Devoir de Philosophie

Est-il vrai qu'il est parfois plus difficile de connaître son devoir que de faire son devoir ?

Publié le 26/03/2009

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I – Facilité du devoir et conscience réflexive du devoir

 

a) C’est sans doute avec Rousseau dans l’Emile ou de l’Education et plus exactement dans la Profession de foi du Vicaire savoyard avec la notion de conscience morale que l’on peut voir que faire son devoir est plus simple qu de le connaître...

 

II – Aucune action conforme au devoir n’a peut-être jamais été effectué

 

a) Comme le précise Kant dans la Fondation de la Métaphysique des Mœurs le devoir est un idéal de la raison pure et une valeur a priori...

 

III – Aporie & Dépassement du conflit

 

a) En effet, on peut se demander pourquoi il y a lieu d’opposer la connaissance de son devoir et la réalisation de son devoir...

« Transition : Ainsi est-il plus facile de faire son devoir que de le connaître.

Pourtant n'est-on pas ici face à une double difficulté ?En effet, ne confond-on pas conscience morale et devoir ? Mais surtout, peut-on encore parler de devoir s'il seréduit à un mécanisme inconscient ? Comment fonder une morale ? Plus simplement, pour faire son devoir ne faut-ilpas logiquement savoir ce qu'est son devoir ? II – Aucune action conforme au devoir n'a peut-être jamais été effectué a) Comme le précise Kant dans la Fondation de la Métaphysique des Mœurs le devoir est un idéal de la raison pure et une valeur a priori.

L'exigence du devoir est universelle et nécessaire et ne renvoie pas à une norme empirique nià un mécanisme inconscient qui supposerait une thèse théologique et ontologique c'est-à-dire que naturellementl'homme est bon.

Autrement dit, le devoir ne découle pas de l'empirie.

Fonder une morale sur les faits serait lacondamner.

Le devoir, loin d'être une réalité représente une norme de la raison, valable pour tous les êtresraisonnables.

En ce sens, le pur devoir commande catégoriquement et l'impératif catégorique est le seul purementmoral.

L'impératif moral n'exprime nullement la nécessité pratique d'une action comme moyen d'obtenir autre chose,mais commande inconditionnellement : « Fait ceci ».

Il rattache sans conditions la volonté à la loi.

La règle du devoirest catégorique : fais le devoir sans condition.

Il n'y a que l'impératif catégorique qui soit la loi de la moralité :« Tous les impératifs commandent ou hypothétiquement ou catégoriquement.

Les impératifs hypothétiquesreprésentent la nécessité pratique d'une action pratique d'une action possible, considérée comme moyen d'arriver àquelque autre chose que l'on veut (ou du moins qu'il est possible qu'on veuille).

L'impératifs catégorique serait celuiqui représenterait une action comme nécessaire pour elle-même, et sans rapport à un autre but, comme nécessaireobjectivement.

»b) Pourtant, connaissant le devoir, comme le remarque Kant , ce n'est pas gage de le faire.

En effet, dans la Fondation de la Métaphysique des Mœurs , peut-être n'y a-t-il jamais eu dans le monde un seul exemple d'acte moral réalisé par pur devoir.

Le spectacle de l'expérience humaine nous fait découvrir universellement le rôle et la place del'amour-propre, derrière nos actes les plus désintéressés et les plus vertueux en apparence : « Il suffit d'être unobservateur de sang-froid, qui ne prend pas immédiatement pour le bien même le vif désir de voir le bien réalisé,pour qu'à certains moments on doute que quelque véritable vertu se rencontre réellement dans le monde.

Et alors iln'y a rien pour nous préserver de la chute complète de nos idées du devoir, pour conserver dans l'âme un respectbien fondé de loi qui le prescrit, si ce n'est la claire conviction que, lors même qu'il n'y aurait jamais eu d'actions quifussent dérivées de ces sources pures, il ne s'agit néanmoins ici en aucune façon de savoir si ceci ou cela a lieu,mais que la raison commande par elle-même, et indépendamment de tous les faits donnés, ce qui doit avoir lieu.

»La réalisation du devoir suppose la sainteté et l'accomplissement du devoir par amour du devoir et l'homme n'est pascet être moral inconditionnel.

Son progrès moral vers la sainteté ne peut être qu'asymptotique.c) Dès lors, à travers la Fondation de la métaphysique des mœurs de Kant , il apparaît clair que la connaissance du devoir est plus simple que sa réalisation.

Et c'est déjà ce que l'on pouvoir avec Sénèque , La vie heureuse, XX, 1-6 « De ce qu'il est rare qu'un homme soit réellement et intégralement vertueux, faut-il conclure que le devoir est uneexigence utopique ? Non, le devoir est un idéal, mais qui, même lorsqu'il n'est pas totalement accompli, a néanmoinsdes effets sur la réalité et sur la conduite des hommes.

» En tant qu'idéal ou Idée de la raison chez Kant, le devoirest donc une norme, une idée régulatrice qui doit conduire notre action et notre entendement.

Transition : Ainsi le devoir n'est pas plus simple à faire qu'à connaître : c'est bien l'inverse que nous venons de voir.

Mais alorsnous face à une aporie dont il semble difficile de sortir tant les points de divergences sont profonds et abyssaux.Dès lors fait-il sans doute reprendre la question dans son ensemble et voir pourquoi cette aporie apparaît etcomment essayer de la dépasser.

III – Aporie & Dépassement du conflit a) En effet, on peut se demander pourquoi il y a lieu d'opposer la connaissance de son devoir et la réalisation deson devoir.

Et c'est sans doute dans cette circonstance qu'il faut bien voir comme le fond les utilitaristes qu l'intérêtest aussi un devoir et qu'il est par ailleurs le seul qui puisse rendre compte de cet que nous appelons devoir.

Eneffet, comme le remarque Bentham dans Déontologie , « Tout homme agit en vue de son propre intérêt » et c'est la la marque de son devoir : « On peut affirmer positivement qu'à moins de démontrer que telle action ou telle ligne deconduite est dans l'intérêt de l'homme, ce serait peine perdue que d'essayer de lui prouver que cette action, cetteligne de conduite sont dans son propre intérêt.

» En ce sens, en même temps que j'agis, je sais que j'agis dans monpropre intérêt et dès lors en fonction du devoir.

Il n'y a donc plus lieu de distinguer entre le devoir et laconnaissance du devoir : l'un ne pas sans l'autre.

Si entre une option A et une option B je choisis A c'est parcequ'elle maximisera pour moi le plus grand possible, c'est-à-dire qu'elle manifestement pour moi le plus grand intérêt.En ce sens, dès que j'agis, je reconnais mon intérêt et je fais donc mon devoir.b) Plus simplement comme le montre Mill dans l'Utilitarisme , l'utilité prend un caractère moral et social car la norme utilitariste n'est pas le propre bonheur de l'agent, ce qui serait alors un égoïsme et n'aurait rien de morale, mais lebonheur de tous.

Entre lui et les autres, l'agent doit être impartial.

Autrement dit, cela définit une norme d'équité etde justice qui correspond bien à une maxime morale c'est-à-dire : traite autrui comme toi-même.

Cela dit, bien quele bonheur soit un idéal imparfait, il n'est pas chimérique.

Le modèle de l'utilité n'est pas l'utopie d'une vie de délicesmais plutôt le moins de malheurs ou de douleurs possibles.

Le sacrifice du bonheur n'est donc pas un bien en lui-. »

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