Devoir de Philosophie

Est-ce un devoir que d'être heureux ?

Publié le 05/02/2012

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Etre heureux est la fin ultime de tous les hommes, c'est trouver le chemin du bonheur et le parcourir le plus loin possible, le plus longtemps possible. Toutefois cet état de satisfaction complète n'est pas facilement atteint : de nombreux obstacles, ici la réalité de la vie quotidienne, vont obstruer notre chemin vers le bonheur et il faudrait alors effectuer des choix. Le bonheur est un but idéalisée que nous espérons a tout prix atteindre. Mais cette poursuite du bonheur, cette quête même du plaisir dans le but de satisfaire son bien-être, constitue un ensemble d'actions essentiellement égoïstes. Contrairement, le devoir est une action qu'on doit volontairement ou non accomplir, qu'elles que soient les conséquences sur notre bien-être. Il insinue une obligation contraignante, un impératif. C'est notre responsabilité de l'effectuer même si souvent, le devoir n'est pas directement dans nos propres intérêts et n'apporte pas forcément le plaisir. Ces deux notions obéissent donc à première vue à des logiques contraires. Ainsi, nous pouvons nous poser la question si le bonheur est une fin à laquelle l'homme doit absolument parvenir, devenant alors un devoir qu'on doit accomplir au détriment d'autres obligations. Nous verrons d'abord que le bonheur est un instinct naturel qu'il serait normal de suivre. Toutefois, nous apercevrons la vertu comme obstacle qu'il faut particulièrement prendre en compte dans notre obtention du bonheur. Ainsi, nous envisagerons dans une dernière partie la compatibilité de ces deux notions.

« cette impuissance sous prétexte d'une conduite plus morale.

Au contraire, la vertu consisterait a se conformer a l'ordre de lanature et c'est notre devoir de satisfaire a tout prix tous nos désirs.

Ainsi le bonheur serait dicté par des impulsions naturelleset non pas par des impulsions sociales, c'est-a-dire qui se conforme aux mœurs sociales.Le désir est dans la nature humaine, on veut tous l'obtenir sans exception, et c'est ainsi notre devoir d'y accéder.

On peutmême aller jusqu'à dire que le désir, l'envie et la passion sont ce qui définissent l'homme, son essence-même, ce qui ledistinguent ; et si on ne les poursuit pas, alors on est infidèle a nous même et on va contre notre propre nature.

Le désir estdonc au sommet de la hiérarchie des valeurs, c'est lui qui dirige, qui dirige même la raison et le courage, alors réduits à desinstruments.

Il faut alors continuellement désirer pour être vivant, car sinon notre vie ne vaut pas la peine d'être vécue, onpourrait pour autant être mort, un être inanimé qui ne fait simplement exister tel une roche.

Or une fois ce « besoin naturel » satisfait, serons-nous réellement heureux, longuement et pleinement ? Existerait-ilun moment où nous aurons vraiment comblé tous nos désirs ? Le bonheur n'est qu'un idéal, un rêve suprême et parfait : il yaurait toujours des obstacles qu'il faudrait contourner afin d'apercevoir le bonheur.

Ces obstacles peuvent être de nouveauxdésirs qui ne nous permettraient donc pas de profiter des désirs précédents.

Nous ne pourrons alors jamais arriver à lasatisfaction complète puisque nous serons perpétuellement habité par un autre désir ; c'est le caractère insatiable du désir.Ceci pourrait être illustré par l'allégorie des tonneaux percés que Hadès est condamné à remplir, mais qui n'y parviendrajamais.

Si vivre c'est continuellement désirer comme l'énonce Calliclès, alors nous ne serons jamais véritablement heureux.Notre vie serait une lutte continuelle vers un bonheur qui ne fait que s'éloigner tel l'horizon de la mer, ce que démontreSocrate dans le teste de Platon.De plus il n'est pas toujours évident d'obtenir ce qu'on désire puisque les ressources sont rares et limitées.

Ainsi, afind'assouvir toutes nos envies, il faudrait disposer des moyens suffisants pour les exécuter : financiers d'abord, ou juridiques,c'est-a-dire détenir d'un certain pouvoir pour être capable de se comporter à sa guise sans être condamné par la société.

Lebonheur devient alors aristocratique puisqu'il ne toucherait qu'une petit partie de la population pouvant se permettre defaire ce qu'elle veut : seuls les tyrans pourront avoir un aperçu de ce bonheur.

