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Est-on libre lorsqu'on est indifférent ?

Publié le 08/09/2005

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Cependant, même chez Descartes cela n'est pas évident, car il faut distinguer d'une part une indifférence négative, telle que décrite ci-dessus, et une indifférence positive, qui marque elle, au contraire, le caractère infini de la volonté et la capacité à choisir librement le bien ou le mal. Ainsi, si l'entendement incline la volonté, de sorte que l'indifférence au sens négatif témoigne du « plus bas degré de la liberté », la volonté peut en retour agir sur l'entendement lui-même, en lui proposant d'autres idées à considérer (lettre de Descartes à Mesland du 2 mai 1644, in Oeuvres, édition Vrin, Adam & Tannery (AT), vol. IV).   Dans la lettre à Mesland du 9 février 1645, il écrit ainsi : « Cette faculté positive, je n'ai pas nié qu'elle fût dans la volonté. Bien plus, j'estime qu'elle s'y trouve, non seulement dans ces actes où elle n'est poussée par aucune raison évidente d'un côté plutôt que de l'autre, mais aussi dans tous les autres ; à tel point que, lorsqu'une raison très évidente nous porte d'un côté, bien que, moralement parlant, nous ne puissions guère choisir le parti contraire, absolument parlant, néanmoins, nous le pouvons. Car il nous est toujours possible de retenir de poursuivre un bien clairement connu ou d'admettre une vérité évidente, pourvu que nous pensions que c'est un bien d'affirmer par là notre libre arbitre. »   - Il faut donc dire d'une part que l'indifférence constitue le « plus bas degré de la liberté » (indifférence négative en tant qu'état de la volonté qui n'incline pas plus d'un côté que de l'autre), et que d'autre part c'est dans l'indifférence (positive) que nous éprouvons notre liberté en tant que libre-arbitre, c'est-à-dire capacité de choisir le bien ou le mal, même en allant à l'encontre de ce que nous représentons comme bien ou mal par l'entendement (cf. aussi Principes de la philosophie, I, §41).   Conclusion   On pourra donc dire qu'être libre, c'est être indifférent en deux sens différents, incompatibles l'un avec l'autre. D'une part, en effet, l'indifférence signifiera la suspension de l'assentiment, epokhê, telle que pratiquée par les stoïciens ou les sceptiques.

Au sens vernaculaire du terme, « être indifférent « signifie soit n’éprouver ni affection ni répulsion pour un objet, au sens où l’on peut être indifférent à quelqu’un, soit n’avoir aucune préférence pour une alternative ou une autre d’un choix possible. On peut alors considérer comme étrange d’affirmer qu’être libre serait être indifférent, dans la mesure où l’on ne voit pas en quoi avoir des préférences, qu’elles soient rationnelles ou non, pour quelque chose contredirait la liberté.

 

Mais ne peut-on soutenir que les passions empêchent l’âme d’exercer librement ses décrets, l’assujettissant ainsi au corps ? Dès lors, être indifférent ne permettrait-il pas d’atteindre à cette « liberté du sage « définie par certains courants de la philosophie antique, tels que le stoïcisme ou le scepticisme, comme ataraxie (absence de troubles) ? Ou faut-il soutenir au contraire que l’indifférence ne marque pas tant un triomphe de la volonté sur le corps et les passions qu’elle « fait plutôt paraître un défaut dans la connaissance qu’une perfection dans la volonté «, comme l’affirme Descartes dans la IVe Méditation métaphysique ?

 

« Première partie : Le plus bas degré de la liberté. 1.1 Indifférence d'équilibre. Le premier sens de l'indifférence la comprend comme absence de détermination.

Il n'y a aucune raison qui motivel'homme agir, il se trouve alors dans un état d'équilibre ; autrement dit il n'est pas influencé de l'extérieur à choisirun parti plutôt qu'un autre.

En ce sens l'indifférence est liée à la liberté en tant qu'elles expriment toutes les deuxl'absence de contrainte.

