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Doit-on nécessairement penser la culture au pluriel ?

Publié le 26/08/2005

Extrait du document

culture

CULTURE (lat. colere, mettre en valeur )

Gén. La culture désigne la mise en valeur aussi bien d'un champ (agriculture) que de facultés (éducation). Ainsi, la faculté de penser ne se développe pas spontanément, c.-à-d. sans la médiation d'autres hommes (société). L'inné en l'homme (l'ensemble de ses facultés naturelles) ne s'éveille et l'homme ne s'humanise que par la culture. En ce sens, la culture ne désigne pas l'altération ou l'abandon de la nature humaine mais son accomplissement. Sans culture, l'homme n'est pas même un animal : il est inhumain (comme ces « enfants sauvages » que Lévi-Strauss nomme « monstres culturels »).

NÉCESSAIRE (lat. necessarius, inévitable)

Gén. Qui ne peut pas ne pas être, ou ne peut être autrement qu'il n'est. D'où : qu'on ne peut concevoir comme n'étant pas, ou qu'on ne peut pas concevoir autrement. Opp. à contingent. Crit. Syn. d'apodictique. Kant appelle vérités nécessaires les propositions dont les contradictoires impliquent toujours contradiction, ou sont connues comme fausses a priori . Par ex., « le tout est plus grand que la partie ».

DOIT-ON : Ce genre de sujet interroge sur le devoir. Distinguez le devoir social, celui qui peut éventuellement vous donner bonne conscience du devoir du "for intérieur" ou moral. NÉCESSAIREMENT : inéluctablement, inévitablement. Ce qui est nécessaire ne peut pas être autrement qu'il est.

Analyse du sujet

·         Eléments de définition

Culture = du latin cultura, « culture du sol «.

-          D’abord, il s’agit d’un savoir assimilé et formateur qui donne une place privilégiée aux lettres et aux arts, favorise l’ampleur de la vue, l’intuition critique, l’affinement du goût et la diversité des intérêts.

-          En philosophie, la culture correspond à l’auto-éducation de l’humanité à l’Universel, par la fréquentation des œuvres de langues et de pensée. (® Kant, Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode, ch. 1, A, B.)

-          Au singulier : synonyme de civilisation, l’expérience humaine telle qu’elle s’est accumulée et transmise socialement à travers les générations successives.

-          Au pluriel : ensemble de différences significatives entre groupes humains.

Penser =

1.      Acte de saisir immédiatement l’intelligible, dans une intuition pure de tout élément sensible.

2.      Acte de rassembler les éléments de la représentation. Plus spécialement chez Kant : l’acte de ramener la synthèse du divers du sensible à l’unité de l’aperception intellectuelle.

3.      La faculté de prendre du recul devant l’existant immédiat ou de s’élever à l’universel. (Hegel, Phénoménologie de l’esprit)

·         Angles d’analyse

→ Il a pu arriver, en raison de ces différences ou sous prétexte de ces différences, de refuser le statut d'homme à des êtres qui manifestement pourtant ressemblaient à des hommes, comme par exemple les Noirs dont on a prétendu qu'ils n'avaient pas d'âme, ce qui autorisait à les utiliser comme esclaves ou comme les Juifs que les nazis comparaient à des rats ou à des microbes, ce qui préparait à l'idée qu'il était nécessaire de les supprimer et qu'en le faisant, on ne tuerait pas des hommes. Au nom d'une certaine idée de l'homme et de la culture, et en raison de différences observables entre eux, on a pu donc refuser le statut d'hommes à des êtres qui pourtant étaient des membres de l'espèce humaine. 

→ Il s’agit donc de s’interroger sur la légitimité d’une penser plurielle de la culture. Car si de fait il semble qu’il y ait bien plusieurs cultures différentes, peut-on franchir le cap du droit ?

→ Au fond, c’est bien ici la définition de la culture comme telle, et a fortiori sont statut, qui sont mis à la question. Mais, plus profondément encore, c’est l’unité de l’homme comme espèce, comme appartenant à un même genre d’êtres, c’est-à-dire la notion de nature humaine, qui est à interroger. Nature et culture ne sont donc pas séparables.

 

Problématique

            Si de fait il semble qu’il faille reconnaître qu’il y a bien plusieurs cultures (parfois bien différentes), cela signifie-t-il nécessairement qu’il faille renoncer à penser, en droit, et de manière quasi régulatrice, la notion de culture en un sens universel, au sens où la culture en tant que telle définie l’homme lui-même ?

 

culture

« - On appelle « ethnocentrisme » la tendance que chaque peuple a de se considérer comme la référence de l'humanité,et de voir son pays comme le centre du monde, et en ce sens comme seul cultivé, civilisé.

Il s'agit d'un préjugéuniversel qui exalte la seule culture à laquelle on appartient et méprise les autres cultures au point de leur dénier leurcaractère de suite de borborygmes (étymologie grecque de barbare), les lois que l'on a sont les seules justes, etc.

