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En quoi l'homme a-t-il besoin d'illusions ?

Publié le 30/08/2005

Extrait du document

Puisque nous avons besoin d'illusion, il est nécessaire de falsifier le réel. L'art est un mensonge qui se donne comme tel. L'artiste ne prétend pas dire la vérité, au contraire, car il place l'apparence plus haut que la réalité : l'apparence signifie, pour l'artiste, la réalité affirmée dans sa totalité . [L'illusion n'a aucune fonction positive. Elle n'est que la négativité même de l'ignorance. La philosophie a pour but de se défaire des illusions.] L'illusion est une erreur L'illusion me fait croire i qu'un bâton plongé dans l'eau est brisé, que le Soleil tourne autour de la Terre, alors que c'est le contraire, que la foudre est une manifestation de la colère divine. Je ne peux donc m'en tenir aux apparences, car elles sont trompeuses. Il faut que ma raison rétablisse la vraie cause des choses. Ainsi seulement ma pensée pourra atteindre la vérité sans risque de se tromper.
L'illusion n'est désirée que pour autant qu'elle manifeste un au-delà magique et magnifique pour la réalisation de mon propre désir. Elle est recherchée pour autant qu'elle recouvre tous les caprices d'un désir assailli par le même « cortège« de choses ordinaires. Elle répond à notre aspiration ardente de rompre le cours ordinaire des choses. De ne plus être sous la pression du monde, ni sous la puissance de ses impressions ou de ses conceptions. Manière comme une autre de se forger son propre monde. Entendue « positivement « l'illusion exprime ce besoin impérieux d'échapper à la réalité massive et de « déjouer « cette sombre existence. Le prisonnier de l'illusion est comme délivré, le plus souvent à son insu et suite à l'appel du désir, de l'épaisseur du réel. Force est de songer à cet appel du désir. Force est de reconnaître dans le désir, l'écho le plus fidèle de l'illusion. L'illusion n'est rien moins que ce monde rempli de mon désir. Ceci explique sa puissance. Cela explique sa persistance. On peut certes tenter d'attribuer cette puissance à l'impuissance de la condition humaine, comme le fait Pascal : « l'homme n'est qu'un sujet plein d'erreur naturelle et ineffaçable sans la grâce. Rien ne lui montre la vérité. Tout l'abuse ; ces deux principes de vérités, la raison et les sens, outre qu'ils manquent chacun de sincérité, s'abusent réciproquement l'un l'autre « ou à l'ignorance foncière de l'homme, prisonnier de la caverne Platonicienne « quand l'un de ces hommes aura été délivré et forcé soudainement à se lever, à tourner le cou, à marcher, à regarder du côté de la lumière ; quand, en faisant tout cela, il souffrira, quand, en raison de ses éblouissements, il sera impuissant à regarder lesdits objets, dont autrefois il voyait les ombres, quel serait, selon toi, son langage si on lui disait que, tandis qu'autrefois, c'étaient des billevesées qu'il voyait, c'est maintenant, dans une bien plus grande proximité du réel et tourné vers de plus réelles réalités, qu'il aura dans le regard une plus grande rectitude ? et non moins naturellement, si en lui désignant chacun des objets qui passent le long de la crête du mur, on le forçait de répondre aux questions qu'on lui poserait sur ce qu'est chacun d'eux ? Ne penses-tu pas qu'il serait embarrassé ? Qu'il estimerait les choses qu'il voyait autrefois plus vraies que celles qu'on lui désigne maintenant? (...) Mais dis-moi, si on le forçait en outre à porter des regards du côté de la lumière elle-même, ne penses-tu pas qu'il souffrirait des yeux, que, tournant le dos, il fuirait vers ces autres choses qu'il est capable de regarder, qu'il leur attribuerait une réalité plus certaine qu'à celle qu'on lui désigne ? « Sinon à la faiblesse des « facultés « selon Malebranche « ne juger jamais par les sens de ce que les choses sont en elles-mêmes, mais seulement du rapport qu'elles ont avec notre corps, parce qu'en effet les sens ne nous sont point donnés pour connaître la vérité des choses en elles-mêmes, mais seulement pour la conservation de notre corps « ou selon Spinoza : «... Une imagination est une idée qui indique plutôt l'état présent du corps humain que la nature d'un corps extérieur, non pas distinctement bien sûr, mais confusément ; ce qui fait que l'esprit est dit errer. Par exemple lorsque nous regardons le soleil nous imaginons qu'il est distant de nous d'environ deux cents pieds, en quoi nous nous trompons aussi longtemps que nous ignorons sa vraie distance ; mais celle-ci une fois connue, l'erreur est sans doute supprimée mais non l'imagination... «. Il n'en demeure pas moins que le prisonnier de l'illusion refuse de reconnaître son impuissance, refuse de croire à son ignorance et refuse d'admettre son impotence. Ou du moins préfère son impuissance à toute espèce de puissance, sa croyance à toute espèce de sciences et son illusion à toute espèce de réalité. Comment dès lors peut-on espérer l'inciter à renoncer à ses propres illusions ? Ne le voyons-nous pas, tel l'homme de la Caverne, s'abandonner à l'illusion avec le désir de s'accomplir en dépit de son irréalité et malgré elle ? Force est de constater que l'illusion et le besoin ne font qu'UN. Il s'agit précisément de se demander en quel sens et dans quel sens, il en est de l'illusion comme de quelque chose que l'on doit s'approprier pour compléter notre être ou pour combler un manque réel. vide ? Comment peut-on avoir réellement besoin de quelque chose d'irréel ? Ce paradoxe est au cœur du contenu explicite de l'énoncé. Ce que l'on demande c'est précisément de l'éclairer en dégageant ses réseaux de significations.



