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Engagement et liberté sont-ils compatibles ?

Publié le 17/10/2011

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       Définissons tout d’abord les deux termes importants du sujet : liberté et engagement.  La liberté est un terme difficile à définir en positif, il est plus facile de la définir par ce qu’elle n’est pas : la liberté, c’est l’absence de contraintes. Je suis libre si je peux décider en permanence de ce que je fais de ma vie, du jour et de l’heure qui vient.  L’engagement, c’est la décision de se lier par une promesse un contrat une convention à quelque chose qui peut être une personne (PACS ou mariage), à une association, par exemple sportive, à un parti politique. En m’engageant je me lie et j’accepte les règles de fonctionnement du contrat que je passe. Je ne suis plus spectateur du monde, mais je choisis une voie, et je la suis.

« Si l’arbitraire est la seule garantie de la liberté, alors nous pouvons nous demander très sérieusement si la libertévaut la peine d’être défendue.

A quoi bon la liberté si tout ce qu’elle nous promet c’est une existence absurde,dénuée de sens ?Plus grave, selon les circonstances, refuser tout engagement revient à prendre la parti du pire : ainsi durant ladeuxième guerre mondiale, dans de nombreux pays en Europe, et bien sûr en France, ne pas s’engager un tant soitpeu et à aucun moment dans la résistance à la puissance de l’ennemi envahisseur équivalait à faire son jeu et àcollaborer avec lui…Ainsi en résumé, ne pas s’engager, c’est garder sa liberté, mais c’est aussi laisser au hasard ou à d’autres le soin deconduire sa vie.

Pour donner un sens à sa propre vie, il faut choisir, donc s’engager.Une vie d’homme libre qui a du sens est une vie d’engagement.On développera ici cette deuxième idée: si liberté et engagement peuvent sembler a priori opposés et doncincompatibles, seul l’engagement librement choisi donne un sens à la vie.Ainsi, que serait la liberté d’expression si l’on ne s’exprimait pas ? L’engagement : un acte libre. L’engagement ne conduit pas forcément à un renoncement à la liberté et peut être au contraire une affirmation decelle-ci.La liberté se définit aussi par le pouvoir de déterminer ses actions par sa seule volonté.On peut parfaitement être libre sans être indifférent, en étant déterminé, et la vraie liberté exclut donc l’arbitrairedu Don Juan.Si les motifs qui déterminent mon engagement sont sérieux, ils sont l’expression de ma nature propre, de moncaractère, de mon « moi » original et singulier, de ce que j’appelle « ma personnalité ».

En leur obéissant, j’ai lesentiment d’être autonome, c’est-à-dire de n’obéir qu’à moi-même.Je ne me sens jamais aussi libre qu’au moment où je fais le choix mûrement réfléchi d’acheter tel baladeur numériqueavec l’argent que l’on m’a donné pour mon anniversaire, d’aller voir tel film au cinéma parce que j’en ai lu de bonnescritiques et non au hasard de l’horaire ou en laissant la décision aux amis qui m’accompagnent.Et pour revenir après avoir critiqué Don Juan, au comportement amoureux, comment donner un sens à sa vie enrefusant l’engagement de choisir une personne avec laquelle on va décider de partager des instants de sa vie ?Même à mon âge les engagements en ce domaine sont importants.

Si je ne fais pas de choix, mais que je décide depasser de l’un à l’autre, je perds la liberté de mieux connaître et apprendre à apprécier une personne.

Je perds lachance de découvrir à qui je tiens et ainsi de mieux me connaître, de grandir! Elevons un peu le débat en citant Descartes : il faisait remarquer dans ses « Méditations » que l’individu estd’autant plus libre qu’il sait pourquoi il agit comme il agit : « Afin que je sois libre, il n’est pas nécessaire que je sois indifférent à choisir l’un ou l’autre des deux contraires ;mais plutôt, d’autant plus que je penche vers l’un, soit que je connaisse évidemment que le bien et le vrai s’yrencontrent, soit que Dieu dispose ainsi l’intérieur de ma pensée, d’autant plus librement j’en fais choix et jel’embrasse » (quatrième méditation). Plus proche de notre temps, le philosophe Sartre a placé la question de l’engagement au centre le l’existence : ainsi,il met en avant que tout homme par définition existe.

Comme il est athée, cette existence ne peut pas s’expliquerpar la présence d’un Dieu créateur.

Donc, l’existence est pure contingence, fruit du hasard…Pour Sartre, ceci estsource d’angoisse, d’une angoisse totale pour l’homme.

En conséquence de cette contingence et pour calmer sonangoisse, l’homme doit donner un sens à son existence par son action.

C’est en cela que consiste satranscendance, sa liberté.

Autrement dit, l’homme n’est libre que s’il donne un sens à sa vie, ici et maintenant, dansle monde tel qu’il est.

C’est pourquoi Sartre a toujours été un philosophe engagé dans des causes de son temps.

Ilfait partie du courant des philosophes qui partagent cette idée, nommés existentialistes.

Sachant cela, il estintéressant de regarder sa biographie : pendant la seconde guerre mondiale, en 1941, il fonde un mouvement derésistants « socialisme et liberté » ; après la guerre, il n’a eu de cesse de soutenir tous les mouvements pacifistesface aux évènements de son temps : la guerre d’Indochine, celle d’Algérie, la crise de Cuba, les évènements de mai1968, la question israélo-palestinienne.

En 1952, Sartre s’engage au parti communiste.

Il devient président del’association France-URSS ; il considère alors que cet engagement est révolutionnaire. Donc, oui, engagement et liberté sont parfaitement compatibles, on peut même affirmer à ce stade qu’il n’y a pas deliberté sans engagement, ou encore que s’engager c’est choisir donc c’est affirmer sa personnalité et avoir ainsi unechance de donner du sens à sa vie.Cependant, on ne peut stopper là la réflexion et répondre sans nuance oui, liberté et engagement sont compatibleset pas d’existence réussie sans engagement librement choisi.

Encore faut-il que le choix de l’engagement soitréfléchi afin d’éviter des écueils qui pourraient transformer cet engagement en aliénation : la question del’écoulement du temps, de l’évolution possible et même probable du sens que l’on veut donner à sa vie doit êtreposée.

Certains engagements librement consentis deviennent des enfermements s’ils ne permettent plus deconserver son libre arbitre dans la durée.Il faut donc au moment de s’engager être attentif à la question du désengagement. Savoir rester libre sur la durée L’engagement peut être défini comme une restriction de liberté consentie, acceptée en raison de l’objectif qu’il va. »

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