Devoir de Philosophie

Est-ce un devoir d'être heureux ?

Publié le 22/02/2012

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Se demander si être heureux est un devoir, c'est s'interroger sur la nature de ce qui nous porte à chercher le bonheur, à supposer que nous le cherchions.                                             A priori , on aurait tendance à opposer le devoir , pensé comme contraignant ou , d'autre part, désintéressé , au bonheur , associer à l'idée de spontanéité égoïste . Pourtant, il semble bien que le bonheur fasse l'objet, tout au moins, d'un impératif social, et que le malheur fasse l'objet, lui, d'une négation : qu'on le cache, ou qu'on entende nous en soigner. Mais s'il semble absurde de se donner pour règle d'action d'être malheureux, est-ce pour autant un devoir que d'être heureux ?                                                                                              Car le devoir peut d'abord s'entendre dans ses multiples acceptations : quand je « dois » faire une chose, c'est qu'on m'en donne l'ordre (impératif social), que ma nature me le prescrit (nécessité naturelle), ou que ma faculté morale produit en moi un impératif (obligation morale). Mais il peut sembler paradoxal d'associer le bonheur, qui se définit comme un état de satisfaction durable, ou encore comme un accomplissement de notre nature, à un devoir.                                                                                                                             En effet, puis-je faire du bonheur un objet de ma volonté, dès lors qu'il est à la fois ce vers quoi nous tendons naturellement et ce qui est lié au hasard ? Avons-nous seulement le choix d'être heureux ? Et si le bonheur est réellement ce à quoi nous tendons naturellement, n'est-il pas superflu de se le donner comme devoir ? Enfin, en quoi la quête personnelle du bonheur aurait-elle une dimension morale ?                                                                                     Nous verrons, dans un premier temps, que le bonheur ne peut être l'objet d'une prescription morale en ce qu'il est un idéal de l'imagination et un mobile égoïste. Mais alors, peut-il faire l'objet d'une quête morale en tant que bonheur collectif ? Nous verrons enfin en quoi la quête personnelle du bonheur relève d'une exigence éthique.

« II- Être heureux est un devoir 1- Car la quête du bonheur n'est pas égoïste Tout d'abord, pourquoi rapporter le bonheur à un bonheur égoïste ? S'il peut être égoïste, le bonheur peut également être un bien partagé, commun, qui doit l'emporter sur nos égoïsmes.

C'est le principe fondateur del'utilitarisme : le seul critère valable de l'action morale est le bonheur, parce qu'il peut être collectif (il n'y a pasd'antagonisme entre le bonheur particulier et le bonheur collectif, dès lors qu'il réside en la poursuite de l'utile).

Lebonheur particulier doit de surcroît, s'il est bien compris, s'accorder au bonheur collectif, celui-ci pouvant exiger,selon le principe d'agression défini par l'utilitarisme, que l'on sacrifie le bonheur de quelques uns pour le bonheur detous.

2-Car la quête du bonheur est universelle Par conséquent, le caractère égoïste du bonheur, qui empêche de l'inscrire dans une quête morale, se trouve ici remis en cause par l'universalité de la quête du bonheur.

« Agis toujours de manière à ce qu'il en résulte laplus grande quantité de bonheur » (principe du bonheur maximum) : la formule utilitariste entend valoiruniversellement.

Nos vies étant régies par la recherche du plaisir et de l'évitement de la souffrance, la quête dubonheur s'impose naturellement à nous comme une règle d'action valable universellement.

Elle est par conséquent denature morale : maximiser le bien être n'est pas seulement une recommandation, mais bien un devoir.

Mais en quoi la quête du bonheur serait-elle d'essencemorale, ou, comme le démontre Kant, immorale ? Dans les deux cas, il semble que ce qui prévale soit l'impératifmoral, qu'il implique ou exclu le bonheur.

Or, le bonheur ne doit-il pas faire avant tout l'objet d'une exigencepersonnelle ? Si le bonheur correspond à un état de plénitude lié à la réalisation de notre nature, être heureux estune exigence de notre nature.

III-Être heureux est mon seul devoir 1- Car la poursuite du bonheur n'est pas une quête égoïste , et la vertu n'est pas contraignante Car pourquoi la quête personnelle du bonheur serait-elle égoïste ? Dans l'éthique, Spinoza expliquecomment, puisque la vertu est le fait de se conformer à ce que veut notre nature, et que « la Raison ne demanderien contre la Nature », alors la raison ne peut produire d'impératifs contraignants ou pénibles, qui seraient contrenature et, en tant que tels, douloureux.

En effet, notre nature nous pousse avant tout à chercher ce qui nous estutile en vue de conserver et d'accroître notre puissance d'agir : elle nous porte ainsi à entrer en relation avecautrui, afin d'additionner sa puissance à la notre.

La recherche de notre utile propre coïncide donc avec larecherche de ce qui est utile aux autres.

Par conséquent, être vertueux (être juste, honnête, charitable…) n'est pascontraignant pour nous, mais nécessaire pour réaliser notre bonheur.

La quête du bonheur n'est pas une quêteégoïste, puisqu'elle implique les autres et leur propre bonheur.

Le devoir et le bonheur, loin d'être exclusifs l'un del'autre, s'impliquent donc mutuellement, à condition de concevoir le devoir comme ce que me demande ma raison. 2- Car nous sommes faits pour être heureux J'ai ainsi le devoir d'être heureux dans la mesure où c'est là ce à quoi je tends naturellement, sans que lebonheur me soit pourtant donné immédiatement.

C'est ce qu'implique la définition Epicurienne dubonheur comme absence de troubles du corps et de l'âme, c'est-à-dire comme ataraxie.

Le bonheur est donc toutà fait susceptible d'être définit et, par là, d'être érigé en principe d'action.

Il est le « souverain bien », c'est-à-direla nécessité qui ne peut être ignorée qu'au risque de s'aliéner, autrement dit de devenir autre que ce pour quoi noussommes faits.

Par ailleurs, que je puisse choisir d'être heureux, que je dispose des moyens d'attendre le bonheur,c'est ce qu'affirme Epicure, en proposant dans la Lettre à Ménécée une méthode du bonheur.

Si le bonheurs'apprend , c'est qu'il repose d'abord sur un effort de connaissance, qui vise à nous mettre en accord avec notrenature.

La nécessité de philosopher correspond ainsi à la nécessité d'avoir une vie heureuse.

L'homme malheureuxest donc celui qui, par ignorance et par négligence perd le soucis de lui-même. Conclusion En définitive, être heureux ne peut être l'objet ni d'une obligation morale ni d'un impératif social.

Pourtant,être heureux est bien un devoir, si j'entends par devoir le soucis de me conformer à ma propre nature.

Mais cedevoir, alors, ne relève pas tant d'une règle d'action morale que d'une exigence éthique.

Et somme, être heureux estce que je dois exiger de moi : c'est là mon seul devoir.. »

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