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Est-il toujours possible de faire la différence entre travail et divertissement ?

Publié le 17/01/2022

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travail

Le travail a pour origine latine le mot tripalium qui signifie instrument de torture en latin. Il désigne communément une activité, physique ou intellectuelle, que l'on s'impose dans un but normalement utilitaire ou qui nous est imposée. Le travail, selon Marx, aliène l'homme et le dépossède de son identité au profit de l'objet qu'il fabrique et dans lequel il ne se reconnaît plus. Ainsi il s'opposerait naturellement aux termes de loisirs, d'amusement, de moments de détente. Cependant, l'activité du travail n'est-elle de nature que négative? Ne dit-on pas de quelqu'un de passionné par son emploi qu'il est « heureux au travail «?

         Le travail s'avère être irréductible à la notion de jeu, il s'apparente plutôt à la souffrance voire la contrainte nécessaire à la satisfaction des besoins. Cependant le travail n'est-il pas une action intelligente de l'homme pour dominer la Nature également ? Le travail, premier moment annonçant l'oeuvre pour Arendt, n'occupe-t-il pas l'homme? Car se divertir annonce l'action  de s'occuper l'esprit par des loisirs mais aussi par n'importe quelle autre action. L'homme, être mortel, ne trouve-t-il pas dans le travail le moyen d'échapper à la mort en se divertissant d'elle dans le sens pascalien du terme ? Ainsi le travail, d'après Kant serait le moyen d'attribuer un sens à l'existence humaine et de lui conférer un sens, l'homme qui travaille évite une vie absurde et par-là même évite l'ennui.

Il faudra donc pour traiter ce sujet déterminer clairement la notion d'aliénation au travail, l'homme ne peut échapper à l'objet de son travail, il s'objectivise dans son travail et se fond dans cette activité. Cependant, le travail est une activité caractéristique de l'homme, il est le seul à travailler parmi tous les animaux, plus même il échappe à la mort par ce biais. En effet l'autre caractéristique de l'homme est la prise de conscience de cette mort annoncée. Puisque nous sommes conscients de cette fin, en travaillant n'y échappons nous pas d'une certaine façon en l'éludant de notre conscience. Travailler, c'est se dépasser, travailler c'est sortir de notre être, enfin travailler n'est ce pas une façon de nous divertir de notre mort? Si les loisirs sont là pour nous divertir de la contrainte du travail, le travail n'est-il pas un moyen de nous divertir de l'ennui? Il faudra donc distinguer le travail comme aliénation à l'objet, comme labeur opposé au divertissement procuré par les jeux et les loisirs et le travail comme échappatoire de l'ennui, comme divertissement de la mort.

L'ennui est hautement insupportable à l'homme, parce qu'alors, l'absence de tout désir fait place à la considération de soi-même et à la conscience de sa vanité. Dès lors, on comprend que tout homme cherche à se divertir, c'est-à-dire à se détourner de la pensée affligeante de sa misère. Nos désirs, pour autant qu'ils nous portent à croire que leur réalisation nous rendrait heureux, sont l'instrument majeur de cette stratégie. L'imagination, qui institue des biens comme désirables, en est l'auxiliaire indispensable. La vérité du désir n'est donc pas dans son objet mais dans l'agitation qu'il excite : « nous ne recherchons jamais les choses mais la recherche des choses « (773). Mais le divertissement n'est qu'un cache-misère. Préférable à l'accablement de l'ennui, il s'avère sur le fond tout aussi nuisible. Faire obstacle à la considération de sa misère, c'est se priver des moyens de la dépasser.

 

travail

« fécondité de la nature, dans la calme assurance que celui qui a bien travaillé à la sueur de son front continuera defaire partie de la nature dans ses enfants et dans les enfants de ses enfants.

[...] La joie de vivre, qui est celle dutravail, ne se trouvera jamais dans l'oeuvre : elle ne saurait se confondre avec le soulagement, la joieinévitablement brève, qui suivent l'accomplissement et accompagnent la réussite.

Le bonheur du travail, c'est quel'effort et sa récompense se suivent d'aussi près que la production et la consommation des moyens de subsistance,de sorte que le bonheur accompagne le processus tout comme le plaisir accompagne le fonctionnement d'un corpsen bonne santé.

Le « bonheur du plus grand nombre » dans lequel nous généralisons et vulgarisons la félicité dont lavie terrestre a toujours joui, a conceptualisé en « idéal » la réalité fondamentale de l'humanité travailleuse.

Le droitde poursuivre le bonheur est, certes, aussi indéniable que le droit de vivre ; il lui est même identique.

Mais il n'a riende commun avec la chance qui est rare, ne dure pas et que l'on ne peut pas poursuivre, car la chance, la fortune,dépendent du hasard et de ce que le hasard donne et reprend, bien que la plupart des gens en « poursuivant lebonheur » courent après la fortune et se rendent malheureux même quand ils la rencontrent, parce qu'ils veulentconserver la chance et en jouir comme d'une abondance inépuisable de « biens ».

