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Distinguer et définir les différentes sortes d'habitudes : les habitudes instinctives, organiques, intellectuelles et morales.

Publié le 31/05/2011

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Introduction. — C'est une loi de notre nature que, quand un mouvement a été répété plusieurs fois, une tendance à le reproduire à l'occasion se développe dans l'organe qui l'a exécuté. Aussi, quand nous voulons l'exécuter de nouveau, nous trouvons un auxiliaire dans cette tendance créée par nous, et nous ne sommes pas obligés à un effort aussi vigoureux que dans le premier cas. Si nous répétons encore ce même mouvement, la même activité factice s'accroît dans l'organe, l'effort diminue en proportion même de la répétition, et à certain moment il disparaît complètement ; dès lors les mouvements les plus compliqués s'exécutent avec aisance, les opérations les plus fatigantes deviennent faciles et même agréables. Ce qui est vrai des mouvements du corps, l'est aussi des mouvements de l'âme; voilà pourquoi on a pu distinguer différentes sortes d'habitudes, admettre des habitudes instinctives et organiques, ainsi que d'autres habitudes qui exercent une influence, considérable sur le développement intellectuel et moral de l'homme. Toutefois il importe avant tout de bien établir que c'est l'activité qui donne naissance à l'habitude; aussi n'en trouve-t-on pas dans la matière inorganique.

« idées subit également l'influence de l'habitude; suivant la direction habituelle qu'on lui imprime, elle peut beaucoupsur notre esprit; en effet, s'habituer à unir les idées d'après des rapports naturels, c'est s'habituer à voir les chosescomme elles sont, c'est s'assurer la rectitude du jugement; au contraire, unir d'ordinaire les idées d'après desrapports accidentels ou de fantaisie, c'est s'exposer à laisser pénétrer dans son esprit des idées fausses et dessuperstitions, qui souvent résistent à tous les efforts faits pour les déraciner.

L'imagination également gagne ousouffre beaucoup suivant les habitudes que nous lui donnons ou lui laissons prendre ; si nous nous accoutumons à lacontenir, à la ramener sans cesse à la réalité, elle pourra, tout en conservant sa puissance, produire les plusheureuses créations; mais si nous la laissons s'égarer à la poursuite des chimères, elle tombera dans le monstrueuxet le grotesque, elle ne sera plus que à la folle du logis ', le bon sens désavouera ses productions et protesteracontre ses extravagances.

L'habitude fera aussi du jugement une faculté admirablement propre à discerner le vrai dufaux, si l'esprit est surveillé et maintenu dans la sphère des réalités ; autrement il se remplira de préjugés.

Mais ellepeut beaucoup surtout pour le raisonnement, qui est une opération si compliquée; car c'est avec peine que nousparvenons à enchaîner nos idées, à en saisir le lien, à les faire sortir les unes des autres, de façon à aboutir Dar unemarche régulière à des conclusions légitimes; c'est l'habitude qui nous permet, par des efforts réitérés, d'arriver àcet enchaînement logique et rigoureux; le raisonnement possède alors une singulière puissance, qui a fait la force decertains penseurs, de Platon, d'Aristote, de Pascal. Quatrième partie.

— Mais c'est surtout dans l'ordre moral que l'influence de l'habitude est bienfaisante ouredoutable.

J.-J.

Rousseau a dit avec raison : « La vertu est un état de guerre, où l'on a toujours quelque combat àlivrer contre soi-même et contre les autres.

» En effet, la vertu qui consiste à sacrifier au devoir les instincts, lesintérêts et les passions, suppose la lutte contre ces instincts, ces intérêts et ces passions; il faut donc un effortsouvent pénible pour vouloir le bien; or, aucune vertu ne résisterait s'il fallait chaque jour livrer les mêmes combatssans se trouver le lendemain plus fort que la veille.

Mais heureusement, après avoir souvent voulu avec effort, onveut ensuite sans peine, et la pratique de la vertu devient alors comme naturelle.

L'éducation peut beaucoup sousce rapport en nous faisant contracter dès l'enfance de bonnes habitudes.

Il est vrai aussi que des parents ignorantsou vicieux laissent contracter ou font contracter à leurs enfants de détestables habitudes, dont ils ne peuvent plusensuite se délivrer; un des points les plus importants de l'éducation consiste donc à bien diriger l'habitude, qui apour caractère de dominer l'âme. Résumé.

— L'habitude est donc la condition de tout progrès chez l'homme; elle nous permet de nous assujettir lesanimaux et même les plantes ; elle nous soustrait en partie à l'action du monde extérieur, puisqu'elle émousse notresensibilité physique, tout en développant la force des sentiments et rendant plus vivaces les affections qui nousunis-sent aux autres hommes et font le charme de la vie.

Elle rend possibles l'industrie et la culture des arts parl'adresse et la précision qu'elle donne à nos mouvements ; par elle les fonctions de l'intelligence deviennent pluspromptes et plus sûres; enfin, elle augmente l'énergie de la volonté et nous rend la vertu, non seulement possible,mais facile et agréable; L'accoutumance ainsi nous rend tout familier.(LA FONTAINE.) Elle intervient donc dans tous les phénomènes de notre vie physique, intellectuelle et morale.

Mais elle peut aussidevenir un instrument de corruption et faire un besoin de la pratique du vice; il faut donc veiller avec le plus grandsoin sur la formation des habitudes.. »

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