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Est-il plus facile de connaître autrui que de se connaître soi-même ?

Publié le 15/01/2013

Extrait du document

l’analyste, elle resterait extérieure au patient lui-même. Ainsi la connaissance que celui-ci peut avoir de

lui-même, parce que le sens de son intimité lui échappe, n’est possible que s’il accepte le dévoilement de

cette intimité auprès d’un autre qui, sans y accéder directement, détient du moins la clé pour en traduire

les manifestations. Le sociologue a-t-il un point de vue plus pertinent ? C’est dans le même ordre d’idées

que la sociologie nous renseigne également sur la difficulté de se connaître soi-même. Partant de

l’illusion que nous sommes tous des individus autonomes et pleinement responsables de nos choix, nous

n’avons pas conscience de ce

que Bourdieu appelle les « habitus «. Parce que nous sommes immergés dans une « manière particulière

d’être ou de faire «, nous croyons être le maître de celle-ci, alors qu’elle est « nécessitée sans être pour

autant nécessaire «. En d’autres termes, si mon comportement n’est pas « nécessaire « au sens où il

serait mécanique, il est tout de même « nécessité « parce qu’il est le résultat de « conditionnements

« pensant mon acte par rapport à sa liberté, il ne peut le penser en connaissant ma liberté, et ne peut prétendre connaître de moi qu’une image.

Plus généralement, ce qu’on désigne du nom de « jardin secret » renvoie à une problématique similaire : les pensées et les sentiments qu’on ne divulgue à personne, les actes que l’on n’accomplit que quand on sait que nul ne peut en être témoin.

Objections : Sur les thèmes de la « durée » et de l’ « intériorité » Pour autant, il semble que deux objections importantes peuvent être faites sur les deux arguments qui précèdent.

D’abord, on peut remarquer que le sentiment de soi dans la durée, s’il est essentiel pour se penser comme « personne », ne laisse pas de troubler quand on prend la mesure des changements intervenus entre deux époques relativement lointaines.

On peut avoir du mal à se reconnaître dans la personne qu’on a été dix ans auparavant, à assumer les goûts qu’on avait alors, les choix qu’on a pu faire, les opinions qui étaient les nôtres.

Ce qui veut dire que si la durée est essentielle pour avoir conscience de soi, elle peut également avoir un impact néfaste en ceci qu’elle dilue la conscience des changements progressifs et imperceptibles au jour le jour, au point qu’on peut avoir le sentiment d’être devant quelqu’un d’autre quand on se rappelle ce qu’on a été plusieurs années auparavant.

Ensuite, il faut noter que si mon intériorité m’apparaît comme un domaine réservé, notamment parce qu’autrui ne peut jamais savoir vraiment quelle intention préside à mon acte, cela suppose que cette même intention me soit à moi- même parfaitement consciente.

Autrement dit, la prétention de se connaître soi-même sur la base de cette intimité qu’on a avec soi ne peut être légitime que si l’on est dans une relation de parfaite transparence à soi dans ses actes, mais aussi dans ses sentiments ou dans ses pensées.

Or, pour s’en assurer, il convient désormais de prendre la mesure de ce qu’on peut savoir sur autrui, alors même que précisément on n’a pas plus accès à son intériorité qu’il n’a accès à la nôtre.

Si l’on ne connaît directement de l’autre que ce qui en est visible, son aspect extérieur et ses actes, il n’en reste pas moins que lorsque nous disons avoir le sentiment de le connaître nous prétendons être capable de décrire sa personnalité, ses goûts, sa pensée, c’est-à-dire ce qui paraît relever essentiellement de son intériorité.

D’où un premier enseignement que l’on doit tirer, à savoir que le comportement et l’extériorité de l’autre m’apparaissent révélateurs de son intériorité.

Ou du moins, bien que je ne sois pas en permanence en contact avec lui, il m’est possible de dégager des constantes dans ses actes et dans ses paroles, et d’avoir ainsi la représentation d’une certaine personnalité.

Le regard que je porte sur autrui présente même l’avantage de n’être qu’intermittent, ce qui me permet, dans le constat des changements que je peux repérer chez lui, de voir avec plus d’acuité que lui -même l’évolution de sa personnalité.

C’est notamment ce dont on fait l’expérience dans la relation d’amitié.

Audelà du fait que l’amitié consiste en une « bienveillance mutuelle », selon l’expression d’Aristote, elle repose sur une confiance qui autorise une sincérité avec l’autre qu’on n’aurait peut -être pas envers une personne dont on est amoureux et avec laquelle on vit dans une proximité à la fois physique et morale et 2e partie : Le lien établi entre les thèmes de l’amitié et de la confidence permet de dépasser la certitude que l’on a de se connaître soi-même Cned – 7PH00CTPA0609 2/4 surtout permanente.

A ce titre, la confidence est certainement plus facile en direction d’un ami, parce qu’elle n’engage pas des conséquences immédiates dans une vie à deux fondée sur un certain nombre d’habitudes et de rôles qu’on accepte de jouer dans une relation amoureuse.

Aussi la confidence révèle- t-elle un besoin, celui de partager avec quelqu’un en qui on a pleine confiance, une partie au moins de. »

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