« Ce paradoxe est au cœur du contenu explicite de l'énoncé.Ce que l'on demande c'est précisément de l'éclairer en dégageant ses réseaux de significations. 2.

DEUXIÈME MOMENT : CONTENU IMPLICITE DE L'ÉNONCÉ On peut éclairer le contenu implicite de l'énoncé en se référant directement à la thèse ou aux présupposésphilosophiques concernés.Dans sa logique de l'apparence, Kant distingue trois sortes d'apparences : 1.

L'apparence empirique : l'illusion d'optique ou illusion des sens.

Elle procède de l'influence de l'imagination surl'entendement et elle est d'après Kant facile à surmonter.

On peut à juste titre invoquer plus d'un exemple del'apparence empirique ou de l'illusion des sens :• Percevoir comme brisé un bâton à demi plongé dans l'eau.

Illusion nécessaire, produite par la différence des indicesde réfraction de l'air et de l'eau.

Mais une fois « muni d'une telle connaissance, je me garde bien d'affirmer que lebâton est brisé ».

La reconnaissance de l'illusion ne modifie pas ma perception mais rectifie mon jugement.• Percevoir le soleil à deux cents pieds du sol tournant autour de la terre.

Seul l'homme instruit d'astronomie et touten continuant à percevoir la même chose, pense autrement. 2.

L'apparence logique : l'attention aux règles de la logique suffit pour venir àbout des pseudo-syllogismes des paralogismes et des sophismes :• Par exemple, l'équivoque qui consiste à prendre dans le raisonnement un même mot en plusieurs sens différents.• Ou le sophisme de la fausse analogie qui consiste à conclure d'un objet à l'autre malgré leur différence essentielle,en se fondant sur une de leurs ressemblances. 3.

L'apparence transcendantale : Elle est nécessaire et inévitable.

C'est une illusion naturelle à l'homme.

On ne peutla surmonter parce qu'elle répond à «unbesoin » de notre esprit.Cette thèse correspond précisément à notre thèse implicite.

Dans quelle mesure et en quel sens ?La dialectique transcendantale de Kant est une analyse des illusions fondamentales et indéracinables de l'homme.

Onne peut les éviter car elles réapparaissent toujours et on ne peut s'en passer parce qu'elles sont constitutives denotre propre raison.

