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Est-il de l'essence de la vérité d'être impuissante ?

Publié le 02/10/2012

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            Il est un paradoxe : alors que la tradition philosophique assigne à la vérité une puissance, on suggère ici d'emblée que la vérité est im-puissante. On connaît la célèbre formule socratique : « Nul n'est méchant volontairement «. Socrate entendait dire que la vision de la vérité contraint de la mettre à l'œuvre. Voir la vérité, c'est nécessairement la suivre. Pourtant Platon, le disciple de Socrate, ne manque pas d'apporter des nuances au propos du maître. Dans l'allégorie de la caverne (République, L. VII), le philosophe, après avoir contemplé le vrai, revient au fond de la caverne, les yeux gâtés. Les hommes, victimes de l'apparence, se raillent du penseur. C'est dire que la vérité n'a pas en elle-même un pouvoir absolu. La vérité n'est-elle pas une simple référence, une limite inapte à produire l'efficacité reconnue ?

« Qu’en est-il alors de la fondation du vrai ? Descartes peut nous étonner quant il affirme, d'un côté, que le vrai ne peut être le fruit du hasard et, d'un autre côté, nous rappeler, dans le Discours de la Méthode, qu'il a trouvé sa méthode par hasard.

D'où la nécessité de fonder le vrai par les trois modalités du doute : doute sceptique, savant et hyperbolique .

Il distingue l' indubité relevant de l'ordre de la persuasion (persuasio) de l'indubitable appartenant à la science (scientia).

Dans la lettre à Régus du 24 m ai 1640, il déclare que la « science est la persuasion qui vient d'une raison si forte qu'aucune si forte ne puisse l'ébranler.

Mais ceux qui ignorent Dieu n'en ont jamais de telle » .

Qua nd l'é vidence est présente à l'esprit sa force est telle que je ne peux refuser de lui accorder mon assentiment.

Si je ne suis pas sous le joug de l'évidence, le doute réapparaît.

La persuasion est précaire q uand je ne sais pas que Dieu existe.

Il est donc nécessaire de démontrer qu'il existe pour parvenir à la vérité.

« Un athée ne peut être géomètre » dit-il dans les Secondes réponses .

Un athée peut avoir des évidences mais il ne parvient pas à la science, car la persuasi on est sans fondement, sans gara ntie.

La science ne s'obtient que dans le passage de l' indubité à l'indubitable.

C’est là l a réponse de Descartes au problème spinoziste du « cercle de Descartes » qui s’enfoncerait dans une régr ession à l’infini du doute.

Or i l n'y a pas cercle, mais cohérence.

Descartes ne prétend pas fonder le vrai c ar sa méthode veut fonder une démarche fondée sur elle -même.

Il doute de tout , y compris de douter, sauf de l'instrument du doute, c ’est -à -dire de la raison sinon on n'a plus de faculté en qui avoir confiance.

On ne peut donc fonder le vrai pui sque douter des instruments du doute revient à ne plus pouvoir douter.

Le vrai est donc impuissant à rendre raison de lui -même.

Mais alors l e vrai est-il impuissant à s'imposer lui -même ? Dans la lettre du 15 avril 1630 à Mersenne, il dit avoir trouver une m éthode plus évidente qu'en géomé trie : le vrai s'impose.

Par la suite, dans la VIe R éponse aux Méditations métaphysiques , il distingue l’assentiment de la persuasion ( assentio/persuasio) : l'ordre des raisons propose un enchaînement des évidences qui impose à mon esprit de donner son assentiment.

Mais celui -ci n'est pas l'adhésion car l'habitude de croire n'a pas été détruite.

L'habitude de croire inscrit dans l'esprit des préjugés qui interdisent une vraie persuasion.

Il y a donc une impuissance du vr ai pour un esprit occupé par des opinions.

C'est pourquoi l’hypothèse du « malin génie » ne répond à aucune raison théorique , mais il tient à la nature de l'esprit d'avoir dè s la naissance des mauvaises habitudes.

Il ne s'agit donc plus ici de douter mais de nier.

On doute des vérités mais on nie les préjugés.

Le vrai ne s'impose que s'il y a un traitement de négation des préjugés.. »

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