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« En quoi, dans la création artistique, l'oeuvre transcende-t-elle la psychologie de son auteur ? »

Publié le 26/07/2012

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Actuellement, la définition que l’on donne au génie reste proche de celle donnée par Diderot ou Kant : « le génie est une disposition, une aptitude naturelle à créer des choses d’une qualité exceptionnelle.[20] « Les termes de « disposition naturelle « et de « qualité exceptionnelle « nous démontrent que nous faisons toujours face à une idéalisation massive du génie. Cet état d’esprit semble inaccessible pour la majorité étant donné que, contrairement au talent, le génie ne s’apprend pas, mais se manifeste auprès de certaines personnes qui ne savent ni comment, ni pourquoi ils ont droit à ce don. Cette phase où un artiste devient génial reste donc un phénomène que l’on ne peut expliquer : comment savoir si le génie relève des dieux, d’un excès de bile noire, s’il s’agit d’une prédestination naturelle ou s’il provient d’une source encore indéfinie ?

« au profit de l’imagination et la sensibilité. Ces deux personnalités du 19ème siècle voient donc le génie comme une réalité objective ayant un sens pratique : le génie n’est pas divin ou « maladif », il est un doninné, naturel dont jouissent certaines rares personnes.

A présent, l’origine de l’art s’explique biologiquement puisque la création artistique serait rattachée à desprédispositions génétiques particulières.

Le génie ne choisit pas son sort, il subit ce que Kant appelle des « irruptions » durant lesquelles, sans réellement comprendre,il crée des œuvres géniales.Pourtant, cette définition du génie peut être réfutée, notamment par le cas de Stéphane Mallarmé.

Ce poète, au départ talentueux, connaitra une terrible crisespirituelle durant laquelle il dira « avoir vu le néant » et au sortir de laquelle son génie a éclaté.

Mallarmé passe donc du simple talent au génie et possède désormaisde nombreux disciples « pour qui la poésie est incantation, élaboration suprême d’un langage où les mots, dépouillés de leur fonction commune et de leur sens usuel,sont disposés dans la phrase de façon à les libérer de leur charge magique.

Poésie qui se meut au-delà de l’intelligible et du logique et dont la densité estinsurpassable.[18]» Ainsi, Mallarmé n’était pas prédestiné à être un génie, mais l’est pourtant devenu par après ; son don n’était pas inné, mais obscurément acquis.Il en va de même pour Voltaire qui n’est devenu génial que tardivement, lorsqu’il a découvert le conte.

Pour qu’il atteignît l’âge du conte, il fallait qu’il osât être lui-même.

Ce qu’il obtient au terme d’une maturation, conjointement philosophique et imaginative[19]. Actuellement, la définition que l’on donne au génie reste proche de celle donnée par Diderot ou Kant : « le génie est une disposition, une aptitude naturelle à créer deschoses d’une qualité exceptionnelle.[20] » Les termes de « disposition naturelle » et de « qualité exceptionnelle » nous démontrent que nous faisons toujours face àune idéalisation massive du génie.

Cet état d’esprit semble inaccessible pour la majorité étant donné que, contrairement au talent, le génie ne s’apprend pas, mais semanifeste auprès de certaines personnes qui ne savent ni comment, ni pourquoi ils ont droit à ce don.

Cette phase où un artiste devient génial reste donc unphénomène que l’on ne peut expliquer : comment savoir si le génie relève des dieux, d’un excès de bile noire, s’il s’agit d’une prédestination naturelle ou s’il provientd’une source encore indéfinie ? Par exemple, dans la création de ses Contes, Voltaire n’écrit ses récits que par passades : comme s’il lui fallait calmer ses irritationsen leur ouvrant cette issue.

On peut supposer que, dans la psychologie voltairienne, le conte remplit la fonction d’une « catharsis »[21].

Ce mot grec, utilisé parAristote, désigne le processus de purgation ou d’élimination des passions qui se produit chez le spectateur lorsqu’il assiste à la représentation d’une tragédie.

Leterme fut repris par Sigmund Freud et Josef Breuer qui appellent « méthode cathartique » le procédé thérapeutique par lequel un sujet parvient à éliminer ses affectspathogènes, puis à les abréagir, en revivant les évènements traumatiques auxquels ils sont liés[22].

L’inspiration géniale de Voltaire trouverait donc sa source dansles irritations qu’il vivait au quotidien et dans la révolte qu’elles provoquaient.Ce caractère transcendantal et inexplicable du génie renforce d’avantage son idéalisation.

Napoléon dira dans l’un de ces discours : « Les hommes de génie sont desmétéores destinées à brûler pour éclairer leur siècle».

En comparant, les hommes de génie à des astres, Napoléon leur confère ce côté intouchable, céleste. Par tous ces faits, il parait évident que nous ne savons pas expliquer clairement comment une œuvre transforme un homme en génie.

Pourtant, cette question futsoulevée par de nombreux penseurs, philosophes, psychanalystes qui ont essayé de trouver la source de cette transformation transcendante : dieux, symptômescliniques, folie, gênes et autres.En quoi, dans la grande création artistique, l’œuvre transcende t’elle la psychologie de son auteur ? Malgré toutes les hypothèses établies, personne ne le sait vraimentet le saura-t-on un jour ?Et puis, n’est-ce pas ce côté intouchable, incompréhensible qui rend l’art si attrayant, si supérieur ? Ne serait-il pas décevant de découvrir ce qui fait qu’une œuvresoit quelque chose d’exceptionnel ; de rendre celle-ci accessible ?« Chasser tout souvenir et fixer sa pensée,Sur un bel axe d’or la tenir balancée,Incertaine, inquiète, immobile pourtant,Peut-être éterniser le rêve d’un instant ;Aimer le vrai, le beau, chercher leur harmonie ;Ecouter dans son cœur l’écho de son génie ;Chanter, rire, pleurer, seul, sans but, au hasard ;D’un sourire, d’un mot, d’un soupir, d’un regard,Faire un travail exquis, plein de crainte et de charme,Faire une perle d’une larme :Du poète ici-bas voila la passion,Voila son bien, sa vie, son ambition.[23] » -----------------------[1] P., CLAUDEL, Préface de l’Odyssée d’Homère, Paris, Gallimard, 1949.[2] E., DELACROIX (1798-1863).[3] H., MALDINEY (1912- ?).[4] C., VERSELLE, Le dico de la philo, Paris, Librio, 2006, p.41.[5] R., POMEAU, Préface de « romans et contes de Voltaire », Paris, Garnier-Flammarion, 1966.[6] C., BODIAUX, Notions d'esthétique et de philosophie de l'art, à l'appui d'exemples de la peinture belge des XIXe et XXe siècles, Louvain-la-Neuve, Lachronique de l’université, UCL, 2002.[7] X., Le petit Larousse illustré, Paris, Larousse, 1991.[8] E., HAMILTON, La mythologie : ses dieux, ses héros, ses légendes, Alleur (Belgique), Marabout, 1997, p.12.[9] E., HAMILTON, Op.

cit.[10] J., DRYDEN (1631-1700).[11] E., ROUDINESCO et M., PLON, Dictionnaire de la psychanalyse, France, Fayard, 1997, p.

662.[12] J., CHAUVEAU, Aristote.

Le problème XXX, France, Allia, 2004.[13] M-J., DURRY, Préface des Fleurs du Mal de Baudelaire, France, Le livre de Poche, 1972, pp.

7-33.[14] V., HUGO (1802-1885).[15] ARISTOTE (384-322 acn).[16] X., Encyclopédie Universalis, France, Universalis, 2009.[17] D., DIDEROT (1713-1784).[18] X., Poésie XVIIIème, XIXème et XXème siècles, Suisse, La guilde du livre à Lausanne, 1942, p.464.[19] R., POMEAU, Op.

cit.[20] X., Le petit Larousse illustré, Paris, Larousse, 1991.[21] R., POMEAU, Op.

cit.[22] E., ROUDINESCO et M., PLON, Op.

cit.[23] A., DE MUSSET (1810-1857).. »

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