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Doit-on nécessairement penser la culture au pluriel ?

Publié le 19/02/2005

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culture

•    Angles d’analyse → Il a pu arriver, en raison de ces différences ou sous prétexte de ces différences, de refuser le statut d'homme à des êtres qui manifestement pourtant ressemblaient à des hommes, comme par exemple les Noirs dont on a prétendu qu'ils n'avaient pas d'âme, ce qui autorisait à les utiliser comme esclaves ou comme les Juifs que les nazis comparaient à des rats ou à des microbes, ce qui préparait à l'idée qu'il était nécessaire de les supprimer et qu'en le faisant, on ne tuerait pas des hommes. Au nom d'une certaine idée de l'homme et de la culture, et en raison de différences observables entre eux, on a pu donc refuser le statut d'hommes à des êtres qui pourtant étaient des membres de l'espèce humaine.   → Il s’agit donc de s’interroger sur la légitimité d’une penser plurielle de la culture. Car si de fait il semble qu’il y ait bien plusieurs cultures différentes, peut-on franchir le cap du droit ? → Au fond, c’est bien ici la définition de la culture comme telle, et a fortiori sont statut, qui sont mis à la question. Mais, plus profondément encore, c’est l’unité de l’homme comme espèce, comme appartenant à un même genre d’êtres, c’est-à-dire la notion de nature humaine, qui est à interroger. Nature et culture ne sont donc pas séparables.

  • Problématique

    Si de fait il semble qu’il faille reconnaître qu’il y a bien plusieurs cultures (parfois bien différentes), cela signifie-t-il nécessairement qu’il faille renoncer à penser, en droit, et de manière quasi régulatrice

culture

« l'ethnocentrisme, il ne se contente pas de mépriser, il hait.

Le mépris rabaisse l'autre mais le laisseexister ; la haine, quant à elle, désire rester seule, donc vise l'extermination. - Le racisme nie la possibilité de la diversité culturelle – et au-delà la notion de nature humaine elle-même – au nom d'une prétendue race supérieure.

Or, contrairement à ce qui est cru souvent, ce quimarque l'insoutenable prétention du racisme, ce n'est pas la supériorité d'une race élue, mais la notionmême de race – laquelle n'a de sens que chez les animaux, domestique qui plus est.

Alors quel'ethnocentrisme est un ensemble de préjugés, le racisme est un ensemble de fantasmes (un sang n'existepas, un sang impur non plus).

Pourtant, cette idéologie qui a conduit à l'esclavage, ou encore à légitimerl'extermination des juifs par les nazis, est bien présente dans les faits : on voit difficilement comment onpourrait, après ça, donner un sens au terme singulier de culture, en tout cas comme universelle(puisqu'elle est dans les faits relativiser à des fins d'extermination). · Au nom de l'individu - Au nom de l'individu, on peut récuser le sens de l'idée de culture au singulier.

Diogène, philosophe cynique, cherchait la nuit « l'homme », une lanterne à la main pour se moquer de cesphilosophes que Rabelais appellera plus tard « abstracteurs de quintessence ».

« L'homme », en effet,n'existe pas ; il y a tel ou tel homme, avec un corps et un nom propres, une expérience et une penséesingulières.

L'homme est un concept abstrait, seuls les hommes existent.

« Nature humaine » voudraitdire le plus grand dénominateur commun entre les hommes.

Or, ce qui fait qu'un être humain est ce qu'ilest, c'est justement ce qu'il possède en propre (une apparence physique, un caractère, une expérience,etc.) Ce qui fait de lui un homme, c'est qu'il est justement ce que les autres ne sont pas. · Au nom de l'histoire - En étant attentif au déplacement des lignes, on peut récuser, aujourd'hui, le sens de « la culture » intemporelle.

Si l'on écarte l'hypothèse d'un homme sorti tel quel de l'esprit d'un Dieu créateur,reste une durée longue et lente (plusieurs millions d'années) qui a vu émerger à partir de ses ancêtressimiesques, cet être singulier qu'on appelle « homme ».

Depuis 10 000 ans, l'histoire proprement dite, quiest le temps humain, a remplacé l'évolution naturelle. - Dès lors, la culture au singulier constitue ce qu'en cinéma on appelle un arrêt sur image. Comment peut-on qualifier la culture (au singulier), tant au niveau individuel (un homme), que collectif(l'homme) si son aventure est encore en cours ? Solon, le sage grec, en effet, disait qu'on ne peut direheureux un homme avant sa mort : la mort seule, en effet, transforme la vie en un destin qu'on ne peutplus changer. - Tel est le sens du célèbre énoncé de Sartre « l'existence précède l'essence » (L'existentialisme est un humanisme).

On ne peut dire en quoi consiste la culture au sens universelle (essence del'humanité) tant que son existence n'est pas achevée.

L'homme n'a pas de nature, il a une condition etune histoire, une histoire individuelle qui prend place dans une histoire collective.

Or, tout ce qui a unehistoire n'a pas de définition parce que tout ce qui a une histoire est en devenir et on ne peut définir quece qui ne devient pas, ce qui est déterminé de telle sorte que quoi qu'il arrive, ce qui est ne devient pas,ou pas foncièrement, pas essentiellement. II- L'affirmation d'une culture unique : une signification pratique · Le sens religieux - Les plus anciennes religions ont fait de l'homme le fils de la terre, le produit de la nature : dès lors, chaque peuple se pensait comme radicalement éloignés des autres. - En substituant Dieu à la nature, en faisant de l'homme le produit de l'Esprit et non plus celui de la terre, les religions monothéistes ont inventé cette idée nouvelle de genre humain qui serait comme unefamille immense : sont frères ceux qui ont le même père.

Or les monothéistes ont donné à tous le mêmePère.

De ce point de vue la notion de « la culture » en tant qu'appartenant à l'humanité comme espècecontinue d'avoir une signification forte : elle est ce que Dieu a conçu. · Le point de vue scientifique - Contre l'aberration raciste, la science a prouvé l'unité de l'espèce humaine.

Si les races existaient chez les hommes et si elles étaient séparées comme par des murs, comment expliquer l'efficacité d'unmême vaccin à travers le monde ? Tous les hommes font partie d'un même genre (Homo), d'une mêmeespèce (sapiens), d'une même variété (sapiens une deuxième fois).

La terre est peuplée de six milliardsd'Homo sapiens sapiens.

La couleur de la peau est la différence la plus visible (c'est pourquoi elle a prisune telle importance), mais au-delà de ces apparences, il existe entre tous les homes une profonde unitébiologique.

99% de nos gènes sont communs : nos différences individuelles tiennent seulement dans ledernier pour cent.

Il semble donc que la diversité culturelle ne soit qu'apparente et puisse, en droit, êtreunifiée suivant le terme de nature humaine.

La diversité culturelle n'est dès lors qu'un accident, unecontingence historique et géographique ; en droit, la culture est une. - Sur le plan de l'esprit, l'unité du genre humain n'est pas moins grande : tous les hommes appartiennent à une société, obéissent à des lois qui ne sont plus celles de la nature, parlent une langue,ont des idées, des projets, des rêves, créent des œuvres d'art, etc.

Des travaux d'anthropologie etd'histoire ont montré que des peuples très éloignés dans le temps et dans l'espace pouvaient aboutir àdes solutions (techniques, artistiques, religieuses, etc.) analogues. · La signification éthico-juridique - Les valeurs morales de la dignité et du respect sont corollaires.

La dignité est la valeur attachée à une personne : elle signifie son caractère irremplaçable d'être humain.

Le respect est la reconnaissancede la dignité de l'autre ?. »

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