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Est-on libre de ses opinions ?

Publié le 07/09/2005

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  III - Liberté et raison               L'opinion, nous l'avons dit, est reçue par la tradition, la coutume ou l'éducation. Nourrir une opinion est donc le contraire d'une activité libre, si l'on entend par-là une détermination par soi-même de sa faculté de penser. Cependant, de ce fait, l'opinion nous trompe et s'impose à nous avec la force d'une vérité qu'elle n'est pas. Or, comment sortir de l'illusion de l'opinion, de ce faux qui se donne pour vrai ?             Pour Platon, l'âme se divise en trois parties : la partie désirante, la partie irascible et la partie rationnelle. La première correspond à l'opinion, c'est-à-dire à cette apparence de savoir qui se trouve tiraillée en tous sens et prône des idées contraires : la Cité a-t-elle besoin de main d'oeuvre, les étrangers sont le bienvenu ; n'a-t-elle pas assez d'emplois, les étrangers sont éconduits. La seconde partie, dite irascible, est le soutien de la troisième partie, proprement rationnelle et destinée à guider l'âme en son ensemble.             Ainsi, pour Platon, la sortie de l'opinion se fait par l'ordonnancement des facultés au sein de l'âme : la partie rationnelle, aidée par la partie irascible, ordonne les désirs et les soumet à son gouvernement. L'âme n'est donc plus mue par le bas, c'est-à-dire influencée par les désirs inconstants qui l'asservissent, mais elle se tourne vers les Idées, seules source d'un savoir vrai et universel. Par la contemplation, l'âme a donc quitté la caverne, où elle se contentait de subir l'influence d'ombres projetées, pour se tourner vers la science et la libre connaissance.

Le problème de l’opinion est double : il renvoie à la fois au domaine politique et au domaine de la connaissance. En effet, l’opinion apparaît d’abord comme la pensée personnelle, qu’il nous est possible d’avoir et d’émettre au sujet de la vie politique ou sociale. En ce sens, avoir des opinions serait primordial pour l’exercice de la démocratie. Toutefois, notre sujet n’est pas « est-on libre d’avoir une opinion ? «, mais bien « est-on libre de ses opinions ? «

            Nous devons donc prêter attention à une formulation qui emploie le terme d’« opinion « au pluriel. Les opinions seraient alors ce qui s’impose au sujet comme l’expression d’un degré de connaissance minimal et irréfléchi : l’opinion. La question de la liberté n'est plus désormais celle de savoir si l’on peut, en matière de politique, nourrir des idées personnelles, mais celle de savoir si, en matière de connaissance, l’on peut éviter l’illusion de l’opinion.

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