Est-ce qu'une chose a de la valeur pour la seule raison qu'elle est naturelle?
Publié le 14/02/2005
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NATURE (lat. natura; de nasci, naître)
Terme équivoque qui connaît deux grandes acceptions selon qu'il désigne la nature d'un être ou la nature en général. Désignant la nature d'un être, le terme renvoie d'abord à l'idée d'une existence qui se détermine d'elle-même, sans l'intervention d'une cause étrangère : 1. s'oppose à ce qui résulte de l'art ou de la technique : « La nature est principe dans la chose même » (Aristote); 2. est synonyme d'essence d'un genre dès lors qu'il désigne l'ensemble des propriétés qui le définissent : « La nature d'un gouvernement est ce qui le fait être tel » (Montesquieu); 3. désignant ce qui est inné, s'oppose à l'acquis, c.-à-d. chez l'homme à la culture ; désignant ce qui est spontané, s'oppose à ce qui est réfléchi. Désignant la nature en général, le terme renvoie à l'idée d'un ensemble organisé et régi par des lois : 1. ainsi la nature comme ensemble des choses qui présentent un ordre et réalisent des types s'oppose pour Aristote au hasard : « La nature ne fait rien en vain » ; 2. la Nature en tant que s'y exprime une Absolue nécessité s'oppose au Monde - humain soumis à la contingence; 3. la nature où toute cause est elle-même l'effet d'une cause extérieure s'oppose pour Kant à la liberté qui suppose l'autonomie morale de l'agent.
RAISON (lat. ratio, calcul; faculté de calculer, de raisonner) Ce terme connaît deux grandes acceptions : soit il désigne la faculté de penser, la « raison humaine », soit il désigne un principe d'explication, la « raison des choses ». En tant que faculté de penser, la raison peut se définir encore en plusieurs sens, soit : 1. la faculté de raisonner discursive, de combiner concepts et propositions par opposition à la faculté de connaître intuitive (la ratio par opposition à l'intellectus chez saint Thomas, ou la raison par opposition au coeur chez Pascal); 2. la faculté de bien juger (comme chez Descartes) ou l'entendement qui « s'appelle raison en tant qu'il dirige au vrai et au bien », selon Bossuet. En ce sens s'oppose classiquement à la folie et à la passion qui consiste à raisonner mal, contrairement aux lois logiques ; 3. la connaissance naturelle par opposition à la connaissance révélée, la lumière» naturelle par opposition aux lumières de la foi» ; 4. un système de principes a priori dont la vérité ne dépend pas de l'Expérience . En ce sens, les vérités de la raison se distinguent du témoignage des sens autant que des révélations de la foi, si bien que Pascal voyait là trois ordres distincts de connaissance; 5. dès lors, toute une tradition définira usuellement la raison comme l'esprit humain en tant qu'il porte en lui les notions innées lui permettant de comprendre le monde, définition critiquée par les empiristes, et transformée par Kant; 6. la raison est pour Kant la faculté supérieure qui ramène à l'unité les règles de l'entendement» comme celui-ci fait la synthèse des éléments sensibles. Connaissance a priori et connaissance par la raison sont une même chose, et se distinguent ici de la connaissance par l'entendement (contrairement au sens 2 qu'on trouve par ex. chez Descartes). Le nom de Raison est réservé à un degré supérieur de synthèse des connaissances : si l'Entendement est la faculté des règles, la Raison est la faculté des principes. Elle est théorique lorsqu'elle fonde la science (et concerne uniquement la connaissance); pratique lorsqu'elle est considérée comme contenant le principe a priori de l'action morale. En tant que principe d'explication, soit : 1. au sens théorique, ce qui rend compte d'un effet. Signifie alors plutôt raison d'être d'une chose à distinguer de sa cause simplement antécédente. Ainsi, se confond souvent avec la cause finale; 2. au sens normatif, le motif légitime d'un acte, sa justification (comme dans l'expression « non sans raison »). D'où : argument destiné à prouver qu'on a raison (« donner ses raisons »).
VALEUR (lat. valeur , être bien portant, valoir)
La valeur d'une chose, c'est son prix; celle d'une personne, sa dignité. On peut estimer le prix d'une chose selon son usage ou selon la quantité d'autres biens contre laquelle l'échanger ( échange), c.-à-d. selon une fin. En revanche, la personne, ne pouvant être considérée comme un moyen en vue d'une fin, n'a pas de prix. Sa valeur est inestimable car inaliénable, intrinsèque. Cette distinction entre valeur relative (celle des moyens utiles) et valeur absolue (celle des fins en soi) est constitutive de toute morale qui affirme l'universalité de ses valeurs. Nietzsche, au contraire, pense que l'homme est l'auteur de toute valeur : il n'y aurait donc pas de valeur en soi, mais simplement des valeur s relatives à nos intérêts, des valeur s utiles (le Bien, le vrai) que leurs créateurs ne prétendent Absolues que pour imposer leurs choix comme universels.
Gén. Tout ce dont on pose l'existence. Méta. Pour Kant, la « chose en soi » subsiste indépendamment du sujet qui se la représente. Ne pouvant être l'objet d'aucune Expérience , elle n'est pas un objet de connaissance. Mor. La chose s'oppose à la personne. Elle se définit comme un moyen, et la personne comme une fin. Ainsi, sa valeur est son prix : elle peut être possédée et échangée. La personne, au contraire, est inaliénable, n'a pas de prix mais une dignité.
NATUREL: Qui concerne la nature,se rapporte à elle ou lui est conforme. Ce qui est naturel s'oppose à ce qui est acquis.
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