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Est-il raisonnable d'avoir peur du progrès technique ?

Publié le 06/09/2005

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technique

On a peur du progrès technique. Car on considère que les avancées de la technique conduisent à une destruction de la nature mais aussi à une transformation des rapports humains. La technique détruit la nature mais elle déshumanise également les rapports humains. Il y aurait donc un danger de la technique. Pourtant, il s’agirait de se demander si cette peur est vraiment raisonnable ? En effet, la technique n’est-elle pas ce qui permet de régler également de nombreux problèmes ? N’est-elle pas le remède à nombre de nos maux ? Cette peur ne relève-t-elle pas d’une ignorance ou d’une forme de nostalgie passéiste ? Est-ce de la technique dont il faut vraiment avoir peur ou de son mauvais usage ? Un usage de la raison ne doit-il pas nous conduire à dépasser cette peur du progrès technique ?

• raisonnable : ici, ce mot signifie sage, prudent (cf. les sujets sur la notion même de raison). • avoir peur : craindre, redouter. La peur est un phénomène psychologique à caractère affectif, qui accompagne la prise de conscience d'un danger réel ou imaginé, d'une menace (Le Robert). • progrès technique : le développement des savoir-faire appliqués scientifiquement, les conséquences pratiques de la connaissance scientifique théorique.

  • I.    La fascination originelle à l'égard des progrès techniques : une source d'aveuglement.

            A. Une ère de confiance aveugle dans les progrès techniques.

            B. Avancée technique: avancée éthique ?

  • II. La science contre l'Homme : une rationalisation nécessaire des progrès techniques

            A. Les dérives des avancées techniques contre l'espèce humaine.

            B. La nécessité d'un éveil permanent contre ces dérives.

 

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« C'est dans la phase initiale de sa pensée que Marx écrit : « Ce qui est animaldevient humain, ce qui est humain devient animal ».Ce qui est humain, c'est le travail.

Or, dans les « Manuscrits de 1844 »,encore marqués par l'influence de Hegel, si le travail est principiellementformateur, sa forme contemporaine (le travail à la chaîne) devient aliénante,abêtissante, inhumaine.

En clair, le travail de vient animal.Les « Manuscrits » appartiennent à la phase initiale de la pensée du jeuneMarx.

Notre auteur n'y est pas encore en possession des principalescatégories de sa pensée.

Le matérialisme historique n'est pas parvenu à laformulation qu'il acquerra dans la maturité.

D'une part, Marx s'y montre plusproche d'une réflexion proprement politique, qui passera ensuite au secondplan (ou se verra réélaborée après les analyses économiques du « Capital »).D'autre part, Marx y est encore tributaire d'une lecture essentialiste, moinshistorienne que par la suite.

C'est ainsi qu'il prétend définir une essence dutravail qui se voit pervertie par les formes modernes de production.Marx est alors très marqué par un passage de la « Phénoménologie de l'esprit» de Hegel, la dialectique du maître & de l'esclave.

Dans ce mouvement, quifait suite à l'épisode de la lutte à mort pour la reconnaissance, Hegel montreque la libération véritable de l'humanité ne vient pas du maître, qui ne domineque symboliquement le monde, mais de l'esclave.

C'est par la disciplinequ'impose le travail que l'homme s'éduque et domine, réellement cette fois, lamatière. Si le travail, qui est humain, devient animal, c'est tout d'abord que seul l ‘homme, au sens propre, travaille.

Certes,certains animaux « fabriquent » ; castors, abeilles « construisent ».

Mais cette activité est instinctive, la règle deconstruction est, si l'on veut, donnée par la nature.

Le travail spécifiquement humain est tout autre.

Comme le ditMarx dans le « Capital » :« Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la celluledans sa tête avant de la construire dans la ruche .

» La perfection de la ruche n'est que la contrepartie d'une activité instinctive, « machinale », non pensée, non voulue.Le travail spécifiquement humain n'émerge que lorsque est en jeu la totalité de nos capacités.

