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Est-on libre lorsqu'on obéit ?

Publié le 26/03/2005

Extrait du document

- Connais-toi toi-même Mais l'entreprise psychanalytique n'est pas la seule à assurer la synthèse de la liberté et de l'obéissance. Le « connais-toi toi-même » vise, lui aussi, l'autonomie par la compréhension de notre être. Socrate pensait, à juste titre, qu'une vie sans examen ne mérite pas d'être vécue. En effet, la réflexion sur notre conscience nous permet de saisir les lois de notre nature, de leur obéir et ainsi de les maîtriser. c. L'autonomie par l'acceptation « volontaire » d'autrui. La relation de dépendance à autrui, élucidée et comprise, s'intègre, elle aussi, dans un processus, sinon d'autonomie, tout au moins de consentement réfléchi. Même la relation « maître-esclave », la servitude volontaire, peuvent être les produits d'une décision délibérée, comprise et assumée. Ici encore, obéissance et liberté, loin d'être incompatibles, se réconcilient et s'unissent. En effet, la liberté sans limite à laquelle se trouverait confronté l'esclave libéré eut lui inspirer la crainte d'un destin aveugle.

« L'archaïsme des pulsions et des désirs s'affirme ainsi, contre le rêve du libre arbitre sans contraintes ni limites.

Undémenti est apporté alors à notre rêve de liberté illimitée. c.

Les contraintes issues d'autrui - La relation maître-esclave. Mais le mouvement vers autrui et la relation avec l'Autre sont, eux aussi, porteurs de lourdes contraintes.

En effet,Autrui est d'abord l'Autre, le différent.

Or, cet Autre - ce Moi qui n'est pas moi, selon l'expression de Sartre - mepénètre au plus intime de ma conscience et de ma vie, se faisant porteur de limites, formant souvent obstacle àmon lire arbitre.

La loi de la vie humaine, c'est le conflit, la lutte des consciences entre elles.

Quand deuxconsciences se rencontrent, elles tendent à s'affronter l'une l'autre.

Comme l'a montré Hegel, dans laPhénoménologie de l'Esprit, les relations humaines représentent une lutte à mort pour la reconnaissance de l'un parl'autre.

Ainsi la lutte du maître et de l'esclave, du dominant et du dominé, incarne cette dure contrainte où paraît sebriser mon libre arbitre solitaire.

La violence, physique ou psychologique, est la marque même de la relationdominant/dominé.- La relation d'amourLa rencontre avec autrui, c'est aussi l'amour.

Une certaine tendance de la sensibilité nous porte, en effet, vers lesêtres que nous pressentons ou ressentons comme bons.

Or l'amour peut constituer également une contrainte ouune limite pour la liberté idéale dans la mesure où nous cherchons à accaparer l'autre pour nous l'approprieraffectivement.

Tel est « l'amour possessif », qui forme obstacle à ma liberté spontanée.

Ici encore, je prendsconscience des limites de la liberté. d.

La contrainte des lois de la cité. La contrainte des lois civiles représente un nouvel obstacle les lois civiles, règles impératives formulées par l'autoritésouveraine d'une société, commandent pour tous.

En effet, elles sont, d'abord, l'expression de l'organisationnécessaire de la vie sociale à laquelle l'homme ne peut échapper.

Par conséquent, le citoyen qui obéit aux lois civilesvoit sa subjectivité humiliée et domptée.

Loin d'agir selon son bon plaisir, il se soumet à des lois qui rabaissent leprincipe de la subjectivité.

Dès lors, il semble qu'à ce niveau d'analyse également, l'obéissance aux lois réduisel'homme en esclavage.

L'ordre universel des lois civiles dompte l'homme et l'asservit.

Cet ordre universel s'appuie surla violence du pouvoir d'État qui s'exerce à travers différents corps d'administration.

Les lois de l'État représententainsi un pouvoir paraissant limiter nos libres penchants ; elles semblent, elles aussi, nous enchaîner et nous asservir,faire de nous des esclaves, des animaux domestiques.Dans la sphère civile et politique, la volonté générale, chère à Rousseau, volonté de tous faisant abstraction desintérêts particuliers, peut aussi représenter un danger et un obstacle, puisqu'alors l'individu n'existe plus vraiment.La liberté idéale tombe en poussière quand le citoyen obéit à une volonté où il ne se retrouve pas. e.

La loi morale. Enfin, il faut mentionner la loi morale qui, elle aussi, semble représenter une contrainte.

Il s'agit ici de la loi éthique,du commandement moral, du devoir.

C'est un impératif catégorique, une proposition ayant la forme d'uncommandement agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne uneloi universelle.

Il faut obéir à la loi du devoir.

Force est de reconnaître que cette loi humilie toute la partie sensiblede l'homme.

Cette obéissance dompte la présomption, les penchants, la sensibilité.

Mon libre arbitre souverain n'est-il pas nié par ce qui peut apparaître comme une contrainte ?Ainsi, la liberté idéale et le libre arbitre, si éloignés de toute obéissance et de toute limite, apparaissent finalementdes mythes face aux contraintes de la réalité concrète. 3.

Synthèse : L'autonomie Néanmoins, il semble difficile d'opposer de manière étroite et unilatérale la liberté de l'homme d'une part et, d'autrepart, l'univers des contraintes.

En vérité, il est possible à la fois d'être libre et d'obéir.

La vraie liberté, loin d'êtreune spontanéité irréfléchie, représente une libération progressive, c'est-à-dire un processus à partir d'uneconnaissance rationnelle.

C'est ce que nous allons tenter d'établir à travers l'étude des différents niveaux decontrainte étudiés précédemment. a.

L'autonomie par compréhension de l'ordre des choses et obéissance à cet ordre. Si les phénomènes s'enchaînent nécessairement, l'homme qui acquiesce à ces liaisons semble courbé, dira-t-on,sous un aveugle destin.

0r cette vision paraît naïve et unilatérale.

Elle confond le fatalisme, qui enchaîne l'homme,et le déterminisme qui, au contraire, la libère.

Par le travail et la technique l'homme peut, précisément, sanssupprimer la légalité de la nature, sans tenter de lever la contrainte de ses lois, se libérer par l'obéissance elle-même.

Hegel a fort bien analysé ce processus par lequel l'homme, sans jamais changer en son fond la contrainte deslois de la nature, peut ruser avec elle et, ainsi s'en rendre maître : C'est la ruse de l'homme : l'activité aveugle desforces naturelles dont on connaît les lois, est mobilisée au service de l'homme.

Celui-ci, connaissant les lois et leurobéissant, laisse la nature s'user à son profit.

La large face de la force est attaquée par la pointe fine del'intelligence humaine.

Par l'utilisation des lois naturelles, les hommes rusent.

Sans jamais éliminer cette légaliténaturelle, ils la canalisent à leur profit.

Ainsi, pour reprendre un exemple d'Alain, qui présente des idées fortsemblables, l'homme avance contre le vent par la force même du vent.

Il se libère par l'action, en dominant leschoses.

Par le travail et la technique, l'homme domestique la nature et construit sa liberté (se libère) ; il s'affranchit. »

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