« La perception du vrai ou du bien » fait référence au rôle de l'entendement pour lavolonté.

L'entendement est censé éclairer la volonté, la guider dans ses choix en lui montrant la voie à suivre.

Dansle cas de l'indifférence il y a défaillance de l'entendement, ou ignorance du but à choisir.

L'hésitation de la volontés'explique alors par la limitation de l'entendement humain. 1.2 La proportionnalité au sein de la liberté. Descartes a identifié la liberté d'indifférence au plus bas degré de liberté dans les Méditations métaphysiques, etplus précisément dans la quatrième méditation.

Il tendait à démontrer alors, son ouvrage précède cette lettre àMesland de quatre années, que nous étions d'autant plus libres que nous étions plus déterminés.

La liberté étaitproportionnelle à notre détermination.

L'indifférence comprise comme absence de détermination, se trouve au bas del'échelle.

En ce sens loin d'être le caractère essentiel de la liberté, l'indifférence en est bien plutôt l'état le plusfaible.

La liberté entendue comme puissance de se déterminer à agir de telle ou telle façon est irréductible àl'indifférence. Transition : Le premier sens de l'indifférence, que nous pouvons appeler indifférence négative, peut être identifiée à l'état d'hésitation ou d'équilibre d'un individu quand à celui-ci manquent des raisons d'agir.

Cependant cetteacception est-elle le seul sens de l'indifférence ? Deuxième partie : L'indifférence, une faculté positive ? 2.1 Un nouveau sens de l'indifférence. La deuxième acception de l'indifférence « la faculté positive de se déterminer pour l'un ou l'autre des deuxcontraires, c'est-à-dire de poursuivre ou de fuir, d'affirmer ou de nier » se trouve déjà dans la quatrième Méditationà l'endroit de la définition de la liberté ce qui atteste le rapprochement entre la liberté et l'indifférence.

Cettedeuxième acception comporte deux caractéristiques la faculté de juger « affirmer ou nier » et la faculté de désirer «poursuivre ou fuir ».

L'indifférence peut être dite positive en tant qu'il est question non pas d'absence dedétermination, mais de pouvoir de choisir entre des contraires. 2.2 La liberté est-elle inséparable de cette indifférence positive ? Il s'avère que cette indifférence positive est inhérente à la liberté.

Descartes ne distingue pas la liberté de lavolonté.

C'est pourquoi il est question de volonté dans le texte.

L'individu se trouve avoir le pouvoir de choisir entredes contraires dans tous les cas allant de la plus grande obscurité à la plus grande évidence. Transition : L'indifférence positive ou le pouvoir de choisir des contraires, pose le problème du refus de l'évidence. Qu'est-ce qui motive la liberté à refuser ce que lui dicte l'entendement ? Troisième partie : La disjonction entre l'entendement et la volonté. 3.1 La clarté de l'entendement ne suffit pas pour déterminer la volonté. L'entendement pourrait être le seul guide de la volonté et être la seule origine de sa détermination.

Or la volontépeut ne pas suivre l'évidence.

Son pouvoir inconditionné de choix s'exprime par la possibilité qui lui revient de suivrele pire tout en connaissant le meilleur.

Pourquoi l'homme choisirait-il de ne pas suivre l'évidence ? Est-ce la simpletransgression de ce que lui dicte l'entendement qui tente l'homme ? 3.2 Le Bien dans la manifestation de notre liberté. L'indifférence positive est le pouvoir de choix.

Ce pouvoir est le signe que la faculté de se déterminer acquiert del'indépendance par rapport à l'entendement.

L'individu ne refuse pas l'évidence pour le mal mais pour un autre bienrésidant dans l'expression de sa puissante liberté.

Le pouvoir de choix persiste même face à l'évidence. CONCLUSION La liberté d'indifférence est le plus souvent décriée.

Descartes lui-même dans les Méditations métaphysiques etencore ici dans cette Lettre à Mesland la réduit au plus bas degré de la liberté.

Mais elle n'est pas que cela, elle. »

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