Doit-on souhaiter satisfaire tous ses désirs ?
Publié le 29/10/2009
                            
                        
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                                                                    Le désir, c'est la négativité de la conscience en quête d'unobjet susceptible de répondre à ses vœux.
                                                            
                                                                                
                                                                    La première forme d'authenticité existentielle semble se situer ici, à cesimple niveau de l'immédiateté sensible, comme s'il convenait de devoir souhaiter satisfaire tous les mouvements denotre âme, toutes les virtualités de notre esprit en direction de quelque objet.
                                                            
                                                                                
                                                                    La floraison incessante de nos désirsnous communique, en effet, la beauté fulgurante des Instants et l'infini du plaisir.
                                                            
                                                                                
                                                                    Beauté de l'immédiateté sensible.Infinité des plaisirs correspondant  aux désirs.
                                                            
                                                                                
                                                                     Hédonisme  sans limite :  voici tout ce qui semble  accompagner  lasatisfaction de tous  les désirs  et la légitimer.
                                                            
                                                                                
                                                                     Dès lors,  il semble  bien que le vécu,  émietté  en une  poussièred'instants, de désirs, nous apporte ici le meilleur de la plénitude concrète de l'existence.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le flamboiement des désirsmultiples  devient alors existence  authentique,  multiplicité et richesse  du sensible,  développement  complet destalents et des  expériences  humaines.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il ne  semble  même pas concevable  qu'un homme  puisse vivre sansexpérimenter cette poussière indéfinie d'instants et de désirs chatoyants Car alors, si l'on souhaite satisfaire tousses désirs, si l'on érige en idéal de vie la jouissance indéfinie, on connaît l'infinie liberté, pouvoir d'agir selon tous sesdésirs et tous ses bons plaisirs, indépendamment de toutes contraintes externes ou internes.
                                                            
                                                                                
                                                                    O beauté des désirsillimités!Dès lors, il semble que le contentement de tous les désirs constitue véritablement un devoir pour l'existant.
                                                            
                                                                                
                                                                    Oui,nous devons actualiser toutes nos possibilités.
                                                            
                                                                                
                                                                    La jouissance indéfinie des désirs représente une obligation moralepour l'homme  car alors il actualise toutes ses  virtualités et tous ses  possibles.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or c'est un devoir pour nous dedévelopper notre puissance vitale.
                                                            
                                                                                
                                                                    Donc, comment ne pas répondre affirmativement à la question posée!La philosophie et la littérature nous ont donné magnifiquement à voir cet idéal.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ainsi, Kierkegaard a-t-il dessiné leportrait inoubliable de Don Juan, héros du stade « esthétique 1 » au sens kierkegaardien du terme, c'est-à-dire dustade de la sensation et du désir immédiat.
                                                            
                                                                                
                                                                    Don Juan symbolise parfaitement, non seulement le vœu de satisfairetous ses désirs, mais aussi l'actualisation de toutes ces satisfactions.
                                                            
                                                                                
                                                                    Jeté dans l'instant, il poursuit indéfiniment saquête.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le Don Juan de Mozart (et non point celui de Molière) représentait, aux yeux de Kierkegaard, cette beautéd'Eros flamboyant en une quête vertigineuse.
                                                            
                                                                                
                                                                    Existence émiettée  en une poussière d'instants, la vie de l'esthèterépond parfaitement au programme existentiel : souhaiter satisfaire tous ses désirs.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or cette vie semble la plus richede toutes.
                                                            
                                                                                
                                                                    Donc nous « devons » en faire un idéal moral.Reculons dans le temps et nous trouvons, avec le sophiste Calliclès 1 peint et imaginé par Platon dans le Gorgias,une peinture (au ive siècle grec) de ce programme et de ces exigences.
                                                            
                                                                                
                                                                    Seuls comptent la recherche de tous lesplaisirs et l'assouvissement de tous les désirs, sans exception aucune.
                                                            
                                                                                
                                                                    En effet, un homme « fort » doit se dresserauthentiquement en maître et  faire briller  le règne  des désirs  illimités.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ce qui  importe, c'est  l'élan dans le pleindéploiement de nos désirs et de nos passions (les deux termes sont très voisins chez Calliclès), c'est le ruissellementde désirs et de plaisirs.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ce sont les faibles qui se satisfont de quelques désirs.
                                                            
                                                                                
                                                                    Au contraire, les forts, animés d'unevraie « volonté de puissance» sont d'une avidité insatiable! L'homme vraiment conforme à l'ordre de la nature estcelui qui a le plus de désirs et de passions, qui est capable de les entretenir et de leur donner satisfaction.
                                                            
