusoire.

L'œuvre d'art est une « imitation d'imitation »,un reflet bien pauvre de l' Idée du Beau qui n'existe en vérité que dans le monde intelligible, dans un monde au-delà du monde de l'homme, du mondesensible.

Ainsi les spectateurs de l'œuvre d'art croient qu'ils s'entretiennenttous avec le beau, à travers les émotions que l'œuvre leur procure, mais ilapparaît que ce plaisir qu'ils ressentent n'est que flatterie, flatterie des sensqui ne peuvent prétendre à la connaissance véritable du beau en soi. b.

C'est l'art considéré comme technique (tékhné) que Platon valorisera. En effet, cet art doit s'inspirer de l'art égyptien, c'est-à-dire qu'il doit s'établirselon des canons simples, selon des règles qui se rapprochent de l'artrationnel ou logique.

L'art doit donc être une production de l'ordre du« savoir-faire », et non de l'ordre d'une volonté de provoquer un plaisirillusoire (cf.

République , Ion , Lois VII). c.

Nietzsche posera aussi une antinomie entre l'art et la vérité.

Mais Nietzsche renverse la conception de Platon puisqu'il croit plus en l'art qu'en lavérité.

La réalité est multiple et contradictoire, et seul l'art est capable demontrer les multiples facettes de la réalité.

A la différence des sciences, de laphilosophie, qui veulent à tout prix simplifier le monde en posant des essences(telle l'Idée de Beau chez Platon) pour toutes choses.

Ainsi avec Nietzsche leperspectivisme reprend ses droits et chacun selon son point de vue a la possibilité, sans faire obstacle à quelques règles imposées, d'avoir son avis sur le beau.

L'accord sur le beau n'estque l'illusion, le fantasme des philosophes. II.

Le beau relève du plaisir. a.

Kant examine le beau dans sa Critique de la faculté de juger .

Il montre qu'un jugement esthétique est, selon les catégories (qui permettent de comprendre le particulier dans l'universel),universel.

Ce jugement fait donc appel à un sens commun à tous les hommesdoués d'entendement.

Dans le jugement s'exprime ainsi un « plaisirdésintéressé ».

Est donc beau ce qui éveille le plaisir par le fait qu'il présenteune finalité.

Les fleurs sont ainsi des beautés libres de la nature par l'harmoniede leurs parties.

Mais l'ambiguïté c'est que le jugement du beau ne peut êtreprouvé, et pourtant il exige qu'on y adhère.

C'est l'alliance d'un jugementsubjectif et d'un sens commun qui dépasse tout individu. b. Mais on peut aussi considérer le beau à l'aune d'un plaisir qui, à la différence de Kant, n'excède pas le sujet.

Kierkegaard définit chez le sujet un premier stade de l'existence, qui est le stade esthétique (précède lesstades éthiques et religieux).

Ainsi l'homme dans ce stade vit dansl'immédiateté, et a pour règle, tel Don Juan : « il faut jouir de la vie ».

Ainsicette vie hédoniste (relative au plaisir) individuelle montre le côté toujoursinachevé d'un plaisir qui se nourrit seulement des objets extérieurs qui luiparviennent, sans réflexion sur un plaisir commun.

Ce centrement sur soiamènera vite au désespoir du sujet. III.

Le beau se suffit à lui-même.

a.

L'avis d'un public de l'art, même averti, ne saurait influer sur l'idée de ce qui est beau.

En effet l'œuvre d'art parle d'elle-même, et ce à tel point que l'artiste qui l'a produite en est effacé.La nature aussi est l'expression d'une beauté originelle, comme le dira le poète Hölderlin .

Il n'est pas besoin de définir le beau puisqu'il est toujours là devant soi, et qu'il n'a pas de règle.

Au contraire, c'est ce qui n'a pas de règlequi donne des règles à l'art.

Le génie est celui qui donnera, sans le savoir, des règles pour l'art académique, l'art desécoles de beaux arts.

C'est la conception kantienne du génie.

Ce génie est donc le moyen par lequel le beau viendras'exprimer parmi les hommes. b. Le beau se moque des jugements des hommes.

Les hommes attribuent leurs valeurs dans leurs jugements. Ainsi un occidental pourra voir dans ses productions artistiques modernes plus de poids et de sens que dans uneproduction tribale, issue des croyances d'un peuple dont le mode de vie est en rupture avec le modèle des sociétés. »

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