Cette hypothèse possèdent alors des limites,puisque continuellement désirer signifie ne jamais être satisfait et donc jamais atteindre le bonheur, surtout si en plus cettepossibilité de bonheur ne peut que théoriquement toucher une portion minoritaire de la population.

Pourtant, l'Homme n'est pas uniquement définis comme un être sensible, il est également doté d'une consciencemorale qui fait de lui un être intelligible.

Ainsi, cette clarté de conscience vient s'ajouter dans le calcul de notre bonheur, etêtre heureux ne se résume plus seulement à la satisfaction de nos désirs mais également de notre vertu.

Par suite, nous pouvons envisager la théorie que notre devoir ne serait pas d'être heureux, mais d'être vertueux.

Il faudraitd'abord accomplir son devoir moral par-dessus tout, réduisant le désir au strict besoin nécessaire pour mener une vie ouseule la raison domine.Les conduites des hommes peuvent soit être dictées par leur corps, leur sensibilité, et donc le plaisir qui est relative achacun, soit par leur ame, ayant alors recours a la raison qui est universelle.

Or si on dépendait qu'uniquement du plaisir,chacun agirait à sa guise et aucune action ne serait vraiment considérée comme bonne ou male puisqu'il n'y aurait pas demorale universelle.

Ce serait alors le règne du caprice, et le monde serait un chaos absolu.

Kant propose alors, dans son livreFondements de la Métaphysique des Mœurs, de définir le concept moral en se limitant strictement à la raison, qui seraitle seul chemin sûr vers le bonheur.

Tout autre chemin est incertain puisque la vie est imprévisible et nous ne sommes pasomniscients.

Ainsi, il ne faudrait pas se baser sur les opinions communes qui assurent que la richesse mène à une vieheureuse par exemple, puisqu'il existe toujours des exceptions à la règle, des « pièges » qui détournerait notre regard dubonheur.

Quant à la prudence, elle est insuffisante car elle est d'autant juste que la réalité se conforme à nos désirs.

Cela estrarement le cas, et il faut alors impérativement se remettre aux commandements de la raison si on veut assurer notrebonheur.

Car ce qui est recherché, c'est une valeur morale qui puisse nous permettre de faire la distinction, qu'elles quesoient les circonstances et les conditions de vie, entre le bien et le mal.

Contrairement aux conseils de la prudence, cescommandements absolus ont alors une validité universelle.

C'est ce qu'affirme également Sénèque dans De la vie heureuse,écrit vers 58 après J.-C.

« Ainsi naîtra cette raison certaine, qui n'admet ni contrariété, ni hésitation, dans ses jugements etdans ses conceptions, […] pour elle, point d'accident inopiné; au contraire, toutes ses actions viendront à bien, avecaisance et promptitude, […] le souverain bien est l'harmonie de l'âme.

En effet, les vertus seront nécessairement là oùsera l'accord, où sera l'unité; la discorda1nce est pour les vices.

» (Chapitre VIIIIl).

La raison est donc l'instrument uniquemenant inéluctablement à la vertu et celle-ci ne peut se tromper.

A partir de cette raison, Kant propose une éthiquerigoureuse qui vise « la plus haute perfection morale […] laquelle doit être stricte et exacte », ce qu'il argumente dansLeçons d'éthique.En outre, selon Kant il faut se rendre digne du bonheur qui se mérite seulement par la vertu.

Il va même au-delà en disantque tout act doit être accompli dans le but unique de faire son devoir et non dans la quête d'une satisfaction propre quipourrait contribuer a ce bonheur.

John Stuart Mill le soutient en affirmant « Le bonheur n'est pas un but qu'on poursuitâprement, c'est une fleur que l'on cueille sur la route du devoir.

» Il faut ainsi cesser de chercher le bonheur par calcul etuniquement chercher à bien agir par bonne volonté puisque ce qui moralement importe ne sont pas les conséquences de nosactes mais la qualité de l'intention qui les préside.

Pour cela, un chirurgien qui tue son patient en l'opérant ne pourrait êtrejugé coupable puisqu'il n'avait qu'une bonne intention, celle-ci étant de sauver cet individu.

« L'homme vertueux est honnêtepar honnêteté et non par intérêt ou par crainte.»[1] Accomplir son devoir moral c'est donc vouloir l'accomplir pour des raisonsindépendantes de notre propre bonheur, bien que parfois ils puissent le mettre en péril.

Ainsi, pour Kant devoir et bonheur. »

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