                                                                        
                                                                    « Lavérité,  Socrate,  que tu prétends  chercher,  la voici  : la  vie  facile,  l'intempérance,  la licence,  quand elles sontfavorisées,  font la vertu  et le bonheur;  le reste,  toutes  ces fantasmagories  qui reposent  sur des  conventionshumaines contraires à la nature, n'est que sottise et néant » (Gorgias, 492 c, Belles-Lettres).Ainsi le projet et le souhait de satisfaire la totalité de nos désirs semble le gage d'une vie belle et harmonieuse.Calliclès et Don Juan paraissent aspirer à l'existence la plus conforme à l'idéal de totalisation et de quête indéfinie desoi.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le désir est constitutif de l'être même de l'homme et le révèle à lui-même.
                                                            
                                                                                
                                                                    Donc tous les désirs doivent êtresatisfaits  puisqu'ils permettent d'actualiser  toutes nos virtualités.
                                                            
                                                                                
                                                                    Par  conséquent, en toute première  analyse, ilsemblerait  que le souhait  de contentement  de tous les désirs puisse  être érigé en  un véritable  impératif moral.L'homme est cet être qui doit développer ses exigences vitales.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or chaque désir est précisément développement dela puissance vitale.
                                                            
                                                                                
                                                                    Donc nous devons ériger en idéal la satisfaction complète de tout désir.
B) Mais cette satisfaction ne peut être érigée en devoir puisqu'elle conduit au néant, au désordre et audésespoir.
Si le souhait  de satisfaire  tous nos désirs  apparaît comme  un projet  totalisant  l'existence  vers l'épuisement  duchamp des possibles,  si cette  aspiration  est particulièrement  exaltante pour qui veut  participer  à l'existenceconcrète dans sa plénitude, et si elle semble se présenter comme un devoir, néanmoins les difficultés de cet idéal etde cette conception surgissent bien vite à l'examen.
                                                            
                                                                                
                                                                    Aussi cette vision peut-elle être objet de débat et de critique.Le ruissellement de désirs et de plaisirs ne serait-il pas comparable au supplice des Danaïdes, condamnées à emplirsans discontinuer un tonneau percé? Quel vain souhait que celui de la satisfaction de tout désir! Si les tonneauxsont en mauvais état et fuient - comme le remarque judicieusement Socrate dans le Gorgias - alors ne faut-il pastravailler nuit et jour à les remplir? Incessamment les désirs se renouvellent et les plaisirs se meuvent ainsi dans ladouleur, en une ronde infernale.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ce dérèglement et cette incapacité à rien garder marquent l'insuffisance des vuesde Calliclès.
                                                            
                                                                                
                                                                    Dérèglement, désordre et dysharmonie caractérisent donc la vie de l'homme aux tonneaux percés, auxdésirs insatiables.
                                                            
                                                                                
                                                                    On ne saurait devoir satisfaire tous ses désirs parce que, de même que l'ordre, la proportion etl'harmonie font la  bonne qualité d'une maison, de  même une âme vaut par ces qualités.
                                                            
                                                                                
                                                                    « Dans l'âme, l'ordre  etl'harmonie s'appellent la discipline et la loi » (Gorgias, 504 d).
                                                            
                                                                                
                                                                    L'homme fort de Calliclès a son âme détruite par ledésordre, qui est laideur.
                                                            
                                                                                
                                                                     Ainsi, nous  pouvons maintenant  répondre au  problème soulevé par  la question :  nousnotions la contradiction  entre les deux  parties  de la phrase.
                                                            
                                                                                
                                                                     Cette contradiction  est réelle;  elle vient  de ladysharmonie  et du  désordre  de l'âme  qui erre  de désirs  en désirs.
                                                            
                                                                                
                                                                     Elle ne saurait  parvenir  à nulle  satisfaction.Condamnée à l'errance, elle ne peut que se détruire, puisqu'il lui manque la soumission à la loi, qui est la santé del'âme.
                                                            
                                                                                
                                                                    Par conséquent, nous ne pouvons ériger en devoir le souhait de satisfaire tous nos désirs puisqu'il aboutit à lacontradiction et à la mort.Kierkegaard  montrera aussi que la vie  esthétique,  le souhait  de satisfaire  tous ses désirs,  ne mènent  qu'audésespoir,  au néant et  à la  mort.
                                                            
                                                                                
                                                                    La  vie dans  la jouissance  de l'instant,  l'infinité des  désirs et des plaisirs,  ne.
                                                                                                                    »
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