Il n'y a pas de bonheur durablehors du cycle prescrit des peines de l'épuisement et des plaisirs de la régénération, et tout ce qui déséquilibre cecycle - pauvreté, dénuement où la fatigue est suivie de misère au lieu de régénération, ou grande richesse etexistence oisive où l'ennui remplace la fatigue, où les meules de la nécessité, de la consommation et de la digestionécrasent à mort, impitoyables et stériles, le corps impuissant - ruine l'élémentaire bonheur qui vient de ce que l'onest en vie. MarxEn quoi consiste l'aliénation du travail ? D'abord, dans le fait que le travail est extérieur à l'ouvrier, c'est-à-dire qu'iln'appartient pas à son essence, que donc, dans son travail, celui-ci ne s'affirme pas, mais se nie, ne se sent pas àl'aise, mais malheureux ; il n'y déploie pas une libre activité physique et intellectuelle, mais mortifie son corps etruine son esprit.

En conséquence, l'ouvrier ne se sent lui-même qu'en dehors du travail et dans le travail il se sentextérieur à lui-même.

Il est à l'aise quand il ne travaille pas et, quand il travaille, il ne se sent pas à l'aise.

Sontravail n'est donc pas volontaire, mais contraint, c'est du travail forcé.

Il n'est donc pas la satisfaction d'un besoin,mais seulement un moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail.

Le caractère étranger du travail apparaîtnettement dans le fait que, dès qu'il n'existe pas de contrainte physique ou autre, le travail est fui comme la peste.Le travail extérieur à l'homme, dans lequel il se dépouille, est un travail de sacrifice de soi, de mortification.

Enfin lecaractère extérieur à l'ouvrier du travail apparaît dans le fait qu'il n'est pas son bien propre, mais celui d'un autre,qu'il ne lui appartient pas, que dans le travail l'ouvrier ne s'appartient pas lui-même, mais appartient à un autre.

[...]On en vient donc à ce résultat que l'homme (l'ouvrier) se sent agir librement seulement dans ses fonctions animales: manger, boire et procréer, ou encore, tout au plus, dans le choix de sa maison, de son habillement, etc.

; enrevanche, il se sent animal dans ses fonctions proprement humaines.

Ce qui est animal devient humain, et ce qui esthumain devient animal.

[...] Nous avons considéré l'acte d'aliénation de l'activité humaine pratique, le travail, sousdeux aspects : 1) le rapport de l'ouvrier au produit du travail en tant qu'objet étranger qui le tient sous sadomination.

[...] 2) le rapport entre le travail et l'acte de production à l'intérieur du travail. NietzscheDans les pays civilisés presque tous les hommes maintenant sont égaux en ceci qu'ils cherchent du travail en vue dusalaire ; pour eux tous, le travail est un moyen et non le but lui-même ; c'est pourquoi ils mettent peu de finesse auchoix du travail, pourvu qu'il procure un gain abondant.

Or il y a des hommes rares qui préfèrent périr plutôt que detravailler sans que le travail leur procure de la joie : ils sont minutieux et difficiles à satisfaire, ils ne se contententpas d'un gain abondant, lorsque le travail n'est pas lui-même le gain de tous les gains.

De cette espèce d'hommesrares font partie les artistes et les contemplatifs de toute espèce, mais aussi ces désoeuvrés qui consacrent leurvie à la chasse, aux voyages ou bien aux intrigues d'amour et aux aventures.

Tous ceux-là cherchent le travail et lapeine lorsqu'ils sont mêlés de plaisir, et le travail le plus difficile et le plus dur, si cela est nécessaire.

Mais autrementils sont d'une paresse décidée, quand même cette paresse devrait entraîner l'appauvrissement, le déshonneur, desdangers pour la santé et pour la vie.

Ils ne craignent pas pour autant l'ennui que le travail sans plaisir : il leur fautmême beaucoup d'ennui pour que leur propre travail puisse leur réussir.

Pour le penseur et pour tous les espritsinventifs l'ennui est ce désagréable calme plat de l'âme qui précède la course heureuse et les vents joyeux ; il leurfaut le supporter, en attendre l'effet à part eux : c'est cela précisément que les natures moindres n'arriventabsolument pas à obtenir d'elles-mêmes ! Chasser l'ennui de n'importe quelle façon est aussi vulgaire que travaillersans plaisir.

Les Asiatiques se distinguent peut-être en cela des Européens qu'ils sont capables d'un repos plus longet plus profond que ceux-ci [...]. PascalL'homme est si malheureux, qu'il s'ennuierait même sans aucune cause d'ennui, par l'état propre de sa complexion ;et il est si vain, qu'étant plein de mille causes essentielles d'ennui, la moindre chose, comme un billard et une ballequ'il pousse, suffisent pour le divertir.

[...] D'où vient que cet homme qui a perdu depuis peu de mois son fils unique,et qui, accablé de procès et de querelles, était ce matin si troublé, n'y pense plus maintenant ? Ne vous en étonnezpoint : il est tout occupé à voir par où passera ce sanglier que ses chiens poursuivent avec tant d'ardeur depuis sixheures.

Il n'en faut pas davantage.

L'homme, quelque plein de tristesse qu'il soit, si on peut gagner sur lui de le faireentrer en quelque divertissement, le voilà heureux pendant ce temps-là ; et l'homme, quelque heureux qu'il soit, s'iln'est diverti et occupé par quelque passion ou quelque amusement qui empêche l'ennui de se répandre, sera bientôtchagrin et malheureux.

Sans divertissement, il n'y a point de joie, avec le divertissement, il n'y a point de tristesse.. »

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