Il faut imaginer etconcevoir ce que l'on va produire.

L'existence de l'objet est tout d'abord idéelle, c'est un projet, une anticipation,quelque chose qui vient bien de l'homme et non de l'instinct, cad de la nature.

A partir de ce projet, il faut aussi lavolonté effective de fabriquer, de manière ordonnée, planifiée, rigoureuse.

Enfin il faut mettre en branle unehabileté, une force, un talent physique.Dans le moindre objet fabriqué est donc investie la totalité de nos capacités (imagination, conception, déduction,volonté, habileté, force).

Cet investissement fait de l'objet fabriqué un objet humain, qui objective nos capacité, etcela confère de la valeur à l'objet et le rend respectable.

Si l'objet fabriqué –même mal- par le plus mauvais artisan,vaut mieux que la cellule la plus réussie de l'abeille la plus experte, c'est que, dans le premier, on contemple del'humain, l'activité humaine objectivée.

En ce sens, le travail est humain, et même uniquement humain.Il s'ensuit deux choses.

D'abord, par le travail l'homme s'éduque, se forme, s'humanise.

Que le travail soit pénible,astreignant, fastidieux, n'y change rien.

Face à l'étymologie du terme « travail » (« tripalium » = instrument detorture) ou de la malédiction biblique (« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »), les modernes, et surtoutHegel puis Marx, rétorquent que c'est par le travail que l'homme se fait homme, passe d'une activité instinctive àune activité pensée, d'une spontanéité animale à une discipline rationnelle.Mais ce premier point est corrélatif du second.

Le travail humain requiert la discipline et la mise en oeuvre de toutesnos capacités intellectuelles & physiques.

On ne sépare pas ici la conception du travail de son exécution ; l'esprit seforme en même temps que le corps.

Il faudrait ajouter que cette forme d'activité n'est pas séparable de formes desocialisation, du développement du rapport à autrui.

Enfin, et il faut insister sur ce point, l'homme peut être fier deson travail dans la mesure où il est bien le sien, cad un objet produit par ses qualités et qui en quelque sorte lesobjective.A ce que le premier Marx décrit comme une sorte « d'essence » du travail (terme qu'il reniera ensuite, en affinant saconception de l'histoire, de la technique et des rapports de production), il faut alors opposer les formes modernes deproduction.Pour comprendre ce que dit Marx, il faut se souvenir que les débuts du capitalisme ont été sauvages ; qu'unthéoricien comme Smith écrivait calmement :« Dans les progrès que fait la division du travail, l'occupation de la majeure partie de ceux qui vivent de ce travail,cad de la masse du peuple, se borne à un très petit nombre d'opérations simples [...] Or l'intelligence des hommesse borne nécessairement par leurs occupation ordinaires.

Un homme qui passe toute sa vie à faire un petit nombred'opérations simples [...] n'a pas lieu de développer son intelligence, ni d'exercer son imagination [...] et devientgénéralement aussi stupide et ignorant qu'il soit possible à une création humaine de la devenir.

» (« La richesse desnations », 1776)Les formes modernes de travail consistent (si l'on s'en réfère à Taylor et à Ford) à décomposer les opérationsnécessaires à la fabrication d'un objet & à attribuer chacune d'elles à un ouvrier.

Cette forme de division du travail,si elle favorise la production dans des proportions exponentielles, fait que d'une part la conception de l'objet et sonexécution sont deux tâches séparées, attribuées à des hommes bien distincts (ce qui suppose que certains ne sontplus que des exécutants purs & simples, travaillant avec des machines & à leur rythme), et que, d'autre part, l'objetn'est plus produit littéralement par personne.

Non seulement un homme ne produit plus un objet du début jusqu'à lafin, mais on ne peut plus parler de travail d'équipe dans la mesure où l'organisation du travail est imposée de. »

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