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Dissertation: L'homme est-il fait pour être heureux ?

Publié le 12/06/2012

Extrait du document

 

 « Tous les hommes recherchent d’être heureux, même celui qui va se pendre « remarque ironiquement Pascal. Si le pendu ne pensait pas être plus heureux mort que vivant il ne serait pas tenté par la mort. Pascal fait du Bh un objectif universel et fait de l’exception, le désespéré, une non-exception (puisqu’il espère encore être moins malheureux mort que vivant). Il rejoint en cela les philosophes de l’antiquité qui font du Bh le Souverain Bien ainsi que l’opinion commune qui s’interroge : pourquoi vivre si ce n’est pas pour être heureux ? Et pourtant le suicide existe. L’observation de Pascal souligne le paradoxe suivant : une vie heureuse, faite de plénitude, joie, plaisir d’exister est désirée par tous les hommes comme le but ultime de la vie, ce sans quoi elle n’aurait pas de sens ; or, si elle est désirée c’est quelle n’est pas possédée, que tous les hommes en manquent. Et ce manque peut conduire à l’acte qui met fin à toute recherche, comme si on était résigné à n’être jamais heureux. Une question au cœur de la vie de chacun mérite alors d’être posée : l’homme est-il fait pour être heureux ?  La question porte sur l’homme en général et non tel individu plus chanceux qu’un autre, ce qui évacue au passage la simple définition du Bh comme chance. Tous les hommes sont-ils faits pour (et par qui si ce n’est la nature ?) le Bh ? Est-ce bien leur finalité naturelle et en ont-ils les moyens ? La nature conditionne l’accord moyen-but pour tous nos besoins, mais qu’en est-il du Bh quand on sait que par nature l’homme est désir, rendant difficile la compatibilité avec un bonheur conçu comme état durable de satisfaction ? Par ailleurs, être heureux c’est se savoir heureux, or la conscience n’est-elle pas ce qui m’arrache à ma condition première et qui me rendrait presque jaloux de l’inconscience animale ?

 

« IV- Le bonheur comme idéal 1) Le bonheur est inaccessible · Contrairement au temps animal, « le temps humain ne tourne pas en cercle mais avance en ligne droite.

C’est pourquoi l’homme ne peut être heureux puisque le bonheur est désir derépétition » (Kundera, L’insoutenable légèreté de l’être) Il est vrai qu’on aimerait que les moments agréables ne s’arrêtent pas, durent toujours.

Or le propre de notre temporalité est ledevenir, la suite de changements d’état.

« On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve » disait Héraclite.

L’irréversibilité du temps rend absurde ce désir de répétition ancré aucœur de l’homme. · Par ailleurs, si le bonheur est un état de satisfaction durable et entier, et si l’homme, certes doué de raison, cherche à satisfaire sa sensibilité par des objets ponctuels, éphémères etvariables, alors le bonheur apparaît comme un rêve, un idéal de l’imagination.

Les sages stoïciens, épicuriens, aristotéliciens apparaissent alors comme des surhommes baignant dans un bonheur inaccessible au commun des mortels.

Parce qu’il apparaît inaccessible, Kant s’interroge sur la validité du bonheur conçu comme but de la vie et lui préfère alors la vertu.

La part rationnelle de l’homme lui intime l’ordre de faire son devoir, qui s’oppose la plupart du temps à la satisfaction de sa sensibilité.

Kant, néanmoins, n’oppose pas rigoureusementbonheur et devoir ; d’une part parce qu’on ne saurait être moral si l’on est trop malheureux, d’autre part parce que même s’il n’en est pas le but, le plaisir peut accompagner l’acte juste.Enfin, Kant fait du bonheur une récompense céleste d’une vie vertueuse terrestre. 2) La dictature du bonheur : quand l’idéal se fait pesant, oppressant Il faut être heureux sous peine d’avoir l’impression de rater sa vie.

La publicité a sa part de responsabilité dans l’impression de ce message dans la conscience (ou l’inconscient !)collective.

Jamais la pression n’a été aussi forte ; le bonheur étant à portée de main (ou de porte-monnaie), bien sot ou marginal celui qui ne tend pas le bras pour le saisir.

Le bonheurest alors de posséder le dernier objet à la mode, car on se sentirait frustré donc malheureux de ne pas l’avoir.

Le bonheur est devenu un idéal mercantile.

Mercantile parce qu’il semblepouvoir s’acheter.

Idéal seulement, car sinon il n’y aurait pas de nouveaux produits se substituant à ceux censés nous rendre heureux.

Celui qui ne pourra s’aligner sur cette nouvellenorme du bonheur promu et promis par la publicité fera figure de mouton noir et, qui plus est, culpabilisera de l’être.

Nulle place alors aux faiblesses, aux désarrois de l’âme incapable dese rallier au mot d’ordre de son époque.

C’est précisément cette tyrannie de l’idéal que dénonce Bruckner avec l’expression « la corvée du bonheur ». 3) La fonction de l’illusion. L’idéal est un modèle, de surcroît absolu, de ce vers quoi on aspire.

Il joue le rôle d’un aimant guidant nos boussoles esthétiques, morales, intellectuelles.

Idéaliser c’est considérer lachose en sa perfection.

Or le bonheur parfait n’existe pas, est inaccessible.Pourquoi conserver le désir de bonheur s’il est illusoire de le satisfaire ? Parce que le bonheur est une illusion nécessaire et, en tant que tel, répond à une fonction.

L’illusion est uneapparence dépourvue de réalité mais qui nous permet de supporter cette réalité.

Selon Nietzsche, l’illusion protège du désespoir ou du vide de l’existence.

Espérer être heureux retient dese suicider. Conclusion : Le bonheur, comme idéal, suscite un espoir permanent qui rend la vie supportable, vivable.

Si le bonheur n’était pas un horizon enviable, l’homme se réduirait à n’être qu’une machinepensante et agissante.

Et encore, ferait-il des efforts pour penser et agir s’il ne le faisait pas dans le but d’être heureux ?Le bonheur apparaît comme une illusion nécessaire, vitale (un moteur) L’homme n’est pas fait pour être heureux (il a plutôt un don pour se rendre malheureux) mais pour le désir debonheur.

Ainsi peut-on rejoindre St Augustin : « Le bonheur n’est pas un but mais un chemin ».. »

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