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Epicure: Le plaisir et l'hédonisme

Publié le 02/04/2009

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Epicure: Le plaisir
Selon Épicure, nous ne désirons pas une chose parce qu'elle est bonne, mais, au contraire, nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous la désirons ; ainsi, si nous sommes attentifs, la nature nous renseigne sur ce qui est bon ou mauvais par le plaisir qui suit la satisfaction d'un désir ou au contraire par la douleur et la souffrance qui peut en résulter ou qui peut résulter de la non-satisfaction de certains désirs effrénés. D'ailleurs, l'observation de la nature et des vivants indique que la fin de la nature est le plaisir ; les hommes, comme tout être vivant, recherchent naturellement le plaisir, mais les hommes ont perverti cette recherche naturelle du plaisir par la recherche de plaisirs qu'Épicure appelle des plaisirs vains, que nous pourrions appeler des plaisirs artificiels car ils sont provoqués principalement par la vie sociale.


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« Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus detemps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence desensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, et que la mort est absence de sensation. » En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d' Epicure comme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

» Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. La modération des désirs. Maintenant que nous avons vu les deux conditions négatives du bonheur, cad les pensées et les craintes qu'il fautéliminer pour pouvoir jouir de la vie, il nous faut encore définir positivement comment atteindre le bonheur.

Un peude réflexion nous montre qu'il est absurde de désirer des plaisirs inaccessibles, ou qui ont des conséquencesfâcheuses et se paient de plus grandes souffrances, comme les plaisirs de la gourmandise qui, pratiqués à l'excès,finissent par nous rendre affreusement malades.

Il convient donc de modérer ses désirs, d'opérer un tri entre eux.Mais jusqu'à quel point ? Il faut rejeter tous les désirs qui ne sont pas naturels et aussi ceux qui ne sont pasnécessaires à notre survie, à notre santé ou à notre bonheur.

Mais qu'est-ce qui est naturel dans les désirshumains ? Et surtout, qu'est-ce qui est absolument nécessaire à notre bonheur ? Epicure ne donne pas de réponse très précise, mais il nous dit qu'il faut savoir se contenter de peu.

Ainsi, celui qui désire des mets raffinésrisque fort d'être déçu et malheureux s'il n'a pas toujours les moyens de se les offrir, ou si le cuisinier rate son plat,ou si mille autres ennuis viennent l'en priver.

Avoir des désirs de luxe nous expose à souvent souffrir.

Il faut donc leséliminer.

En revanche, celui qui ne désire que des nourritures « naturelles », un peu de pain par exemple, trouverafacilement à se satisfaire, et peut même en retirer un très vif plaisir s'il a vraiment faim et soif.

En outre, le sage quine désire rien de plus pourra tout de même, s'il est invité à un banquet, jouir de la nourriture succulente.

De telsplaisirs ne sont nullement interdits, à condition de ne pas les désirer toujours, de ne pas en être dépendant.

Il fautdonc passer ses désirs au crible de sa raison et éliminer impitoyablement tous ceux qui ne sont pas naturels etnécessaires, tous ceux qui sont vains, artificiels, superflus ou excessifs .

alors nous serons sages et nousatteindrons l'ataraxie, l'état d'absence de trouble de l'âme, cad le bonheur.

En effet, ce sont les angoisses, lespassions, les désirs inassouvis qui troublent notre âme, nous font souffrir et nous empêchent d'être heureux.

Sedélivrer de tout cela, c'est déjà être heureux, de même qu'il faut penser que le plaisir se trouve déjà dans l'absencede souffrance.

Nous voyons qu' Epicure redéfinit le plaisir (et corrélativement le bonheur) à l'encontre de la pensée commune, qui n'aperçoit de plaisir que dans un excitation positive des sens ou de l'esprit.

Nous voyons aussiquelle est la vraie nature de l'hédonisme d' Epicure et quel monumental contresens a fait la tradition en en faisant « une morale de pourceaux libidineux se vautrant dans la luxure », alors qu'il s'agit avant tout d'une ascèse, d'une maîtrise des désirs, assez semblable à ce que peuvent pratiquer certains religieux, ermites ou ascètes, même si c'estdans de tout autres buts. Critique de la sagesse épicurienne. La sagesse d' Epicure ne nous semble cependant pas entièrement satisfaisante pour au moins trois raisons.

Nous venons de voir qu'il identifie le plaisir et la non-souffrance, le bonheur et l'ataraxie.

Or, il y a bien une différenceentre les deux, comme entre un état neutre et un bien réel , ou comme entre le zéro et un nombre positif.

Sadoctrine peut donc éviter la souffrance, mais non nous donner un bonheur réel. Et même cela paraît douteux.

En effet, Epicure nous demande de renoncer à de nombreux désirs.

Au nom de quoi ? Seulement par la réflexion que leur satisfaction ne sera pas toujours assurée et que dépendre de ces désirs risqueun jour de nous rendre malheureux.

Mais la raison a-t-elle le pouvoir de supprimer un désir, surtout par cette simpleréflexion ? Peut-elle combattre l'attrait d'un plaisir proche et sa promesse de bonheur ? Il ne semble pas.

Il nousfaudrait alors faire preuve de beaucoup de volonté et nous refuser à satisfaire nos désirs, à agir selon eux, puisquenous n'avons pas le pouvoir de les supprimer en nous par simple acte de volonté, en espérant que cette ascèse, àla longue, finira par faire disparaître ces désirs.

Mais cela veut dire qu'il faut commencer par souffrir longtemps de laprésence en nous de désirs inassouvis, ce qui est le contraire même du bonheur et revient à se faire son proprebourreau.

Le religieux qui devient ermite, se retire du monde et de ses plaisirs et vit dans le renoncement et lamortification espère, lui, plaire à Dieu et obtenir ainsi une place au paradis.

Mais Epicure ne croit en rien de tel et nous préconise une semblable attitude de mortification pour nous procurer le bonheur terrestre.

Or, il nous semblebien que l'on ne puisse constituer un bonheur avec une série de refus de satisfactions. D'un autre point de vue, nous pouvons aussi penser que la philosophie d' Epicure nous détourne de buts plus élevés. »

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