Inévitables et nécessaires, ces illusions sont inséparables de l'homme.

L'homme a besoind'illusion dans la mesure même où il a besoin de connaissance.

Il ne s'agit pas de n'importe quelle illusion, mais d'uneillusion transacendantale.

Ni de n'importe quelle connaissance mais d'une connaissance intégrale.

Besoin d'illusion etbesoin de transcendance, sur le plan théorique, celui de la raison pure, cela revient au même.

Qui dittranscendantale, dit rupture avec la nature et dit en même temps l'aspect surnaturel de l'objet auquel on cherche àaccéder.

L'esprit ne se contente jamais de l'expérience.

La chaîne des raisons et l'enchaînement des conditions nelui suffisent pas.

Il prétend avoir accès à l'inconditionné, au fondement premier, à l'absolu.La raison raisonne, la raison se passionne et désire en vain accéder à l'absolu.

S'y soumettre ou le connaître.

Et sondésir nous fait croire à la possibilité de ce que nous désirons et on finit par prétendre (illusoirement) à l'Absolu et parprétendre (dérisoirement) à une compréhension entière.

La raison désire l'infini et prétend à un savoir entier.« Nous ne savons le tout de rien » d'où l'illusion.

De ce qui dépasse les cadres de l'expérience et de ce qui surpassele pouvoir de notre entendement «nous n'en savons rien » et pouvons rien savoir.

Cette limite est inavouée etinavouable.

Cela n'empêche pas la raison de se passionner pour la vérité, l'au-delà du sensible, l'au-delà de cettevie, l'immortalité, Dieu et la liberté.Kant : « Comme l'entendement, la raison est susceptible d'un double usage, l'un logique, l'autre transcendantal.L'usage logique n'est autre que le raisonnement : il consiste à rattacher un jugement à sa condition, quelles quesoient la valeur et l'origine de cette condition et comme la raison ne se contente jamais d'une explication prochaineà rechercher la condition de la condition, et ainsi de suite à l'infini, sans que nous puissions jamais atteindrel'inconditionné.

L'usage transcendantale, au contraire, exige un arrêt dans la régression de raison en raison ; il tendà suspendre le conditionné à un inconditionné ; il embrasse la série entière des conditions qui, évidemment doit êtreinconditionnée.

De là, le caractère inévitable de la RAISON MÉTAPHYSICIENNE : Cette tendance INVINCIBLE de laraison est de concevoir, avant de l'avoir achevée, la synthèse la plus haute des conditions.

De là ce besoin deréaliser, hors de toute intuition possible, l'inconditionné sous forme d'un être d'un objet déterminé ; de là l'ILLUSIONtranscendantale ; de là ces concepts de la raison pure auxquels ne peut correspondre aucun objet sensible».Par exemple l'illusion qu'offrent ces propositions :— «le monde a un commencement dans le temps et il est aussi limité dans l'espace».— « Il n'y a pas de liberté, mais tout dans le monde arrive suivant des lois naturelles ».— « Il n'existe nulle part aucun être absolument nécessaire ni dans le monde, ni hors du monde comme en étant lacause ».Dans ces propositions, ce qu'il faut chercher d'abord c'est l'intérêt de la raison.

Puisqu'il n'y a pas touchant cesproblèmes de certitude reposant sur une démonstration (on ne peut prouver ni Dieu ni l'inexistence de Dieu), il resteà comprendre pourquoi les uns ont besoin de telle illusion plutôt que de telle autre.

L'intérêt de la raison n'est pasconcevable sans illusion métaphysique et l'illusion métaphysique n'est pas recevable sans l'aspiration ardente de laraison. 3.

TROISIÈME MOMENT : CONTENU ÉLUDÉ DE L'ÉNONCÉ Ce qui constitue le propre du Platonisme réside dans une opposition entre deux domaines : le domaine sensible et ledomaine intelligible.

Le domaine intelligible est constitué par les idées ou les formes.

Celles-ci sont invisibles et. »

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