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Est-ce-que la nature énigmatique de l'homme lui donne toute sa grandeur ?

Publié le 27/02/2008

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En posant la question « Est-ce que la nature énigmatique de l'homme lui donne toute sa grandeur ? » nous cherchons à déterminer si l'impossibilité de déterminer si les hommes sont intrinsèquement bons ou mauvais est ce qui fait d'eux des êtres remarquables en eux-mêmes, ou remarquables par rapport aux autres êtres que comporte le monde. Dans un premier temps nous dirons que non, en nous appuyant sur les Confessions de Saint Augustin et le Lorenzaccio de Musset : la nature énigmatique de l'homme fait plutôt de lui un être moralement équivoque, capable du pire, coupable de vices chez Musset et originellement corrompu chez Augustin. Cependant, cette nature énigmatique peut-être conçue comme la source de sa grandeur, dans la mesure où quelque mauvaise que soit la nature de l'homme, celle-ci est néanmoins susceptible d'être améliorée. En définitive, nous tiendrons la thèse que le concept de nature humaine est impertinent, de sorte que si l'on peut bel et bien parler de grandeur de l'homme, la source de celle-ci et à chercher dans sa Liberté et sa capacité à faire le bien par choix. La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si la nature énigmatique de l'homme fait de lui un être remarquable ou si c'est la liberté qui est à l'origine de sa grandeur.

« du plaisir que cette souffrance peut procurer, ou comme expression d'une volonté non normée dans la recherche deson intérêt privé.

Comme le dit Hobbes dans le Léviathan (XIII): « Nous pouvons trouver dans la nature humaine trois causes principales de querelles : premièrement la rivalité ; deuxièmement, la méfiance ; troisièmement, lafierté ».

Nous dirons donc que si l'on peut parler d'une grandeur de l'homme, c'est-à-dire d'une identité telle qu'elle peut susciter à bon droit l'admiration et l'estime, elle ne s'enracine pas dans une nature énigmatique d'un point devue axiologique (c'est-à-dire moral) : l'homme n'est pas énigmatique, il est seulement mauvais ou corrompu. II.

La nature énigmatique de l'homme fait sa grandeur car il est capable de faire le choix du bien a.

La nature de l'homme est susceptible d'être changée : l'exemple d'Augustin Cependant, notre réponse dans la précédente partie est sans doute trop tranchée.

En effet, même en nousappuyant sur Augustin, nous ne pouvons réellement accepter l'idée que l'homme soit fondamentalement etirrémédiablement mauvais en raison de sa corruption par le péché originel.

Celui-ci ne lui enlève pas moins son librearbitre, libre arbitre qui est un concept clé chez Augustin.

C'est ainsi que les Confessions racontent précisément comment un individu corrompu, livré au péché de chair comme l'était Augustin dans sa jeunesse, arrive à seracheter par la conversion et une vie consacrée à Dieu (sa conversion est narrée au Livre VIII).

Nous dirons doncque la nature énigmatique de l'homme fait bel et bien sa grandeur : l'homme est capable du bien comme du mal, ilpeut choisir de se repentir et de se consacrer à Dieu, ou au contraire de vivre dans la perpétuation du péchéd'Adam.

Il peut faire un mauvais usage de sa liberté, ou au contraire la faire correspondre aux préceptes chrétiens,devenant alors un être remarquable par la grâce de Dieu bien plus que par son propre mérite. b.

La complexité de l'homme fait de lui un être plein de grandeur : l'exemple de Lorenzo Mais si nous sortons encore d'une perspective chrétienne, celle d'Augustin, nous verrons que la grandeur de l'hommes'enracine bel et bien dans la nature énigmatique de l'homme.

En effet, nous pouvons dire avec Musset que l'hommeest énigmatique : il est capable du bien comme du mal, il est en proie à des tourments qui naissent de sa proprecomplexité, il est le théâtre d'une lutte entre des tensions diverses (vers la pureté, le sacrifice, le désir de servirl'humanité mais aussi sa propre sensualité, ses propres désirs) au point de devenir à lui-même inconnaissable.

C'estce qu'exprime parfaitement le personnage de Lorenzo dans Lorenzaccio de Musset, notamment dans cet extraitcélèbre (Acte III, scène 3) : « Lorenzo : Suis-je un Satan ? Lumière du ciel ! je m'en souviens encore ; j'aurais pleuré avec la première fille quej'ai séduite, si elle ne s'était mise à rire.

Quand j'ai commencé à jouer mon rôle de Brutus moderne, je marchaisdans mes habits neufs de la grande confrérie du vice, comme un enfant de dix ans dans l'armure d'un géant de laFable.

Je croyais que la corruption était un stigmate, et que les monstres seuls le portaient au front.

J'avaiscommencé à dire tout haut que mes vingt années de vertu étaient un masque étouffant ; ô Philippe ! j'entrai alorsdans la vie ; et je vis qu'à mon approche tout le monde en faisait autant que moi ; tous les masques tombaientdevant mon regard ; l'humanité souleva sa robe, et me montra, comme à un adepte digne d'elle, sa monstrueusenudité.

J'ai vu les hommes tels qu'ils sont, et je me suis dit : Pour qui est-ce donc que je travaille ? ». Cette tirade montre bien l'identité complexe, tourmentée de Lorenzo, qui ne peut se connaître lui-même, qui esttiraillé entre son désir de sauver ses contemporains d'un tyran et la crainte de l'inutilité de son geste ; qui regrettel'innocence de sa jeunesse mais ne peut abjurer les vices qu'il a acquis originellement dans une intention vertueuse(approcher Alexandre, s'en faire aimer pour le tuer).

Nous dirons donc que la grandeur de l'homme vient bien de sanature profondément énigmatique, de cette complexité exprimée par le nom même de Lorenzaccio, qui additionnesignificativement le nom de Lorenzo (le jeune homme vertueux qu'il était à l'origine) et le diminutif méprisant (quidésigne l'homme vil qu'il est devenu dans une vertueuse intention). III. Il n'y a pas de nature énigmatique de l'homme mais des natures individuelles librement définies qui peuvent ou non faire l'objet de notre admiration a.

Critique de la notion de « nature humaine » : il n'y a pas d'essence, il n'y a qu'une existence qui décide. »

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