Devoir de Philosophie

Epicurisme: Un sensualisme Epicurisme et hédonisme Plaisir et ataraxie

Publié le 24/03/2015

Extrait du document

L'épicurisme amorce un très intéressant tournant dans la pensée grecque. Le resserrement de l'intérêt philosophique sur les aspects pri­vés de la personne se centre sur le corps dont la mortalité engendre une sourde angoisse. Le grand poème Sur la Nature du poète latin Lucrèce, au I' siècle av. J.-C., qui expose le détail de la physique épicurienne, est une illustration très nette de ce sentiment, malgré une sorte d'optimis­me de façade. La physique d'Epicure tente d'apporter une réponse défi­nitive à ce problème en bornant toute la vie humaine à la vie terrestre. Il y a là, de la part d'Epicure, une compréhension et une anticipation réelles des préoccupations métaphysiques du monde hellénistique et romain. Mais cette consolation intellectuelle n'est pas celle qui rem­portera le plus grand succès dans l'Antiquité. On saisit ici les racines du succès du christianisme qui apportera une double solution à cette question puisque y sont promises à la fois l'immortalité de l'âme et la résurrection des corps.

« Epicurisme et hédonisme Les disciples d'Epicure furent souvent fort mal considérés par l'opinion publique antique qui les désignait par l'expression de « pourceaux d'Epicure ».

Il faut cependant préciser qu'il s'agit là d'une mauvaise compréhension de la doctrine, qui ne peut être comparée à celle des hédonistes, aussi appelés cyrénaïque?, autres zélateurs du plaisir mais sous sa forme la plus immédiate : plaisir de l'instant, entièrement déta­ ché du bien et du mal, plaisir toujours en mouvement, qui oblige l'hom­ me à une incessante poursuite et qui n'est pas réservé au seul philoso­ phe.

Le plaisir de l'épicurien, comme on le verra ci-après, est un plaisir stable, qui vise essentiellement à éviter la douleur.

Il est le fait d'un sage, un homme qui a étudié pour y parvenir.

Epicure a en effet bien précisé : « Lorsque nous disons que le plaisir est une fin, nous ne voulons pas parler du plaisir des débauchés et des jouisseurs.

» Et de fait, malgré les soupçons de ses concitoyens, il ne semble pas que le jardin d'Epicure ait été le moins du monde le lieu d'orgies incessantes.

Plaisir et ataraxie Les hommes et les animaux, dès leur naissance, cherchent le plaisir et fuient la douleur.

Le plaisir dont il est ici question n'a rien d'intellectuel.

Le plaisir épicurien est celui du corps uniquement, plaisir de la chair, plaisir du ventre : «je ne peux imaginer le bien si je supprime les plaisirs du goût, ceux del' amour, ceux des sons, ceux des formes visibles 38 • »Tous les plaisirs peuvent être rapportés au corps.

Même le plaisir de l'amitié est lié au corps puisque, pour Epicure, l'ami est celui qui peut, en cas de danger, protéger notre corps et lui éviter ainsi la souffrance.

De même -et c'est pour cela que la morale est chez Epicure prédominante sur tous les autres domaines de la philosophie -la connaissance intellec­ tuelle du monde, qui explique que tout corps est une réunion passagè­ re d'atomes, a pour but d'écarter ainsi la peur de la mort, qui concerne le corps.

Pourvu de cette connaissance, le sage épicurien obtient ainsi un plaisir, car il s'épargne la souffrance qui naît de cette angoisse de la mort.

Mais quelle est la nature de ce plaisir? Il n'est pas une poursuite inces­ sante, comme chez les cyrénaïques.

Il est la recherche du moment où le désir est satisfait.

Car un désir non satisfait est une souffrance, tandis qu'un désir satisfait est un plaisir.

Entre les deux, plaisir et douleur, il n'existe pas d'état intermédiaire qui serait l'absence de plaisir et de douleur et c'est ce qui permet donc à la doctrine d'Epicure de s'appeler 37.

Le nom de « cyrénaïques » vient du fondateur de la doctrine, Aristippe de Cyrène.

38.

Cité dans Diogène Laërce, X, 6.

-74 -. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles