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Épicuriens et stoïciens : Le bonheur d'une vie réussie

Publié le 07/06/2015

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Parce que, selon les disciples d'Épictète, pour vivre avec la pensée du maître, pour séjourner en permanence dans la méditation stoïcienne, il fallait toujours avoir ses pen­sées « sous la main «, comme un soldat, disait-on, doit avoir son poignard ou son épée à portée de main. Marc Aurèle, troisième grande figure du stoïcisme impérial, est peut-être le plus célèbre d'entre tous. Empereur de Rome au He siècle après J.-C., il a écrit de nombreux ouvrages, notamment les Pensées pour moi-même, sur lesquelles je reviendrai aussi.

La « période hellénistique « - c'est-à-dire la période de l'histoire grecque que, par convention, l'on fait commen­cer avec Alexandre le Grand, à la fin du Ive siècle avant J.-C., et s'achever à l'aube de l'époque impériale de l'his­toire romaine, en l'an 30 avant J.-C. (date de la victoire à Actium du futur empereur Auguste sur Marc Antoine et Cléopâtre) - a été dominée au plan philosophique par quatre grands courants, qui avaient comme foyers les quatre écoles fondées respectivement par Platon (l'Acadé­mie), par Aristote (le Lycée), par Épicure (le Jardin) et par Zénon (le Portique, la Stoa). Ces quatre écoles, comme lieux d'enseignement et institutions chargées de promouvoir un mode de vie et de pensée philosophique, demeureront vivantes durant près de trois siècles. Les deux dernières venues se caractérisent par leur caractère moins élitiste que l'Académie et le Lycée : l'épicurisme et le stoïcisme s'adressent en effet à tous les hommes, riches ou pauvres, libres ou esclaves, ce qui contribue à expli­quer leur succès.

Une anecdote fameuse relate l'origine de l'école stoï­cienne. La scène se déroule vers -311, une dizaine d'années après la mort d'Aristote. Un jeune négociant phénicien, Zénon de Cittium (336-264 av. J.-C.), né sur l'île de Chypre, se trouva contraint, après avoir fait nau­frage près du Pirée, de tuer le temps en se promenant

dans les rues d'Athènes. Il passa devant la boutique d'un libraire qui lisait à haute voix le deuxième rouleau des Mémorables de Xénophon, où il est longuement question de Socrate. Subjugué par ce qu'il venait d'entendre, il demanda au libraire où il pouvait trouver des hommes de la trempe de Socrate. Celui-ci lui montra un philo­sophe qui, justement, passait dans la rue, près de la bou­tique. C'est ainsi que Zénon se mit à suivre l'enseignement de Cratès, un disciple de Diogène le cynique, avant de fonder lui-même quelques années plus tard, à l'âge de quarante-deux ans, sa propre école, qu'il établit au lieu dit le « Portique des peintures « (en grec, Stoa poïkilè) — d'où le nom de « stoïciens « donné aux disciples de Zénon, et le fait de désigner son système philosophique par l'expression « le Portique «.

La diversité linguistique, sociale et culturelle de ces auteurs illustre déjà par elle-même une idée chère aux stoïciens, à savoir que la pensée stoïcienne vaut pour tout le monde : aussi bien pour un ministre comme Sénèque que pour un esclave comme Épictète ou un empereur comme Marc Aurèle. C'est dire qu'elle est universelle : elle s'adresse à l'humanité entière et traverse classes sociales et frontières.

« Aujourd'hui, je vais vous raconter les aspects les plus fondamentaux de la philosophie stoïcienne puis, dans un deuxième temps, je vous parlerai aussi des épicuriens, à vrai dire d'Épicure lui-même et de son plus grand dis­ ciple, Lucrèce, un poète latin d'une profondeur fasci­ nante.

Mais d'abord, d'où vient le mot « stoïcien » ? Comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire à propos de Platon et d'Aristote, dans l'Athènes du IV siècle avant J.-C., les noms des écoles philosophiques étaient la plupart du temps liés au lieu dans lequel l'enseignement se tenait : l'« Académie » de Platon est ainsi nommée parce qu'elle se situe à côté du sanctuaire d'un héros grec, Academos.

Le « Lycée» d'Aristote se tenait lui aussi à côté d'un sanc­ tuaire, devenu un lieu de promenade dans l'Athènes du IV siècle, le sanctuaire d'Apollon de Lycos : c'est de là que vient le nom de son école, le « Lycée ».

De manière analogue, le mot « stoïcien » vient tout simplement du grec stoa, qui signifie « arcade» ou « portique».

Le père fondateur de l'école stoïcienne, Zénon de Citium (à ne pas confondre avec un autre Zénon, Zénon d'Élée, connu pour ses paradoxes sophistiques), avait installé son école sous des portiques à l'ombre desquels il donnait ses cours.

Il s'agit donc, là encore, d'une simple allusion au lieu dans lequel l'enseignement se déroulait.. »

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