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En quoi toute forme d'esclavage est-elle contraire au droit ?

Publié le 31/08/2005

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Le coup de force de Rousseau est de montrer en quoi le despotisme, la révolution sanguinaire et l'esclavagisme n'ont aucune légitimité du point de vue naturel (l'homme-animal n'a cure de cette volition de domination puisqu'il n'est gouverné instinctivement que par deux passions : « l'amour de soi » et la « pitié »). C'est bien plutôt la marque perverse du phénomène culturel et social. C'est en ce sens que toute forme d'esclavagisme est légitimement condamnable par le droit le plus primaire : la loi instinctive de la nature. Les inégalités sociales et la possibilité d'abus de domination esclavagiste des régnants sur les sujets est donc bien le fait de la civilisation et non du droit naturel.   Retrouvons cependant l'argument de Calliclès repris dans le discours nietzschéen (Cf. Généalogie de la morale) : il y a bien, naturellement, des forts (actifs et nobles) et des faibles (réactifs et sournois). En ce sens, il n'y a pas d'esclavagisme mais une simple adéquation aux desseins naturels. C'est un renversement des valeurs et donc un renversement de la logique du droit auquel s'attelle Nietzsche. Les forts naturels, bien loins de dominer concrètement les faibles naturels, sont plutôt à la merci des procédés anti-naturels (morale, religion, lois punitives) que créés ces derniers pour se préserver de cette force légitime. Plus, dans le combat éternel et universel de la force vive (dont la figure emblématique est Dionysos) contre la faiblesse réactive (Apollon), cette dernière tend inéluctablement à s'imposer nous dit celui qui « philosophe à coups de marteaux ».

Lorsque Platon, dans son dialogue du Gorgias, met en opposition Socrate et Calliclès sur la question de la justice, ce dernier affirme un droit de nature. Ce droit est en fait celui du plus fort sur le plus faible, droit de domination naturel de l'un sur l'autre. Calliclès reproche à Socrate d'apporter la confusion entre loi des hommes et lois naturelles, selon qu'il en appelle de l'un et de l'autre dans son discours. Cette opposition entre droit naturel et droit constitutionnel reste d'actualité, les différentes formes de violences et d'esclavagismes existant encore aujourd'hui de par le monde. Les dictateurs et oppresseurs de ce monde justifient d'ailleurs leurs actes par ce droit naturel de domination des forts sur les faibles (soit pour la préservation du pouvoir, soit par l'argument du respect des lois de la nature). La question ainsi posée – en quoi toute forme d'esclavage est-elle contraire au droit ? – trouve son paradoxe dans le concept ambigu et polysémique de droit.

Reste donc, pour répondre à cette question, à déterminer philosophiquement si et en quoi un droit, autre que naturel, s'oppose à la domination des plus forts sur les plus faibles ?

Plus, nous pouvons légitimement nous demander si la liberté humaine est possible et inaliénable ?

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« ces violences insupportables et de volonté de cessation de cet état de faits monstrueux.

Une liberté humaine futtoujours questionnée par la philosophie dès sa naissance, mais avec cette déclaration elle devient définissablejuridiquement.

Cela met fin à toute idéologie fanatique et abusivement dominatrice.

Pas de faibles, pas de forts, rienque des hommes et leurs droits à une liberté individuelle enfin consacrée...

Reste à admettre que cette déclarationn'est pas encore, à l'heure actuelle, reconnue, signée ou respectée par tous les pouvoirs nationaux ! La Chine, laLybie et bien d'autres sont aujourd'hui montrées du doigt par ceux qui ont foi en ce droit inaliénable de dignité et deliberté pour tout homme vivant sur terre. La philosophie connaît, en son sein, des visions différentes du statut humain.L'une des plus brillantes (peut-être effrayante !) est celle de Hegel, quidénonce l'illusion humaine d'une liberté de droit.

En effet, l'homme se croitlibre, mais n'est en fait (à l'instar de la pensée héraclitéenne : « Le temps estun enfant déplaçant des pions : la royauté d'un enfant ! ») que le jouet del'« Esprit » ( Geist ) se servant de lui pour se réaliser dans le temps et l'espace. C'est ainsi qu'il faut lire sa fameuse dialectique du « Maître et de l'esclave »(Cf.

La Phénoménologie de l'Esprit ).

Celle-ci est fondée sur l'idée que chacun de nous, dans sa rencontre d'autrui, se positionne en s'opposant à autrui.Cette opposition constitutive du moi et d'autrui est naturelle et détermineainsi les rôles de maître (celui qui n'a pas peur de mourir pour sa liberté) etd'esclave (celui qui préfère vivre au prix de sa liberté) dans cette rencontrefondatrice.

Le droit ne sera alors que celui, « objectif », de l' « Esprit » quidoit rendre utiles pour lui, par régulation, ces « luttes à mort » desconsciences individuelles s'opposant.

Notons que le « Maître » devient à sontour esclave de son esclave car dépendant de lui dans les tâchesquotidiennes qu'il effectue pour lui.

C'est en ce sens que cette lutte est« dialectique » (elle passe du même à son contraire dans un mouvementévolutif).

Le droit vrai, selon Hegel, droit de l'« Esprit », ne va donc pas àl'encontre de cette opposition naturelle entre maître et esclave, elle la fixebien plutôt en lui donnant sa forme et ses règles.

certains sont faits pourgouverner et d'autres pour être gouvernés.

Mais le renversement de cet état de fait (la Révolution française de 1789) est toujours, dans l'Histoire, possible, et donc propice à recréer unenouvelle conception des droits et libertés humaines. Conclusion Le droit, selon qu'il est considéré naturellement ou culturellement, rend flou la notion d'esclavage.

Peut êtreesclave ou maître chacun de nous selon le contexte ou le point de vue.

Cela rend problématique l'oppositiondroit/esclavage. Mais c'est au nom de la liberté que la culture avance et renonce à un état premier, primitif et violent.Considérons cependant, à l'instar de Hannah Arendt, que l'évolution de l'Histoire de l'humanité s'apparente àune évolution des formes (de plus en plus perverses) de domination.. »

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