Ilsemble donc que cette idée de culture au singulier, étant donné la diversité de fait, et la mentalité des peuples, n'aitpas de sens – ni hier ni aujourd'hui d'ailleurs.

En tout cas, elle n'apparaît pas comme une évidence de la conscience. · Au nom de la race : le racisme - Le racisme n'est pas seulement un préjugé : il est une idéologie, et, à la différence de l'ethnocentrisme, il ne se contente pas de mépriser, il hait.

Le mépris rabaisse l'autre mais le laisse exister ; la haine, quant à elle, désire resterseule, donc vise l'extermination. - Le racisme nie la possibilité de la diversité culturelle – et au-delà la notion de nature humaine elle-même – au nomd'une prétendue race supérieure.

Or, contrairement à ce qui est cru souvent, ce qui marque l'insoutenable prétentiondu racisme, ce n'est pas la supériorité d'une race élue, mais la notion même de race – laquelle n'a de sens que chezles animaux, domestique qui plus est.

Alors que l'ethnocentrisme est un ensemble de préjugés, le racisme est unensemble de fantasmes (un sang n'existe pas, un sang impur non plus).

Pourtant, cette idéologie qui a conduit àl'esclavage, ou encore à légitimer l'extermination des juifs par les nazis, est bien présente dans les faits : on voitdifficilement comment on pourrait, après ça, donner un sens au terme singulier de culture, en tout cas commeuniverselle (puisqu'elle est dans les faits relativiser à des fins d'extermination). · Au nom de l'individu - Au nom de l'individu, on peut récuser le sens de l'idée de culture au singulier.

Diogène, philosophe cynique, cherchaitla nuit « l'homme », une lanterne à la main pour se moquer de ces philosophes que Rabelais appellera plus tard« abstracteurs de quintessence ».

« L'homme », en effet, n'existe pas ; il y a tel ou tel homme, avec un corps et unnom propres, une expérience et une pensée singulières.

L'homme est un concept abstrait, seuls les hommes existent.« Nature humaine » voudrait dire le plus grand dénominateur commun entre les hommes.

Or, ce qui fait qu'un êtrehumain est ce qu'il est, c'est justement ce qu'il possède en propre (une apparence physique, un caractère, uneexpérience, etc.) Ce qui fait de lui un homme, c'est qu'il est justement ce que les autres ne sont pas. · Au nom de l'histoire - En étant attentif au déplacement des lignes, on peut récuser, aujourd'hui, le sens de « la culture » intemporelle.

Si l'onécarte l'hypothèse d'un homme sorti tel quel de l'esprit d'un Dieu créateur, reste une durée longue et lente (plusieursmillions d'années) qui a vu émerger à partir de ses ancêtres simiesques, cet être singulier qu'on appelle « homme ».Depuis 10 000 ans, l'histoire proprement dite, qui est le temps humain, a remplacé l'évolution naturelle. - Dès lors, la culture au singulier constitue ce qu'en cinéma on appelle un arrêt sur image.

Comment peut-on qualifier laculture (au singulier), tant au niveau individuel (un homme), que collectif (l'homme) si son aventure est encore encours ? Solon, le sage grec, en effet, disait qu'on ne peut dire heureux un homme avant sa mort : la mort seule, eneffet, transforme la vie en un destin qu'on ne peut plus changer. - Tel est le sens du célèbre énoncé de Sartre « l'existence précède l'essence » (L'existentialisme est un humanisme).

Onne peut dire en quoi consiste la culture au sens universelle (essence de l'humanité) tant que son existence n'est pasachevée.

L'homme n'a pas de nature, il a une condition et une histoire, une histoire individuelle qui prend place dansune histoire collective.

Or, tout ce qui a une histoire n'a pas de définition parce que tout ce qui a une histoire est endevenir et on ne peut définir que ce qui ne devient pas, ce qui est déterminé de telle sorte que quoi qu'il arrive, ce quiest ne devient pas, ou pas foncièrement, pas essentiellement. II- L'affirmation d'une culture unique : une signification pratique · Le sens religieux - Les plus anciennes religions ont fait de l'homme le fils de la terre, le produit de la nature : dès lors, chaque peuple sepensait comme radicalement éloignés des autres. - En substituant Dieu à la nature, en faisant de l'homme le produit de l'Esprit et non plus celui de la terre, les religionsmonothéistes ont inventé cette idée nouvelle de genre humain qui serait comme une famille immense : sont frères ceuxqui ont le même père.

Or les monothéistes ont donné à tous le même Père.

De ce point de vue la notion de « laculture » en tant qu'appartenant à l'humanité comme espèce continue d'avoir une signification forte : elle est ce queDieu a conçu. · Le point de vue scientifique - Contre l'aberration raciste, la science a prouvé l'unité de l'espèce humaine.

Si les races existaient chez les hommes etsi elles étaient séparées comme par des murs, comment expliquer l'efficacité d'un même vaccin à travers le monde ?. »

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